« N’oublie pas d’éteindre l’électricité du couloir ! »
Victor, de retour à la maison, obéit à cette injonction, mais laisse la clé de la porte d’entrée à l’extérieur.
Sa femme vient dans le hall à sa rencontre et jette un coup d’œil au clou auquel ladite clé devrait déjà se trouver accrochée.
« Où est la clé ?
– Je l’ai oubliée à l’extérieur !
Confus, il ouvre la porte, reprend la clé, puis religieusement, la suspend à sa place.
C’est l’heure du crépuscule.
Je vais aller arroser mes fleurs, dit Georgette en revenant du salon. Elle essaye d’ouvrir, mais la porte est fermée à clé.
« Excuse-moi, je l’ai refermée par distraction.
– Tu sais bien que je jardine, à cette heure. »
Il ouvre et quand elle sort, il la suit des yeux.
C’est à cet instant précis qu’un déclic se produit dans son esprit.
Cette épouse de quarante-cinq ans manifeste encore un souci d’élégance. Mais un rayon de soleil oblique et moqueur vient d’illuminer le tissu trop tendu de la jupe, qui est de l’horrible couleur kaki à la mode.
« Eh bien, se dit-il, c’est la première fois que je remarque à quel point cette croupe a pris du volume ! »
Serait-ce pour la retrouver qu’il est content, le soir, de rentrer du travail ? Est-elle encore désirable ? Il veut fuir cette pensée et tente de faire le vide dans sa tête. En vain !
Il sait fort bien ce qui le trouble, ce sujet qu’une convention pudibonde leur fait éviter depuis longtemps.
Il revoit mentalement l’image de Georgette qui lui apparaît dans tous ses détails : son maquillage discret, oui, mais ses cheveux couleur poivre et sel en bandeaux trop stricts et qu’elle ne se décide pas à colorer, ses yeux noirs vifs, mais vraiment petits. Dans sa jeunesse, il l’avait trouvée jolie et pourtant son nez… Son nez est pointu à piquer des gaufrettes !
Et cette nuit, tout va recommencer dans le lit conjugal. C’est elle qui le cherche, qui le provoque, elle n’en a jamais assez ! Une sensation d’écœurement le saisit à cette pensée.
Heureusement, après sa journée au Crédit Lyonnais, c’est le moment béni de s’installer dans un bon fauteuil et de se plonger dans la lecture de France-Soir, son journal favori. Il y glane surtout les détails humoristiques. Et à chaque fois, il se demande avec amusement, que va dire Bouvard aujourd’hui ?
Toc, toc, toc… C’est Georgette qui tambourine à la porte d’entrée en criant :
« Victor, ouvre-moi ! »
Quand sera-t-il enfin tranquille ? Mais il se précipite
« Pourquoi as-tu encore refermé à clé ? Avec un caractère aussi distrait, je me demande comment tu te débrouilles au milieu de tes chiffres ! »
Une fois à la maison, la voilà qui poursuit sa tirade :
« Quand je t’observe, je me dis qu’il est bien inutile pour toi d’espérer obtenir le poste du directeur qui va prendre sa retraite. Et tu m’énerves avec ton France-Soir, tu ferais mieux de lire Le Monde, tu m’énerves, tu m’énerves et tu m’énerves ! »
À chaque répétition, sa voix est montée d’un ton et finit par atteindre l’aigu. Il soupire et, pour couper court, évite de répondre. Ses paupières déjà fripées s’abaissent sur ses yeux bleus, légèrement saillants, ses épaules s’affaissent et, brusquement, son dos s’arrondit. Il retourne à sa lecture, sans entrain cette fois. Chaque soir il entend le même réquisitoire : elle voudrait accroître son rôle de notable, dans la société de cette petite ville, qui n’a pas deux mille habitants ! Pendant qu’elle prépare le dîner, il découvre qu’il est fatigué (chose incroyable) à force de trop bien manger. Aujourd’hui, il a dû desserrer d’un cran la ceinture de son pantalon. « Si seulement, se dit-il, je pouvais m’évader quelque temps… Seul… Naviguer, par exemple, faire de la voile en Bretagne, comme dans ma jeunesse … Elle y a mis le holà, ce genre de divertissement devenait vite trop coûteux. Quels soucis remâche-t-elle toute la sainte journée, maintenant que notre fille unique est bien installée dans la région parisienne ? Rien ne lui manque. La maison n’est-elle pas agréable ? Est-ce que je ne viens pas de garer notre nouvelle Renault 21 ? Oui, j’ai réussi … Et parti de zéro. Bientôt nous fêterons son anniversaire, qu’elle commence à juger catastrophique. Puis, ce seront les vacances, qui se passent invariablement à Royan. »
Georgette entre avec la soupière… Huit heures ! Les nouvelles à la télé. Encore du charabia politique … « Comme d’habitude… » persifle la chanson. Tout en mastiquant ses macaronis sauce italienne, il poursuit son monologue intérieur : j’ai fonctionné comme une horloge depuis que j’ai la corde au cou… Même pour les séances amoureuses des week-ends … Ah, combien elle admirait mon exactitude, allant jusqu’à me dire au début de notre mariage, que j’avais l’âme d’un militaire. Peut-être, soupira-t-il, mais d’un militaire du temps de paix !
L’éternelle routine reprend le lendemain matin. Levé à sept heures moins un quart, il est au volant à huit heures tapant. Il a quinze kilomètres à faire à travers cette douce campagne, pour rejoindre la ville.
Le trajet n’est pas fatigant. Pas de circulation, juste un camion de temps à autre. A droite comme à gauche s’étendent les champs, le vert des pâturages, le jaune citron des colzas en fleurs… La platitude absolue, coupée de quelques bois où frémissent les feuillages du printemps.
Soudain, il aperçoit de loin un jeune homme qui lui fait signe. Un auto-stoppeur !
Il ne s’arrête jamais pour ce genre d’individus … Mais quelque chose retient son attention : cette silhouette n’est pas comme les autres, elle reflète le courage, la droiture.
Si pour une fois il dérogeait à son principe ? Il a déjà dépassé l’homme de plus de cinquante mètres lorsqu’il s’arrête, comme malgré lui. Le voyageur se met à courir.
Victor ouvre la portière, à sa droite. Un parfum de terre mouillée pénètre la voiture, tandis qu’il examine l’inconnu : il a un visage net, bien rasé, il est bien coiffé. L’inévitable bleu jean s’accompagne d’un petit blouson noir, mais la chemise, est boutonnée jusqu’en haut, les vêtements sont propres. Le sac à dos bleu, étroit et haut, est moderne.
Le jeune homme s’installe dans la Renault en remerciant aimablement.
« Où allez-vous ?
– J’ai envie de pousser une petite pointe jusqu’en Bretagne.
– Ce n’est pas tout près ! Ah, la Bretagne ! J’en rêvais… »
Ce jeune homme lui semble ne pas avoir un atome de graisse. Son regard est direct.
« Oui, cinq cents kilomètres jusqu’à la Bretagne… Je suis bien content de vous trouver, je viens de franchir près de soixante kilomètres à pied en deux jours. Personne ne s’est arrêté !
– Comment avez-vous pu ?
– Oh, Monsieur, j’ai de l’entraînement… À force de faire la route… »
« Faire la route ! » Quelle drôle d’expression emploient aujourd’hui les jeunes ! On dirait qu’ils parlent de leurs exploits. Mais jusqu’à quel point n’en serait-ce pas ?
« Je cherche du boulot… Je viens de travailler trois jours sur un tracteur et je n’ai plus rien.
