… et incarcéré dans son pays pour dissidence politique.
Façon de saluer simplement, civiquement, une lutte là où nos éminents dirigeants traînent des pieds. Après tout, les droits de l’Homme et du Citoyen, héritage des Lumières et de la Révolution française en embarrassent plus d’un au pays même qui les a vus naître. Afin de nous y retrouver tous, chers concitoyens, je me permets de vous en proposer une traduction personnelle ci-dessous.
Oslo, 8 octobre 2010
[Le Comité Nobel de Norvège a décidé de décerner le {{prix Nobel de la Paix 2010 à Liu Xiaobo}} pour son combat, long et pacifique, en faveur des droits fondamentaux de l’Homme en Chine. Voilà fort longtemps que le Comité Nobel de Norvège est profondément convaincu de la relation entre les droits de l’Homme et la paix. Ces mêmes droits sont les valeurs indispensables {{préalables à la fraternité entre les nations}}, pour reprendre les dernières volontés exprimées par Alfred Nobel.
Au cours des dernières décennies, la Chine a connu des progrès économiques dont on a peine à trouver semblables exemples dans l’Histoire. Ce pays est devenu la deuxième économie mondiale, des centaines de millions de gens se sont élevés au dessus du seuil de pauvreté. Le champ de l’action politique s’est lui aussi étendu. Le nouveau statut de la Chine doit aussi ouvrir sur des {{responsabilités accrues}}.
La Chine est {{en infraction}} avec plusieurs accords internationaux dont elle est signataire, y compris vis-à-vis de ses propres dispositions relatives à l’action politique.
L’article 35 de la Constitution chinoise reconnaît — je cite — {{« aux citoyens de la République populaire de Chine, la {{liberté d’expression}}, de la {{presse}}, le droit de {{réunion}}, d’association, de procession et de {{manifestation}} »}} — fin de citation. Dans la pratique, la démonstration est faite que ces libertés ont été particulièrement bafouées aux dépens des citoyens chinois.
Voilà plus de deux décennies que {{Liu Xiaobo}} porte la parole en faveur de l’application de ces droits fondamentaux en Chine. Il a participé aux événements de Tien An Men en 1989 ; il a mené activement la {{rédaction de la Charte 08}}, un manifeste des droits fondamentaux en Chine, publiée à l’occasion du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de l’ONU.
L’année suivante, Liu allait être condamné à onze années de prison et deux années de privation de ses droits civiques, pour incitation à la subversion envers le pouvoir de l’Etat. Avec force d’arguments, Liu a maintenu que cette sentence constituait une {{violation}} non seulement de la Constitution chinoise mais aussi des droits de l’Homme les plus fondamentaux.
La campagne visant l’instauration des droits de l’Homme en Chine est activement soutenue par de {{nombreux Chinois}}, aussi bien présents sur le sol chinois qu’à l’étranger. Par la condamnation sévère qui lui a été infligée, Liu est devenu, dans une plus large mesure, la {{figure emblématique}} de tous ceux qui se battent pour les droits de l’Homme en Chine.
Je vous remercie.]
{{Thorbjørn Jagland,}} Président du Comité Nobel de Norvège, 2010
Pas de citoyenneté sans le respect des droits qui lui sont liés.
Pas de paix, sans citoyens respectés.