Je ferme mon pantalon et remonte ma braguette à la vitesse de l’éclair. Voilà certainement pourquoi on appelle cela une fermeture éclair.
Non mais t’as vu cette phrase, camarade ? Ca, c’est de la phrase d’accroche. Allez, je te laisse le soin de la relire tranquillement. Ah, c’est sur, c’est pas chez les Guillaume Levy ou Marc Musso, les duettistes du roman en conserve, qu’on aura un début de texte aussi percutant.
Bref, un fois debout, je glisse un billet sur la table de nuit à coté de laquelle dort toujours la belle Donna. Une fois de plus, cette gentille souris a passé sa nuit à me soigner de mon plus grand maux … moi même. Toute la nuit, elle m’a écouté, encore et encore. Donna est la seule call girl que je paie pour m’écouter. Je lui envoie un tendre baiser sur son front et tire l’oreille de mon gros baveux d’équipier qui roupille comme une pierre au pied du lit. A ses yeux hagards et à son air mécontent, je déduis que je viens de le déranger au beau milieu d’un rêve où des dizaines de filles dénudées devaient se trémousser autour de lui.
Je descends faire un tour au bar, histoire de boire un bon café noir et de me rendre dans aux urinoirs. Après m’être lavé les pognes, non pas qu’elles soient sales, mais j’ai actionné le bouton de la chasse d’eau qui trône fièrement au dessus du pissoir et vu qu’il doit y avoir autant d’ADN différent dessus que dans la bouche de Paris Hilton, il est préférable de se frotter les mimines au savon.
Il doit être aux alentours de 4h du matin. Il est encore au bar, accoudé au comptoir. Le barman connaît bien ses habitudes, si il boit un bloody Mary, c’est qu’il a le blues dans sa vie. A cette heure, il doit en être à son vingtième mais il tient le coup, la tête entourée du nuage gris bleuté de sa gitane éternelle. Imperturbable, de ses mains aux ongles jaunis par la nicotine, il fait danser ses doigts sur un clavier imaginaire, accompagnant le pianiste dans son délire.
Autour de lui, papillonnent des filles, vivant du string minimum. Lui s’en fout, son blues lui suffit ce soir.
Je m’approche, pour essayer de mieux l’apercevoir. Est ce un mirage ? Est ce bien lui ? Non, ça doit être mon imagination, la fatigue. Pourtant, que j’aimerai le voir là, en face de moi.
Je vais laisser le soin à Eddy Mitchell de terminer le texte :
« Au bar du Lutetia, maintenant ce n’est plus ça, depuis qu’tu n’y viens plus, l’barman est comme perdu, le pianiste jouant seul, « Vieille canaille » mais tout seul, tu ne perds pas au change, tu bois avec les anges … maintenant ce n’est plus ça »
Merci au beau Eddy et à sa magnifique chanson « Au bar du Lutetia »
Voilà pis c’est tout