– Et vous croyez qu’en Bretagne ?…
– J’ai envie de respirer l’air de la mer… Et je trouverai bien une place de plongeur, surtout pendant la saison touristique. »
« Ce qui paraît incroyable, se dit Victor, c’est que ce garçon qui, selon son expression, « se trimballe sans un rotin sur les routes », paraît garder un moral de fer, un espoir intact. Comment peut-on vivre sans un sou en poche et sans un rassurant compte en banque ? » Pourtant le sous-directeur découvre que dans cette existence hasardeuse, Daniel n’est pas malheureux. Serait-il par hasard plus heureux que lui-même, qui a si bien planifié sa vie de bourgeois ?
Peu à peu, en écoutant les récits pittoresques de son compagnon, il sent s’éveiller au fond de lui-même, un « moi » aventureux qu’il n’avait pas soupçonné.
« Tenez, dit-il, mû par une inspiration, je vous offre le café.
– Merci, Monsieur. »
Le café au lait est bientôt assorti de croissants, que Daniel dévore.
« Cela tombe bien, finit-il par avouer, je n’ai presque rien mangé depuis deux jours !
– Pas étonnant que vous ayez la ligne ! »
Victor est captivé. Pour la première fois de sa vie, il néglige l’heure du bureau, mais ses années d’assiduité lui laissent une certaine liberté.
Il s’abandonne à un rêve : celui d’apprendre à connaître la France de façon intime. Cheminer sur l’asphalte qui reflète le ciel, sentir la pluie tomber sur son visage et le rafraîchir, observer à loisir la transformation de la saison dans la nature, admirer chaque château, chaque village, toute cette beauté des paysages que l’on ne peut qu’entrevoir à quatre-vingt-dix kilomètres par heure… Se découvrir poète, quel contraste avec l’habitude de manier des chiffres.
Aller jusqu’à oser à se fier à l’imprévu, au lieu d’être astreint à une invariable routine. Ce serait le comble de l’audace !
Cependant Daniel se souvient des moments terribles. Il a beau dévorer ses croissants, des flashs traversent malgré lui sa mémoire.
Il se retrouve, ce matin fatal, devant la porte de sa petite maison. Poµr signaler sa présence, il a joyeusement tambouriné sur le battant, seul le silence lui a répondu. Il entre, le hall est désert. Dans le living-room, il heurte du pied les lunettes de sa femme, abandonnées sur le plancher. Ensuite, à l’intérieur de leur chambre restée à demi-obscure, il voit sa forme couchée, tête tournée vers le mur où leur photo de mariage est accrochée ; enfin, sous le drap, c’est la découverte de cette main glacée, qu’il a en vain tenté de réchauffer. Il a écouté le cœur, il a essayé de la ranimer, contre tout espoir. Sa femme était devant lui, étendue morte.
Dès lors, tout a basculé. La maison ? Ne plus la revoir !
À son beau-frère qui guette chaque sou, il l’a tout simplement donnée. Ses affaires, il les a bradées, dispersées aux quatre vents, ne gardant qu’une modique somme pour lui-même. Puis il a tourné le dos à son passé.
Pourtant cette maisonnette, il l’avait payée avec sa sueur. Il avait réussi à la force du poignet, alors qu’il ne savait même pas l’orthographe, après avoir été élevé à la dure dans un orphelinat… Enfant sans nom ! Mais avec les machines, il était devenu un as. Assis à son poste, en observant les cadrans où s’allumaient de nombreux voyants, il avait dirigé une usine.
Il a tout quitté, pour se libérer du poids des souvenirs. Maintenant, il ressent les choses sans les dire.
En étudiant le visage énergique de Daniel, qui est resté quelque temps silencieux, le banquier se sent gagné par la nostalgie. Voilà un homme qui n’a pas d’impôts, pas de gages à payer ou de toiture à réparer… Sort enviable par certains côtés… Le hasard de cette rencontre lui fournirait-il l’occasion qu’il recherche instinctivement ?
« Daniel, j’ai envie de partir avec vous, pour voir… »
Cet homme jeune serait d’une compagnie agréable, car il est toujours poli.
« Alors comme ça, vous voulez faire la route ?
– Oui, mais comment ?
