J’étais face à un animal, un bel animal. Cette fille avait la beauté et la grâce d’un chat, elle se déplaçait tel un félin, frôlant les obstacles sans jamais les toucher, juste les effleurer en laissant sur son passage un doux parfum de fleurs et de vanille. Je l’observais, longuement, attentivement, comme lorsque je scrute mon chat … toujours gracieux, fier et ombrageux à la fois.
Je pourrais passer des heures à admirer cette fille, tapis dans un coin. Je dirais volontiers de cette souris qu’elle est d’une beauté incendiaire, mais je laisse ces figures de style passe partout à ceux qui font des livres comme d’autres font des Big-Mac. Non, ici, pour paraphraser le grand Georges Brassens, je dirais que si les fleurs le long des routes se mettaient à marcher, c’est à elle sans doute qu’elles feraient penser.
J’étais complétement fasciné par cette muse, sortie de nulle part, arrivée ici sans crier gare, sans même s’annoncer. Parachutée dans mon univers, comme un cadeau du ciel. Le régal de mes yeux valait bien la frustration de ne pouvoir l’approcher plus, de ne pouvoir lui parler ou la toucher … juste du bout des doigts, juste un peu, pour voir si la peau est douce, si comme je le pressens nous ressentirons ce doux frisson que provoque les accords parfaits.
Mais non, j’étais condamné à emplir mes yeux jusqu’à ras bord de ces petits instants fugaces. La belle n’en saura jamais rien, sans doute s’en serait elle fichée d’ailleurs. La jolie biche s’entiche rarement du vulgaire sanglier. Qu’importe, je me saoule de cette beauté. Cela étant d’autant plus simple que la donzelle n’a pas l’air d’avoir conscience de son pouvoir .. Peut être feint-elle de le savoir ? Est elle manipulatrice, dominatrice ? Ou simplement maitrise-t-elle à merveille le langage corporel et les signaux qu’elle envoie aux hommes.
Ahhh, non d’un cul, pourquoi je ne peux pas bouger … je voudrais l’appeler, lui demander son nom, savoir tout d’elle, mais je n’y arrive pas. Mes lèvres bougent mais aucun son ne sort. Je lutte pour avancer mais je reste irrémédiablement sur place. Je peste intérieurement, je voudrais me coller des baffes … mais rien n’y fait. Et merde !!
Et soudain, tout s’éclaire comme par miracle, j’entends la voix lyrique de Matthew Bellamy qui semble venir de loin, l’énorme basse de Chris Wolstenholme me percute le thorax, appuyée par le martellement de Dominic Howard qui frappe sa batterie comme pour me réveiller. J’ouvre alors les yeux, je suis allongé sur mon canapé … et pas de doute, il s’agit bien du groupe Muse qui joue son rock lourd, psyché, presque heavy …
Tout ceci n’était donc qu’un rêve …
Depuis ce jour, je ne fais plus de sieste sans écouter l’album Drone de Muse … mais la belle n’est jamais revenue.