T’as déjà été pris pour une girouette toi ? Oui, certainement comme tout le monde. Moi aussi, j’ai déjà du faire face à un brusque changement de vent, mais on s’adapte, on improvise. Moi aussi, je me suis déjà fait mener par le bout du nez par une souris. Un coup, j’suis à droite, un coup j’suis à gauche. Viens, suis moi ! … mais pourquoi tu me suis ?! Oui … euh, non en fait. Et toi, tu cours, toujours. Hey, regarde, t’as vu mon cul … et bien tu l’auras pas … ou peut être !! Bref, on a tous déjà vécu ce sentiment de girouette.
Mais là, ce dont je veux te parler, si toutefois tu m’en laisse le temps et arrête de m’interrompre toutes les cinq minutes, ce dont je veux te parler donc, disais-je, c’est qu’en ce moment même, ma tête est littéralement prise pour une girouette.
Je ne saurais plus te dire ce qui m’a amené là, mais toujours est il qu’un mastodonte de 125kg bien trempé m’a chopé le col de ma chemise de sa main gauche et de la droite est en train de m’avoiner sévère. Putain, il déguste Bibi, j’ai la caboche qui valdingue de droite à gauche, un peu comme si je matais un match de tennis en accéléré. Il est plutôt véloce le balèze, si il continue comme ça, je vais pas tarder à filer aux pommes.
Je ne dois ma vie sauve qu’à l’intervention on ne peut plus opportune de mon fidèle hound qui comme un seul homme, oups pardon, comme un seul chien, n’écoutant que son courage, se jette sur l’entrejambe de mon bourreau et lui choppe les valseuses. J’ai pu voir son regard se pétrifier, suivi d’un arrêt immédiat du festival de gnons qu’il m’infligeait. Ce gros tas de viande rependait une odeur assez proche de celle d’un sanglier en rut, l’excitation de mon acolyte canin atteignit son paroxysme lorsque d’un coup de dents rageur et violent, il arracha un bon morceau de tissu assorti des balloches de l’obèse.
Oh putain, tu le verrais tomber à terre, en position fœtale, ses mains cherchant en vain ce qui jadis pendait entre ses deux grosses cuisses. Cet enfoiré pissait le sang sur le trottoir en pleurant ses couilles disparues. Reprenant mes esprits à la vitesse de l’éclair – tu me connais, non?- je pris tout de même la peine de lui envoyer une petite visite de mes santiags dans sa mâchoire, histoire de me rappeler à ses bons souvenirs.
Je tente de remettre ma chemise en place, mais les grosses paluche de King-Kong l’ont mise à mal. Je vais encore me faire engueuler par bobonne parce que j’ai craqué ma chemise. Ah, ce n’est pas super la vie de héros.
Je flatte la croupe de mon cabot, le félicitant de m’avoir, une fois de plus, sauvé les miches et m’enfonce trouver du réconfort dans mon rade préféré.
J’y retrouve celle qui sait à chaque fois de donner la chaleur dont j’ai besoin, la belle Donna.
-
Que t’es t il encore arrivé mon bichon ?
-
M’appelle pas comme ça Donna.
-
Bon, ben j’vois que t’as perdu des dents mais pas ta légendaire amabilité ! Viens voir un peu par ici, que je m’occupe de toi.
-
Sers d’abord une grande gamelle de flotte pour mon collègue.
-
Pourquoi, il a soif ?
-
Pas que soif. Quand tu viens de sucer un gonzier, Donna, tu files te rincer la bouche, non ? Ben, lui c’est pareil, il vient de se faire une salade de couilles et il a besoin de se rafraîchir le museau.
-
Eh ben, quelle équipe vous faites !
Après m’être assuré du bien être de mon sauveur à quatre pattes, je retrouve Donna, qui me couche contre son sein en me caressant doucement la tête
-
Dis, ma belle, t’as pas un petit truc qui me remonterait le moral ?
-
Une bouteille de Morgon, bien fraîche de la cave. Pis, attends, ne bouge pas, j’ai autre chose.
La belle s’en va par une porte située derrière le bar et reviens au bout de cinq minutes avec dans une main la bouteille et dans l’autre un disque.
-
Tiens, bois ça déjà. Ferme les yeux et écoute un peu ce son.
Me voilà plongé au cœur des 70′, en plein British rock, dans ce qui se faisait de mieux outre Manche. Il y a du Led Zep dedans, du Kinks, un peu de Who. Bref, ça sonne fort, les guitares sont grasse comme la cuisse du Morgon, la voix est aérienne et planante et la section basse/batterie est d’une incroyable efficacité.
-
Bon sang, que c’est bon Donna. Mais qui a pondu un tel opus ?
-
Rival Sons, leur dernier album au titre magnifique, vise un peu : Great Western Valkyrie
Rien de tel pour me remettre sur pied, je repars regonflé à bloc et prêt pour de nouvelles aventures.
Bon, le seul bémol concernant cet album, c’est qui l’a été encensé par les Inrocks.
Heureusement que je ne me suis pas arrêté à cela.
Voilà pis c’est tout.