De la carpe, du lapin et de la droite messine unie

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Il faut que je vous raconte quelque chose: accrochez-vous à votre siège, vous allez voir ça n’a strictement aucun intérêt. Hier soir, j’ai fait quelques recherches sur les membres les plus fameux de la fameuse liste de droite unie menée par Mme Zimmermann, car je suis toujours à la recherche de la différence profonde entre le PS et la droite. Puis la flemme m’a pris, et je me suis dit que la vie était trop courte pour ces conneries et que des rédacteurs plus compétents que moi en politique locale s’en chargeraient.

Or, en même temps que je compulsais les fiches des uns et des autres sur moult blogs politiques, je me torturais l’esprit sur un problème qui se pose de façon récurrente quand je rédige une chronique: trouver un titre. En deux ans et demi, à chaque nouveau papier, je colle d’une traite mon millier de mots, et à chaque fois l’espace au-dessus du corps de l’article affiche « saisissez le titre ici ». En sus de l’usage de l’impératif que je trouve fort cavalier, je ne sais quoi répondre, je tourne en rond dans les deux cents mètres carrés de la salle de réflexion de mon palace au point d’user les semelles de mes charentaises (car j’emploie de jeunes Angoumoisines à marcher pour moi tant je suis paresseux), je liquide un litre et demi de Chivas, je me sens impuissant et veule comme l’éjaculateur précoce qui attend fièvreusement que Natalie Portman frappe à son huis et oserais-je le dire, parfois je doute de mon génie (jamais bien longtemps, car je vais lire les dépêches de Lor’Actu pour me rassurer).

Et donc hier soir, je n’avais pas de titre, mais uniquement la certitude qu’il fallait éviter le cliché de l’union de la carpe et du lapin à propos de cette fameuse union de la droite messine. Hélas, le destin toujours cruel a voulu que le cliché arrive à grands pas, et comble de l’infamie, ça vient de chez nous, de chez notre Graoully bien-aimé, juste au-dessus du communiqué de M. Todeschini. Donc voilà, je vous avais prévenu, ça n’a aucun intérêt.

Mais cette fameuse union de la droite sous l’égide du brave M. Masson, l’homme qui veut abattre les murs entre l’UMP et le FN comme si Sarkozy ne s’en était pas déjà occupé et comme si Manuel Valls n’y travaillait pas pour son propre compte, que faut-il en penser?

Avant d’en penser quelque chose, il faut un peu revenir sur la genèse de la chose. Parlons tout d’abord de Mme Zimmermann. On l’a parfois évoqué dans ces lignes pour ses graphiques à la limite de l’honnêteté dans le trop peu lu Metz Magazine. Pour être juste, elle est loin d’être ce qui se fait de pire à l’UMP: elle ne ménage pas sa peine pour la parité et le droit des femmes, elle a un taux de présence remarquable à l’Hémicycle et elle semble connaître ses dossiers. Elle a aussi de vilains côtés, comme son opposition au mariage pour tous (à rebours de son engagement féministe: si tu vois pas le rapport, cherche dans les vieilles chroniques immondaines) ou son soutien à Jean-François Copé. Bref, c’est la droite pépère, ou mémère en l’occurence, bien à l’image de Metz qui est au dynamisme ce que Depardieu est aux alcooliques anonymes.

Mme Zimmermann, elle a les boules. L’union, elle y tient plus que tout, car en 2008, aux mêmes élections municipales, elle portait l’investiture de l’UMP au premier tour, pendant que Jean-Marie Rausch qui souhaitait faire progresser la gériatrie en milieu municipal, se présentait en freestyle, freelance, freewheel, bref un truc libre, et chacun sait à quelle point la liberté à droite doit se limiter à celle d’entreprendre et de faire du fric. Las, le Jean-Marie arrive devant la Marie-Jo, récupère l’investiture UMP au passage, et se prend une torgnole au deuxième tour face à Dominique Gros, qui menait la troisième liste de droite, celle du PS puisque je ne vois toujours pas trop la différence depuis le premier paragraphe.

