Dimanche matin, je sors de ma chambre. Le soleil blanc de l’hiver, réchauffant la pelouse, fait glisser le long des brins d’herbes de fines gouttelettes, vestiges d’une gelée matinale que je n’ai pas eu la chance de voir. Il doit être neuf heures et demi lorsque je me dirige dans la cuisine, me presser un citron dont j’avale, d’une seule gorgée, le jus délicatement sucré et acide. J’ai dormi quoi ? Trois heures ou quatre au plus. Merde, faut que je dise aux trois magnifiques sirènes vautrées sur mon pieu de déguerpir au plus vite. Ce fût un plaisir mesdemoiselles mais je préfère déjeuner en paix. C’est vrai quoi, pourquoi m’infliger la vue désastreuse de trois reines de beauté, la mine défaite, les trais tirés, le maquillage partant à vau l’eau et les sous vetements à l’envers. Alors que voilà encore quelques heures, elles étaient sublimes, illuminant la nuit noire de leurs éclatants dessous chics, faisant naitre dans mon esprit torturé des centaines d’idées vicieuses.
Sans compter que la vision de mon caleçon Gaston Lagaffe risque de reveiller une nouvelle fois leurs ardeurs nymphomanes et cela tombe plutôt mal puisque dans moins d’une heure, ma gonzesse rentre de week end et elle deteste trouver un lit défait, surtout pas d’autres qu’elle.
Puis faut que je trouve une idée pour ma rubrique musicale du Graoully. Je voudrai pas decevoir les cinq courageux lecteurs qui osent me lire.
Alors je me prend en main, faut trouver une idée, de quoi vais je parler ? Un jour faudra que je te cause de Lady Gaga, l’e-conne pop, te dire ce que j’en pense. Qu’elle gache son talent à se perdre dans des postures marketing, de fausses provocations orchestrées par une équipe de publicitaires. J’imagine bien le brainstorming du lundi, une réunion comme dans toutes les boites, où les gars, autour d’une table en acajou, dissèquent les tendances.
Un type, costume noir, cravate beige, annonce:
« Tiens, j’ai vu un sondage montrant que les gens deviennent de plus en plus favorable au mariage gay ».
Tandis qu’un petit gros, la bouche encore pleine d’un croissant au beurre qu’il vient d’engloutir, lance en loucedé:
« Ben tant mieux, y pas de raison qu’il n’y ait que les hétéros qui se fassent chier »
Un autre zig, chemise grise à col et revers blancs se lève, fier et euphorique tel Seguela découvrant les cabines UV portatives, lance à l’assemblée
« Super, j’ai une mega idée, on va la faire militer pour le mariage gay, le marché est porteur »
Et tous se congratulent de cette riche réunion. C’est ainsi que tu retrouves quelques jours plus tard, la Gaga faire le tour des plateaux télés, militant pour le mariage homosexuel.
Bon là, la cause est noble et sérieuse et va dans le bon sens, faire avancer les mentalités. Mais ces réunions ne sont pas toutes auréolées de succès.
Une autre fois, un type a convaincu ses collègues qu’il serait judicieux que la star fasse un geste pour séduire les garçons bouchers … tout le monde se souvient du résultat. A part attirer tous les chiens du quartier et les mouches, sa robe de rumsteak, onglet et bavette n’a pas eu les effets escomptés. Je n’ai toujours pas entendu son CD tourner chez mon boucher, c’est bien une preuve ça, non ?
Je pense que lorsqu’elle sera débarrassée de cette couverture superficielle, son talent se remarquera d’autant plus.
Quant à moi, comme je n’ai toujours pas d’idée pour mon article de vendredi, je décide de me mater un bon concert de mes rockeurs préférés, Aerosmith. Toujours là, les gars de Boston … et quand on connait les excès du groupe, cela relève du miracle. Les Toxics twin, comme étaient surnommés Steven Tyler et Joe Perry, sont ce que l’on peut appeler des survivants. Les drogues et l’alcool n’ont pas eu raison d’eux. Une vie vouée au rock n’roll, en plein dans le cliché sex, drug and rock’n roll.
Mais quel pied de les écouter, de les voir sur scène. Alors, oui, certains vont me dire que c’est un groupe à gonzesses. C’est vrai que les ballades sirupeuses de Tyler and co plaisent beaucoup à la gente feminine, mais pour avoir assisté à un show à Bercy, je peux te dire que voir l’effet stimulant que provoquent les gemissements de Steven Tyler sur les filles est extremement agréable à voir et à vivre, ça se déloque, les soutifs volent, ça se frotte ….. vite, vite il me faut une bière bien fraiche !!
Ah putain, les riffs de Joe Perry me filent une pêche d’enfer. Du coup, dans l’euphorie générale qui règne dans mon appartement, les filles me rejoignent sur la canapé et nous voilà reparti pour scéance de tourniquet alsacien gratuite, à laquelle vient prendre part mon fidèle Derrick (cf. chroniques précédentes). Il ne peut s’empécher de laisser trainer ici ou la, sa langue aventureuse. Si on m’avait dit que cela prendrait cette tournure, je n’y aurai pas cru. Je t’aurai accusé de folie, d’avoir la cafetière en ébullition, les méninges qui font des vagues, la vellecer qui zaifeu des gueva comme l’a chanté l’excellent Dutronc. Pourtant, j’ai beau me pincer, je ne rêve pas. Ne faisant plus gaffe à l’heure, j’oublie le retour de ma gonzesse. Je me retourne et, stupeur, je la vois à la porte du salon … et bien tu me crois mecton si je te dis qu’au lieu du scandale annoncé, c’est tout l’inverse qui se produit. Mademoiselle, veut aussi son tour de manège gratuit, envoutée par le rock n’roll sexy d’Aerosmith. Comme quoi la musique a des pouvoirs bien aphrodisiaques. Vive le rock ‘n roll criais-je, juste avant de sombrer…
Bien entendu, tout ceci est faux mais fallait bien que je ponde quelques lignes, qui seront la caution que le ‘Graoully Déchainé’ n’est pas que sérieux, qu’il y a un type un peu fou, parano, mytho et fainéant qui y traine son stylo.
Je tiens à remercier en vrac, Cabrel, Gainsbourg, Dard et Gaston Lagaffe pour leur aide précieuse apportée à cet article.
Voilà pis c’est tout.