Devezh mat, Metz, mont a ra ? La nouvelle est tombée hier : Renaud, l’irremplaçable Renaud, va être décoré par notre ravissante ministre de la culture, Aurélie Filippetti ; il va ainsi obtenir le titre de commandeur des arts et des lettres… Bon, je ne peux pas en vouloir à mon chanteur préféré d’accepter ça ; d’une certaine manière, c’est une reconnaissance on ne peut plus méritée pour son talent. Mais n’empêche, j’aimerais quand même une position à madame la ministre…
« Ils s’abreuvent de bals populaires, de feux d’artifice et de flonflons, ils pensent oublier dans la bière qu’ils sont gouvernés comme des pions. » (Hexagone)
« C’est pas demain qu’on m’ verra marcher avec les connards qui vont aux urnes choisir celui qui les f’ra crever. Moi, ces jours là, j’ reste dans ma turne. Rien à foutre de la lutte de crasse, tous les systèmes sont dégueulasses ! J’ peux pas encaisser les drapeaux, quoique le noir soir le plus beau. La marseillaise, même en reggae, ça m’a toujours fait dégueuler. Les marches militaires, ça m’ déglingue, et votr’ République, moi j’ la tringle ! » (Où c’est qu’j’ai mis mon flingue ?)
« Etudiant en que dalle, tu glandes dans les facultés. T’as jamais lu l’Capital mais y a longtemps qu’t’as pigé qu’y faut jamais travailler et jamais marcher au pas, qu’leur culture nous fait gerber. » (Etudiant poil aux dents)
« Question d’ littérature: qui a écrit que les hommes naissaient libres et égaux, libres mais dans le troupeau, égaux devant les bourreaux ?’ (Triviale Poursuite)
« C’est comm’ça qu’ma socialiste qu’avait si peur des voleurs m’a largué en pleine manif à cause d’un vélomoteur : comment tu veux changer la vie si tu t’balises pour ton bien ? » (Socialiste)
« Et dir’ que chaque fois que nous votions pour eux, nous faisions taire en nous ce cri : Ni dieu ni maître ! Dont ils rient aujourd’hui puisqu’il se sont fait dieux et qu’une fois de plus nous nous sommes fait mettre. » (Le tango des élus)
« Tonton est colère, tout va de travers : l’Histoire, la gloire, tout foire parc’que ce soir, le vieil homme a, c’est dur, un caillou dans sa chaussure; un vieux rhume qui dure. Et puis cette nuit, misère, il a rêvé qu’un beau jour, la gauche revenait… » (Tonton)
« T’as fait tomber le mur de Berlin, si tu sais pas quoi faire des parpaings, pour ta gouverne y a d’la place ici, mon pépère autour de tous les ministères, toutes les casernes : ça évit’ra qu’le populo, un jour, nous pende tous ces barjots à la lanterne, quoiqu’ pour une fois ça s’rait justice de contempler ces pauvres sinistres la gueule en berne. » (Welcome Gorby)
« Qui imagine changer l’Histoire en votant pour quelques gangsters, en déléguant tous les pouvoirs à des politiciens pervers ? » (J’ai retrouvé mon flingue !)
MADAME LA MINISTRE, VOUS ÊTES CERTAINE D’AVOIR COMPRIS LES PAROLES DE SES CHANSONS ?
Kenavo, les aminches !
Courriel
Rien à rajouter, tout est (bien) dit !
Et à part ça l’auteur, tu ne cites pas les magnifiques chansons :
Mistral Gagnant
La pêche à la ligne
C’est quand qu’on va où ?
Le petit chat est mort
Autant de chansons qui prouvent la poésie et la grâce manuscrite de ce chanteur énervant. De ce poète de la rue. Car il est bien question de ça …
Je ne les cite pas parce qu’aussi belles soient-elles (c’est indéniable), elles ne peuvent pas être perçues comme dérangeantes pour le gouvernement français : j’ai seulement voulu dire que Renaud cultive depuis toujours une méfiance affichée envers les autorités, méfiance qu’il n’a pas reniée dans ses dernières chansons ; d’habitude, les politicards préfèrent honorer des gens qui leur lèchent les bottes, c’est pour ça que je trouvais cette nouvelle curieuse.