Les raisons de manifester ne manquent jamais, mais en ce moment on atteint un niveau de saturation inédit. Entre Notre Dame des Landes, le Lyon-Turin, le nucléaire, les cures d’austérité (Oscar Wilde disait que demander aux pauvres de faire des économies, c’est aussi absurde que de demander à un homme qui meurt de faim de faire un régime), les religieux qui nous emmerdent aux quatre coins du monde, ou encore la protection des chauve-souris de la cathédrale de Metz qui vont se faire maltraiter par les feux d’artifice de la Saint-Nicolas, les motifs d’indignation ne manquent pas. Pourtant, il y a une grande cause qui mériterait plus d’attention et à laquelle j’espère bien vous sensibiliser avant qu’elle n’ait des conséquences irréversibles.
Cela ne vous aura pas échappé vu qu’on en parle plus que de la Syrie ou que du typhon qui a dévasté les Philippines, Kate Middleton, ci-devant duchesse de Cambridge, a trouvé le courage nécessaire pour s’accoupler avec son hideux mari, justifiant au passage la devise de la couronne britannique « never explain, never complain« . Hélas, ces infâmes soubresauts sur literie de luxe ont eu une fâcheuse conséquence, puisqu’au dernier moment, alors que William criait « Rule Britania » pour marquer sa joie, une gamète princière a cru bon d’aller à la rencontre d’un ovocyte et de précipiter Kate dans les affres de la grossesse. La pauvrette souffre depuis d’hyperémèse gravidique, qui se caractérise par des vomissements incessants, et ce n’est sans doute pas un hasard si l’on dit « tomber enceinte » comme on dit « tomber malade ». Et c’est là qu’il est temps de s’insurger et de clamer haut et fort: non au bébé royal!
Tout d’abord, les Anglais sont nos ennemis héréditaires, juste après les ressortissants de Meurthe et Moselle, et il n’y a aucune raison de se réjouir de la perpétuation de la lignée d’une bande d’aristocrates d’opérette (issue de mariages forcés et de manigances politiques: on se demande bien pourquoi les jeunes filles rêvent d’être des princesses) alors que nous sommes le berceau de la République. En plus, David Cameron n’a de cesse de nous chercher des noises sur l’euro qui fait pourtant la fortune du paradis fiscal qui lui sert de capitale. D’autre part, notre esprit scientifique peine à comprendre pourquoi on félicite les futurs parents alors que la procréation est à la portée de pratiquement tout le monde. C’est comme si je félicitais un quidam pour sa faculté à respirer: c’est totalement absurde. Reportez vous à ce vibrant plaidoyer pour la stérilité volontaire pour vous en convaincre.
Par ailleurs, en ces temps où il est fréquemment question de fin du monde, il est légitime de se demander s’il est bien prudent de mettre un enfant au monde. Rassurez-vous, ni les Mayas ni Nostradamus n’ont spéculé sur l’apparition d’un membre surnuméraire dans la lignée des Windsor. En revanche, on sait que les Mayas ont certainement disparu du fait des effets conjugués d’une crise écologique (effondrement des ressources agricoles suite à la sécheresse) et démographique (surpopulation urbaine). Et c’est bien ce qui risque de nous tomber sur la coin de la schnisse si on persiste à enfanter sans discernement.
Or, qu’observe t-on? L’agriculture intensive est en train d’éroder durablement les sols. On estime que chaque année, on perd de dix à vingt millions d’hectares de sols cultivables. Le rendement des cultures de céréales ne cesse de baisser (sans préjudice de la spéculation qui réserve l’accès de ces produits à qui peut se les payer), l’eau se renouvelle moins vite qu’on l’exploite, le réchauffement climatique modifie la répartition des zones cultivables et compromet la photosynthèse de nombreux végétaux. La crise agricole est donc bien partie à l’échelle mondiale. Mme Windsor possède 500 hectares de terrain et touche même plus de 200 000 euros de la l’Union Européenne au titre de la PAC, ajoutant ainsi le cynisme à sa foncière inutilité. Pendant ce temps, 870 millions d’être humains souffrent de sous-alimentation chronique en énergie et 630 millions d’autres souffrent de malnutrition, soit un habitant de la planète sur sept.
Il se pourrait donc que tout(e) futur(e) héritier(e) de la Couronne qu’il(elle) soit, le futur lardon n’ait plus dans un avenir proche ni patate ni poiscaille à se mettre sous la dent et dans son fish n’chips. Je le réaffirme donc avec force et conviction, tous les parents sont des criminels contre l’humanité potentiels, totalement inconscients des conséquences de leurs actes. On sera toutefois plus indulgent envers les parents pauvres qui n’ont parfois rien d’autre à faire que de s’accoupler avec frénésie eu égard à l’inanité des programmes télévisuels et au laxisme des autorités qui n’ont toujours pas rendu la contraception obligatoire dès la puberté.
En revanche, Kate et William sont inexcusables. D’une part, j’incline à penser qu’un membre de famille royale n’est pas forcément prédisposé à défendre avec ardeur la décroissance et la simplicité volontaire en dépit de l’urgence manifeste qu’il y a à mieux gérer les ressources. En plus, ils ne prennent sans doute jamais les transports publics, et ne savent pas le supplice que représente la présence d’un marmot dans un espace aussi restreint. Et enfin, la capote n’est-elle pas anglaise, que diable? C’est tout le cas que les jeunes tourtereaux font du prestige national?
Vous l’aurez compris, chères lectrices, chers lecteurs, nous ne pouvons pas rester les bras croisés alors que la perfide Albion pave la route de la fin du monde avec une détermination que Bouygues ferait bien de lui envier dans la construction de l’EPR pour éviter que l’atome nous dézingue avant la famine. Protestons, campons devant Buckingham Palace autant de temps qu’il le faudra, et clamons notre refus d’une énième naissance sans avenir.
La capote est « anglaise »…oui…cela dépend pour qui. Elle est appelée « parisien » en Allemagne 🙂
Chouette article.