Note bien cette date, camarade bouffeur/bouffeuse de curés: le pape n’est plus le mec le plus officiellement ringard de la planète. Le synode qui se réunit actuellement au Vatican a reconnu que les homosexuels avaient des « dons et des qualités » qui pouvaient s’exprimer dans le mariage civil et qui ne demandent qu’à s’épanouir dans le giron de notre sainte daronne l’Eglise catholique, apostolique, romaine et tout le tintouin. Sans doute le Saint Père ne connaît-il ni Jean-Marc Morandini ni les fans de Mylène Farmer, mais le fait est là. A mille lieues de Jean-Paul II, persuadé que le diable se cachait dans les capotes, loin de Benoît Sechzehn qui désespérait tellement de ses ouailles qu’il a lâché l’affaire avant de présenter son âme au guichet du patron, François se la joue plus LGBTQ que Michou sous Viagra.
Pendant que la Manif pour Tous se ruine la santé à manifester pour rétablir l’ancien régime, les privilèges, la primogéniture, la loi salique, le droit de cuissage, le servage, la gabelle et la dîme, la France éternelle et le privilège de pondre des mongoliens en pagaille pour la plus grande gloire de leur dieu, le DRH de la boîte dit: « Halte là, bande de calotins, reconnaissez qu’imiter l’union du pingouin et de la meringue dans l’enceinte étriquée d’une bâtisse médiévale plus sombre qu’un chant de Maldoror, ça ressemble plus au congrès des experts-comptables sadomasochistes de la banlieue de Beauvais qu’à la célébration de l’union de deux corps & âmes & génitoires & orifices plus pénétrables que les voies du Seigneur ». Amen.
Plus sérieusement, ce n’est pas parce que le chef des cathos a découvert avant ses congénères qu’on est déjà au XXIè siècle qu’on va se mettre à croire aux fadaises de l’Ancien, du Nouveau et des prochains testaments. Les homosexuels n’ont pas besoin de l’Eglise pour être heureux, et les homosexuels qui tiennent absolument à rester catholiques n’ont qu’à penser que quand Jésus et Antoine se sont fait tenter par le diable dans le désert, il n’était sans doute pas question que de tartes au citron meringuées ou de bonnes affaires dans l’immobilier. Crois-moi, quand les gens entendent parler les serpents et qu’ils se prennent pour des épées, c’est qu’il y a de la bite dans l’histoire.
Bref, depuis 1870 et le premier concile œcuménique, le pape est réputé être infaillible. Tout ce que Saint Pierre et ses successeurs ont raconté avant, tu peux légitimement affirmer que c’est des conneries. Benoît XVI dit que cette règle s’applique de toute éternité, mais en France la loi pénale ne peut pas être rétroactive alors c’est comme ça. Donc, la prochaine fois que la Manif pour Tous défilera pour soutenir les thèses débiles du Front National et de Saint Nicolas du Chardonnet, tu es habilité, cher lecteur chère lectrice, à excommunier tous ces baltringues. Christine Boutin, Béatrice Bourges Ludovine de la Rochère, toutes catins païennes qui se frottent l’oignon sur des balais et embrassent le cul d’un bouc lors d’un sabbat maléfique. Au bûcher les hérétiques, aux lions les impies, à la question les schismatiques.
Mais il y a plus grave. Pendant que d’aucuns débattent pour départager les pages du Kama Sutra dignes de figurer dans l’opus dei (je parle de l’oeuvre divine et pas du banquier de l’Eglise), d’autres se font trucider à qui mieux mieux pour la gloire du même dieu mais d’un autre prophète. On a bien rigolé et rempli les JT en traquant Saddam Hussein et Ben Laden. On a un peu tergiversé pour faire la même avec Bachar El Assad, mais c’est un pote à Poutine, et le président russe est plus fidèle en amitié financière que Sarkozy qui ne reconnaît même plus ses poteaux de Bygmalion. Du coup Daech, le califat islamique ou l’état islamique (la marque change toutes les semaines) s’est emparé d’une bonne partie de l’Irak et de la Syrie, et pas franchement en distribuant des chewing-gum aux populations ivres de liberté. Si le ver est dans le fruit, c’est aussi parce qu’on a bien laissé le fruit pourrir au pied de l’arbre.
Donc Daech est pété de thunes grâce aux réserves pétrolières qui trouvent facilement acheteur, Daech rétablit l’esclavage tout en promettant revenu garanti et factures d’énergie réduite à zéro sans transition énergétique et sans écotaxe, Daech bénéficie de l’excellence de la formation française à la sécurité tant vantée par Michèle Alliot-Marie, Daech s’achète des armes comme tu achètes des chips, et Daech est aux portes de la Turquie. Erdogan, islamiste « modéré », laisse les islamistes hardcore se faire la main sur les malheureux Kurdes, seuls résistants qu’on a trouvé sur place pour gagner du temps. Daech est une bande de malades mentaux qui surfe sur la misère, tant en Mésopotamie qu’en Europe, pour rétablir la gloire d’un fantôme et des traditions d’un autre temps. Les mecs auraient fait la même chose pour populariser l’oeuvre d’Omar Khayyam ou pour lancer une fatwa sur Indochine, j’aurais été le premier à les soutenir. Las, comme quand El Assad zigouillait son propre peuple, on ne sait pas quoi y faire, on a envie de vomir sur les sales gueules de ces fondamentalistes, on crève de désespoir en pensant à ce que des gens peuvent faire au nom d’une névrose masochiste. On se dit parfois qu’Ebola s’est trompé de continent, et que les maladies les plus débiles comme l’extrémisme religieux ne sont malheureusement pas mortelles. En tout cas, pas pour le porteur.
Alors, pape François, je ne crois toujours pas à tes conneries, mais exceptionnellement aujourd’hui je te trouve sympathique. Je sais bien que ton culte, à Madagascar ou aux Etats-Unis ou ailleurs, produit toujours des traumatismes ou des morts pour des raisons absurdes. Peut-être un jour reconnaîtras-tu aux Femen le droit de se promener à poil dans les lieux de cultes parce que Dieu nous a (nous aurait) créé ainsi, au risque de ridiculiser le juge laïc. Peut-être qu’en ton for intérieur, tu sais aussi bien que moi que Dieu n’existe pas, et que même s’il existe ça n’a pas la moindre importance.
Et peut-être qu’un jour l’humanité reconnaîtra que mieux vaut s’enculer dans les liens sacrés du mariage que voiler ses femelles et crever d’ennui de peur d’être heureux.