– C’est simple. »
Daniel se sent prêt à diriger les opérations. Il ne serait pas mécontent de rompre sa solitude.
« Je veux bien, si vous acceptez toutes mes conditions. Si vous voulez vraiment savoir ce que c’est, il faut jouer le jeu. »
Victor réfléchit à toute vitesse à la ronde des papiers bancaires et à toutes les graves questions : OPA, fusions, endettements, etc. Peut-il envoyer tout promener ? Impossible. Mais il prendrait un congé et prétexterait un voyage d’affaires. _
« Vous n’emporterez pas un sou, poursuit Daniel. Ou, disons, vingt francs…
– Incroyable ! Bon, je vous fais confiance.
– Un petit sac à dos, un sac de couchage, une chemise, des baskets, un blue-jean, un blouson ordinaire… »
L’idée de mettre un blue-jean est rajeunissante. Le sous-directeur ne porte jamais que des pantalons impeccablement repassés par Georgette, avec un pli droit comme une tringle à rideau.
-Devenu malin, Victor a réussi à régler parfaitement tous les détails de son évasion.
Le voilà qui sort du village par de petites rues peu fréquentées. Le blue-jean le moule. Cela lui fait drôle. Il n’a pas l’habitude de porter des vêtements collants. Pas de poche portefeuille. Quel changement avec le costume trois pièces ! Nouveau costume, nouveau personnage.
Il se redresse, respire à fond comme pour mieux goûter à la liberté. Au bout d’un quart d’heure, il a rejoint Daniel.
« Allons-y Léon, t’as l’pompon », pense Daniel qui s’amuse, sans oser prononcer la phrase à voix haute.
Deux heures de marche, c’est déjà long. Victor a soif. Il réclame une bière, quitte à entamer ses vingt balles. Le chef de la mission accepte. Ils font escale dans une auberge du bord de la route. Les voilà devant le zinc du comptoir. Dire que jusqu’à la veille, le banquier ne mettait jamais les pieds dans ce genre de lieu de perdition. Encore l’économie prêchée par Georgette. Il se sent comme un gamin en train de faire l’école buissonnière. Tout ce qui l’entoure l’enchante, les trophées de chasse sur les murs et même les tables laquées de rouge. Un oiseau noir est en liberté dans la salle, c’est un mainate qui se met à parler distinctement :
« Où est-il c’con d’Marcel ? Où est-il c’con d’Marcel ? »
Marcel, c’est le patron. Il y a longtemps que Victor ne s’est autant amusé.
Mais, attention, tout beau tout nouveau ! Désormais la route s’allonge sans fin, le soleil tape dur et aucune voiture ne daigne s’arrêter. Le banquier n’en peut plus, il demande à souffler.
« Monsieur le Directeur, dit respectueusement Daniel, il faut faire encore six kilomètres pour arriver à la prochaine ville. Là, j’irai chercher du pain dans une boulangerie.
– Six kilomètres, c’est trop. Arrêtons-nous ici.
– Rien à faire. Il faut avancer. »
Victor se décide, au prix d’un pénible effort sur lui-même. Daniel ne lui a laissé qu’un moment de répit.
Le soir, ils parviennent donc à une petite ville.
« Monsieur, à la boulangerie, ils n’ont pas le droit de refuser du pain rassis, explique Daniel. Qu’est-ce que ça peut faire de demander. Mietix vaut mendier que voler. »
Dans la boulangerie qu’ils découvrent, la patronne est aimable.
« Pourriez-vous s’il vous plaît Madame, me donner du pain rassis ?
– C’est pour vos chiens ?
– Non, c’est pour moi et mon copain.
– Ah, dans ce cas, je vais vous donner du pain frais. Voici deux baguettes. J’ajoute deux tablettes de chocolat. »
Elle est vraiment gentille. Daniel sort enchanté de la boutique et rejoint son nouvel ami.
« Comment, s’écrie ce dernier, navré, c’est tout ce que nous aurons pour dîner ? »
Hélas, c’est la stricte vérité.
