Quelle est la juste distance entre le commentaire sociopolitique et le ragot people, et pourquoi distinguer Massimo Gargia de Nicolas Sarkozy qui partagent un même sens certain de l’élégance et un postérieur aux dimensions respectables? Débat d’un autre âge qui n’a plus lieu d’être quand les trompettes de la renommée ne sont orchestrées qu’à la seule fin de couvrir le bruit des casseroles. Aussi lançons-nous avec allégresse dans la littérature de tabloïd, vautrons-nous sans scrupule et sans souci d’éthique dans la presse de caniveau, et traquons la petite culotte subreptice que la starlette cocaïnée qui assure un quart du PIB de la Colombie exhibe au sortir de sa limousine; faisons le siège de Buckingham Palace et du Rocher de Monaco, où la Princesse gironde s’ennuie encore plus que quand elle n’était que roturière, et allons chercher dans les poubelles des vedettes les lecteurs potentiels qui se cognent comme de leur premier Paris Match des histoires de bergers et de quinoa.
A tout seigneur, tout honneur, commençons donc par fouiller dans la poubelle la plus lue d’Europe, à savoir le Bild, où le patriarche de la dynastie Sarkozy de Nagy-Bosca a révélé que la Première Dame pourrait accoucher le 3 octobre. Pendant que l’Allemagne célèbrera l’anniversaire de sa réunification, un obtétricien coupera le cordon d’airain et séparera l’héritier du saint utérus de Mme Bruni-Sarkozy, ce qui, excusez du peu, est un peu plus important que la greffe d’un groupe de communistes au saint Empire Germanique où même Sa Sainteté Benoït XVI est mal accueillie de nos jours tant les pauvres ne respectent plus rien. Fort heureusement, le Président a déjà affirmé qu’il tenait à ce que le dauphin soit lavé de ses pêchés au plus tôt et baptisé dans la plus pure tradition chrétienne, car la laïcité vantée par les gueux rabaisse l’Homme au rang de la bête, et parce que l’instituteur n’a pas l’élévation morale de l’homme de Dieu. Saluons le magnifique élan de tendresse d’un grand-père ému, qui avait déjà révélé la grossesse de Carlita, et versons une larmichette sur ce signe du destin lourd de sens pour les amants de l’Elysée à qui l’image du père a fait tant défaut dans leur prime jeunesse. Pal Sarkozy s’est d’ailleurs épanché lors d’une exposition où il présentait une toile figurant Raspoutine, l’âme damnée du Tsar Nicolas II de Russie, ce qui nous amène en droite ligne à notre rubrique nobiliaire.
Ainsi, Brice Hortefeux, l’âme damnée de Nicolas Ier de France, a fait la une des gazettes ces derniers jours grâce à la délicieuse princesse Hélène de Yougoslavie, fille du prince Alexandre de Yougoslavie et de la princesse Maria Pia de Savoie, petite-fille du Roi Umberto et de la Reine Marie José d’Italie. Quoique nous déplorions qu’elle ait consenti à épouser un manant en la personne de Thierry Gaubert (union consacrée par M. Sarkozy en la mairie de Neuilly sur Seine), nous observons qu’elle vient enfin de se souvenir des devoirs qu’impose l’aristocratie. En effet, enfin séparée de son membre du Tiers-Etat, elle dénonce à la justice les pratiques de son ex-mari dans le cadre de l’affaire du financement de la campagne d’Edouard Balladur. Brice Hortefeux s’en est même enquis auprès de M. Gaubert, et tout le monde de se demander comment l’Auvergnat , qui lui n’est pas du genre à donner quatre bouts de bois au premier bélître venu, sait autant de choses sur une instruction qui est réputée être secrête. De même, bien que l’on sache que Nicolas Ier est protégé de la justice par la grâce divine et par la Constitution, comment sait-il que son nom n’est pas cité dans les dépositions? La justice ne serait-elle donc pas libre et indépendante en France? Les bras et les titres de noblesse m’en tombent, et j’espère que la famille de Valois reprendra bien vite la couronne et son ascendant moral sur ce pays qui va de Charybde en Scylla depuis que la Gueuse fait loi sur la fille aînée de l’Eglise.
En attendant notre prochain numéro qui révèlera les meilleures photos du concert de Shakira organisé à l’occasion de l’anniversaire du Président tchétchène, oublions quelques temps les manants en regardant l’intégrale des « Sagas » de Stéphane Bern avant d’aller prendre l’apéro avec Hermine de Clermont-Tonnerre.