Des millions d’hommes et de femmes (qui sont aux moins égaux devant la connerie) se trimballent tous les jours avec une laisse autour du cou. La cravate est à l’homme ce que la laisse est au chien, un instrument de domination, de contrôle directionnel, de retenue pudique et grotesque, un frein à la liberté de vagabondage ; La cravate c’est la burqa occidentale, qui cache le vrai visage. Elle est le symbole de la domination des sociétés capitalistes, signe ostentatoire d’une soumission aux règles de bienséances, un passage obligé pour l’accès à certaines fonctions, celles de braves clébards domestiques. Regardez les dans les aéroports se pavaner dans leur complet, tous ridiculement identique, une armée de pingouins soumis en goguette. Je ressens la même chose à la vue d’une femme voilée que d’un(e) encravaté(e).
Leur démarche est identique également. Mettre la burqua comme mettre une cravate c’est afficher ses convictions (sa soumission ?), ses croyances – religieuses chez les unes, aux supposées règles de savoir vivre chez les autres – c’est affronter le regard de l’autre à qui je m’expose ainsi vêtu. Quand bien même elles me paraitraient erronées, il reste que part respect pour autrui je préfère présumer de la liberté individuelle de chacun plutôt que d’un choix imposé (mais a-t-on vraiment le choix ?). Bien sur il faut être vigilent surtout lorsqu’il s’agit des femmes, mais si nous nions leur capacité à faire leur propre choix, il faut alors faire de même avec la majeure parti des employés de bureaux. Nous pouvons refuser de porter la cravate et de s’y soumettre, les femmes peuvent ne pas porter le voile, comme elles peuvent choisir de le faire délibérément. Restes qu’il arrive que nous les forçons à le faire, de même que la cravate est dans de nombreux cas obligatoire. Interdire l’un sans interdire l’autre ?
Dans les deux cas je continue de percevoir le voile et la cravate comme le fruit d’une aliénation, car même volontaire le port de l’un ou l’autre obéit à mon sens à une manipulation savamment orchestrée, autrement dit, « une soumission librement consentit ».
Puisque les femmes ne peuvent plus porter la burqa je propose que nous bannissions des villes ces chien(ne)s de bureaux qui chient sur nos trottoirs des merdes tellement grosses qu’elles sont inattrapables pour de modeste sac en plastique ramasse crottes, qui glapissent leur immondices à la terrasse des cafés et bavent leur rhétorique encravatée sur leur attaché-case. Ordonnons à ces chiens de talus urbains de donner la patte avant d’avoir leur sucre-option, et sortons les plus chanceux de leur niche fiscale.