Elle tient même tellement à l’union qu’elle aurait approché François Grosdidier, maire de Woippy, sénateur de Moselle comme M. Todeschini et grand ami du Graoully Déchaîné, pour mener cette union avant que M. Grosdidier n’ait des ennuis avec la justice comme un vulgaire Serge Dassault, ce qui donna de l’urticaire à Mme Zimmermann. En tout cas, c’est ce que raconte M. Grosdidier sur sa page, le conditionnel est donc de rigueur et les plaintes en diffamation sont à lui adresser personnellement. Ceci étant dit, vu le camouflet subi par Mme Zimmermann en 2008, l’hypothèse est crédible.

Après quoi, que dire de l’union de la droite et des négociations de postes afférentes? Et bien absolument rien. D’une part, l’union entre l’UMP et l’UDI est naturelle, les deux partis s’échangeant des membres et des idées encore plus régulièrement que dans un gang-bang. D’ailleurs, si je ne vois pas la différence entre la droite et le PS, je comprends encore moins celle entre le centre et la droite. M. Todeschini a l’air de tomber de sa chaise en découvrant les accords électoraux et le négociations pour des places éligibles, cela se pratique pourtant dans tous les partis, dans toutes les coalitions, et à chaque scrutin. Si ce n’était pas le cas,  EELV ne serait pas une coquille vidée de sa substance comme le PS et le PC dépasserait encore les 5%. Comme le dit Mme Zimmermann, c’est un « non-évènement ». D’ailleurs, il y a d’anciens membres du Modem chez M. Gros. Et pour le coup, la carpe sent vraiment le lapin.

On peut à la limite s’étonner du fait qu’une opposante au mariage pour tous consente à apparier son parti avec des groupes de la même obédience et de la même orientation, mais pour moi cet accord n’est pas plus absurde que celui du PS et du Front de Gauche pour le second tour qui ferait pousser des grandes oreilles aux carpes ou des écailles aux lapins. On peut aussi s’étonner aussi du fait que Mme Zimmermann ne croit voir qu’une liste de droite, alors qu’il y aussi celle de Mme Grolet qui ne laisse sans doute pas M. Masson indifférent.

Par contre, les gars les filles, si vous voulez vous insurger, lisez les grandes lignes du programme de la droite unie. Des promesses de boulot, des flics H24, des relations accrues avec Luxembourg et Nancy, des impôts stables jusqu’à la prochaine augmentation, etc. En revanche, rien sur l’action sociale et culturelle, l’économie solidaire, l’environnement (question qui intéresse pourtant Mme Zimmermann si j’en crois ses questions au gouvernement). Du vrai classique de droite pas trop risqué, comme quoi on peut prôner l’économie de l’innovation sans l’appliquer à son propre programme électoral. Et Metz restera une bonne petite maison de retraite, les moutons et les bourgeois seront bien gardés.

Pour en finir avec les carpes et les lapins, je vous propose un petit passage d’Amélie Nothomb où elle évoque son affection pour son koibito, qui désigne en japonais un petit ami, quelqu’un pour qui on a du koi, c’est à dire du goût. Ça explique pas mal les alliances électorales, mais toujours pas ce que le lapin vient faire là-dedans. Pendant ce temps, je vais chercher un titre.

« Koi n’avait qu’un défaut : son nom, qui en faisait l’homonyme parfait de la carpe, l’unique animal qui m’ait toujours inspiré de la répulsion. Heureusement, cette coïncidence ne s’accompagnait d’aucune ressemblance : même si, au Japon, les carpes symbolisent les garçons, le sentiment que j’éprouvais pour Rinri n’évoquait en rien le gros poisson vaseux à la bouche immonde. Koi me ravissait, au contraire, par sa légèreté, sa fluidité, sa fraîcheur et son absence de sérieux. Koi était élégant, ludique, drôle, civilisé. L’un des charmes de koi consistait à parodier l’amour : on  reprenait certaines attitudes, moins pour dénoncer quoi que ce fut que par franche rigolade »

 

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