Il n’y avait donc pas qu’un Besson chez les socialistes mais beaucoup d’autres. Ces gens qui portent hauts leurs beaux principes avec la bouche , la plume ou la souris mais qui s’empressent de les fouler du pieds dès que l’occasion leur est donnée.
La déroute de Ségolène Royal lors du premier tour des primaires a réjouit ces socialistes en papier mâché, ces donneurs de leçons qui aboient même sur leurs propres amis qu’ils accusent d’être les chiens de l’histoire.
Je suis de ceux qui pensent que Ségolène ne devait pas être la représentante du parti socialiste aux présidentielles de 2012. Ce n’est pas une question de capacité, je ne doute pas un instant que Ségolène Royal est loin d’être l’idiote caricaturée jusqu’à l’outrance. C’est simplement qu’il n’y a pas chez elle, pas plus que chez François Hollande, cette petite étincelle inexplicable qui fait la différence entre un homme politique et un homme d’état, race dont manque cruellement la France.
Faut-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain ? Les in-humanistes ont vite fait de retourner leur veste : celle que plus de 17 millions de personnes voyaient comme une potentielle présidente en 2007, faisant mieux que le président Chirac en 2002 sans réussir à endiguer la vague populo-poujado-sarkozyste , serait-elle devenue l’ennemie à abattre ? Devons nous nous réjouir de la claque qu’elle a reçue dimanche dernier en même temps que du score de Montebourg ? pour ma part, la réponse est non.
Non parce que je n’oublie pas ce qu’a représenté Ségolène Royal pour les socialistes en 2007 ; il y avait là un attachement presque irrationnel envers celle qui constituait notre dernier espoir d’éviter de prendre 5 ans de sarkozysme dans la figure. Qu’importe alors qu’elle n’avait aucun charisme, qu’en meeting elle savait autant haranguer une foule que moi faire la danse du ventre, qu’elle portait certaines idées avec lesquelles nous n’étions pas en phase. Ségolène Royal était alors notre messie, notre bouée. Et cela d’une manière d’autant plus forte sans doute que nous avions cette impression étrange que rien ne pourrait arrêter le candidat de l’UMP qui avait derrière lui les puissances médiatiques, financières et l’appareil d’état dévoué à sa seule gloire. Même le vieux Chirac semblait résigné à laisser les clés de l’Elysée au traître de 1995 sans coups bas dont il était pourtant le maître incontesté. On vivait en cette campagne une atmosphère de désespoir, conscient que sans doute on assistait aux derniers instants d’espoirs avant longtemps.
Sans doute en interne Royal a-t-elle cristallisé la crispation de ses « amis » éléphants de par son comportement en marge du parti. Sans doute a-t-elle agacé en prenant des positions pas toujours en adéquation avec la bonne doctrine socialiste.
Mais jamais Ségolène Royal n’a cessé d’être une femme de gauche, une battante qui a souvent dit des choses avec plus de clarté que les autres, sans ambages quand par exemple elle dénonçait le « système Sarkozy corrompu » fin juin 2010. Il y a chez Madame Royal du courage et elle mérite de conserver un rôle au sein du PS.
Tout comme elle mérite le respect : c’est la moindre des choses que nous lui devons, à elle qui a toujours défendu de nombreux idéaux auxquels nous , peuple de gauche , sommes intimement attachés. Et ceux qui ne lui accordent pas même ce minimum syndical montrent juste leur vrai nature…