« Et où allons-nous coucher ?
– N’ayez crainte, Monsieur, je connais cette route et je sais qu’il y a près d’ici une bicoque abandonnée.
– C’est bon, c’est bon », murmure Victor, écœuré.
La nuit tombe, le vent souffle fraîchement. La masure carrée a un toit de vieilles tuiles qui ondule par où pénètre l’air. Le haut des murs est fait de planches noircies, tordues, à moitié pourries.
« Alors, s’écrie le malheureux bourgeois, comment allons-nous nous coucher ? Par terre, ce n’est que du ciment.
– Mais c’est parfait, répond Daniel. Vous n’aurez qu’à étendre votre sac de couchage.
– Et vous ?
– Oh, moi, j’ai l’habitude. Avec ma couverture, cela suffit. »
Il faut s’exécuter et, après le repas sommaire, les voilà allongés sur le sol. Daniel ferme les yeux ; au bout de quelques instants, il dort déjà comme un bienheureux.
Pour le banquier, la nuit se traîne interminablement.
Le lendemain matin, les oiseaux chantent, les merles réveillent Daniel.
« Alors, Monsieur le Directeur, comment ça va ?
– Je n’ai pas fermé l’œil, j’ai mal partout. Oh, la, la, dit-il en se levant péniblement, et le sol est bien bas, je me demande comment je vais pouvoir marcher.
– Courage, vous l’avez voulu !
– C’est vrai ! »
Il n’en pense pas moins. Mais ce matin-là, c’est la chance qui leur sourit. Une voiture s’arrête. Un monsieur très aimable les fait monter. Quel délice d’appuyer son échine douloureuse contre les coussins moelleux. Pour le coup, Victor admire le paysage. Du haut des collines, on découvre un horizon immense, qui bleuit dans le lointain.
Quinze kilomètres sont franchis, au bout desquels ils sont obligés de descendre. La Bretagne est encore loin !
Lentement, ils approchent d’un bois. Les troncs minces sont assez espacés, le sol dégagé. Si seulement ils pouvaient s’étendre sur la mousse ! Victor n’ose rien demander.
Un chemin forestier coupe perpendiculairement la route. La solitude en cet endroit est totale. Cependant au carrefour débouche une voiture de sport rouge qui s’arrête pile devant les deux marcheurs.
Immédiatement, trois hommes descendent de la Simca. Leurs cheveux sont coupés ras, leurs blousons décorés de clous et de pendeloques insolites. Ils ont des bottes de parachutistes.
Le plus grand d’entre eux s’approche et interpelle Daniel :
« Dis donc, toi, c’est un beau sac que tu portes !
– Oui, mon sac est beau.
– Alors moi, je le voudrais bien…
– Il est sur mon dos et si tu le veux, tu n’as qu’à venir le chercher !
– Ah, vraiment ! »
Sournoisement, un deuxième larron s’approche à son tour. Une lame de couteau à cran d’arrêt jaillit à son poing.
Comme si le banquier n’existait pas, c’est au jeune qu’ils en veulent. L’homme armé porte un coup méchant à Daniel, de bas en haut. Il n’a pas le temps de frapper. Son adversaire l’a saisi par le poignet et le lui tord violemment. La lame tombe. D’un terrible coup de pied dans le tibia, Daniel achève le voyou qui tombe à terre.
Terrorisés, les trois durs n’en demandent pas plus ! Ils déguerpissent, s’engouffrent dans leur voiture et démarrent sur les chapeaux de roues.
Tranquillement, Daniel ramasse le poignard.
« Voyez, Monsieur, j’ai appris ce coup-là à la Légion étrangère ! »
Encore terrifié, muet de stupeur, le banquier s’écrie :
« Non, c’est trop, je donne ma démission, il faut que tout de suite, je rentre chez moi ! »
Comme sa vie paisible va lui sembler agréable. De pareilles aventures, il vaut mieux les voir à la télé !