Quel est le point commun entre un ours belge, une sirène candidate à la présidentielle, un indien de jardin et une fleuriste sourde ?
Vous ne voyez pas ? Ce sont pourtant tous les héros d’une performance théâtrale de la compagnie d’improvisation de Metz, le Minou (Mouvement d’Improvisation Novateur, Ouvert et Utile). Sortis tout droit de l’imaginaire des comédiens, les personnages issus du théâtre d’improvisation apportent de la fraicheur sur les planches.
Cette discipline théâtrale particulière est née de l’esprit d’un canadien, Robert Gravel, en 1977. Afin de casser l’élitisme du théâtre, ce dernier invente le concept d’un match d’improvisation, similaire à un match de sport. L’idée se développe au Québec avant d’arriver en France et dans les autres pays francophones. Quant au Minou, cela fait déjà près de 10 ans qu’il fait rire son public, toujours plus nombreux. Le chat floqué sur les maillots des jouteurs est à leur image : « imprévisible, acrobate et chaleureux avec tous ».
Comme n’importe quel sport, les participants (appelez les « jouteurs ») sont encadrés par des règles, dictées par un arbitre intransigeant. Deux équipes, vêtues de maillot à leurs couleurs, s’affrontent sur les thèmes et contraintes imposées. Un maître de cérémonie veille à garder une ambiance électrique dans le public, aidé par un DJ prêt à chauffer la salle à chaque temps mort. De catégorie libre ou prescrite par l’arbitre (sur un air de Polnareff, avec l’accent anglais, sans limite d’espace…), chaque scénette s’improvise autour d’un thème (bien souvent une phrase courte de type « Noël au Vénézuela ») durant une durée déterminée (variant généralement de 10 secondes à 8 minutes). Le nombre de jouteurs peut être ou non limité. Après avoir mis en place ces diverses règles, les deux équipes s’affrontent, révélant avec spontanéité tout leur humour.
La répartie est maitresse du jeu. Chaque histoire est unique et se crée de toute pièce devant un public survolté et investi puisqu’il vote, grâce à deux cartons de couleur, pour la prestation la plus drôle. Le public joue le jeu, son jeu. Sans oublier qu’il ne manque pas de canarder l’arbitre, à grand renfort de chaussettes roulées en boule et distribuées à l’entrée. Jeux de mots, blagues potaches ou humour fin, le théâtre d’improvisation est un florilège de malice.
Et hier soir l’affiche était particulièrement facétieuse à la Salle Braun de Metz, avec un match opposant le Minou à la Libido (Ligue d’Improvisation de Brest et de l’Ile D’Ouessant). Un « choc des titans » sulfureux, forcément, qui n’a pas omis de faire hurler de rire son public avec un enchainement d’histoires toutes plus loufoques les unes que les autres et des jouteurs désopilants. Même si le match fut remporté par la Libido, car le public n’est pas chauvin, la soirée fut superbe. L’alchimie entre mosellans et bretons avait opéré, donnant naissance à un cocktail d’humour explosif. Il y avait quelque chose de « Monty Python » hier au 18 rue Mozart. Chaleureux et hilarant, loin de tous les problèmes du quotidien, de la grisaille et du froid, le théâtre d’improvisation est un excellent remède contre la morosité. Et pour ce qui est du Minou, l’essayer, c’est l’adopter.