Dans un bled désolé
De ta terre d’Armor,
Tes parents t’ont inculqué
La peur de la mort.
Alors pour vaincre la peur
Tu as endossé le rôle
Du grand exécuteur :
Tu n’trouvais pas ça drôle.
On n’comprend pas l’destin
On n’peut que s’y résigner,
Alors tu t’es faite destine
Pour pouvoir enfin régner.
Hélène, sans haine,
Tu as semé la peine,
Hélène, sans remords,
Tu as semé la mort.
Par ta beauté capiteuse
Tu ensorcelas tes victimes,
Par ta cuisine délicieuse,
Tu accumulas les crimes.
Mais puisqu’il faut mourir un jour,
Ne vaut-il pas mieux le faire
Devant une fille bell’ comme le jour
Plutôt que chez les grabataires ?
Oui, mourir par tes gateaux
Sous tes yeux si beaux,
C’est un sort bien plus beau
Que périr sénile à l’hosto !
Hélène, sans haine,
Tu as semé la peine,
Hélène, sans remords,
Tu as semé la mort.
Tu révélas la bassesse des foules :
Hier, tu en fus adorée,
Puis, vautour parmi les poules,
Demain tu en fus abhorrée.
Tu dénonças l’imposture
De l’Église castratrice
Et l’effarant ridicule
De l’odieuse Justice.
Pour tout ça, Fleur de Tonnerre,
Je n’s’rai jamais ton avocat,
Mais s’il faut aller en Enfer,
J’veux bien y aller avec toi.
Hélène, sans haine,
Tu as semé la peine,
Hélène, sans remords,
Tu as semé la mort.
Mais n’écoutez pas tous ces ados attardés qui gribouillent des vers pour se rendre intéressant, lisez plutôt Fleur de Tonnerre, le très beau livre que Jean Teulé a consacré à la terrible empoisonneuse Hélène Jégado.