DESTRUCTION SOCIALE DE L’ENFANCE

 

On a donc retrouvé aujourd’hui le corps du petit Christopher, 9 ans dans l’Eure. Il avait disparu le 29 octobre dernier du Centre Départemental de l’Enfance de Champhol (Eure et Loire).

Ce gamin présentait des troubles du comportement ,et était présenté comme instable psychologiquement et coutumier des fugues. Le propos ici n’est pas de juger les éducateurs sous la surveillance duquel était placé Christopher. Mais bien d’alerter l’opinion sur l’ensemble d’un système de protection de l’enfance qui ne remplit plus ses fonctions.

Le centre départemental de l’enfance de l’Eure et Loire est comme tous les les centres de ce type un foyer d’accueil d’urgence, sorte de gare de triage à partir duquel les jeunes sont normalement orientés vers des structures adaptées à chaque cas.

La question qui se pose alors est la suivante : mais que faisait donc un jeune comme Christopher dans un centre d’accueil d’urgence alors qu’il avait déjà été identifié depuis longtemps comme psychologiquement fragile ? Ces centre d’accueil d’urgence sont eux-mêmes source d’une grande instabilité : équipes mouvantes avec des contrats précaires pour les éducateurs ), ,contexte souvent violent, et surtout moyens d’un suivi spécifique quasi inexistants.

On insiste beaucoup sur la prise en charge des personnes âgées ; un député UMP, Laurent Hénard , qui pourrait prochainement devenir ministre en signe de récompense pour sa claque pris dans les régionales de mars dernier, propose même que les français abandonne un jour férié pour financer la prise en charge des retraités. Mais que fait-on pour notre jeunesse ?

Qui a déjà mis les pieds dans un centre de l’enfance vous le dira : refaire la peinture de la cuisine centrale ne remet pas à neuf les locaux dans lesquels vivent les adolescents ; matelas crasseux, sommier en bois, douches insuffisantes , quand elles ne sont pas fermées pour cause de légionellose comme cela avait été le cas il y a quelques années…des éducateurs pas diplômés ou d’autres usés se contentent de gérer sans aucune réflexion éducative des groupes souvent plus nombreux que la capacité d’accueil ; ainsi a-t-on déjà vu des chambres de 6 où des matelas avaient encore été ajoutés à même le sol…des groupes de 20 jeunes qui devaient se partager 3 ou 4 toilettes et 2 ou 3 douches. Des éducateurs eux-mêmes fragilisés par des contrats précaires , renouvelés au gré des humeurs d’une direction qui soigne les apparences ; ainsi , elle prône la mise en place de festivités pour attirer les politiques et leur montrer le côté pile des choses en omettant bien sûr de leur montrer le côté face décrit ci-dessus. Pour monter en grade dans cet univers , la solution est simple : cachez la misère et ne vous interrogez jamais sur l’éthique de votre travail et sur son sens.

Combien de jeunes sortent abimés, amochés à tout jamais par leur passage dans ces centres qui auraient du au contraire les sécuriser et les emmener vers le soin si besoin ? combien de jeunes filles arrivées là suite à des problèmes d’inceste et qui en ressortent détruites , parfois prostituées , par la faute d’ une prise en charge inadaptée et un contexte ultra-violent …et pas seulement à cause des jeunes : une éducatrice à une jeune , victime d’inceste , rentrant après une fugue   » tu t’es bien fait pêter lecul ? … » ? Combien combien de jeunes intelligents, sensibles et capables de rebondir se sont finalement enlisés dans ce bourbier, parfois maltraitant : une éducatrice diplômée disant à un jeune  :  » tu sais je connais ton dossier , je sais quoi te dire pour te faire pêter les plombs  » ? Combien de ces jeunes vois-je maintenant sur les trottoirs de Metz avec une culpabilité qui m’étreint ?

Oui, la prise en charge des jeunes placés par décision de justice dans ce pays est souvent catastrophique et totalement inadaptée ; la période entre l’accueil et l’orientation définitive est trop longue et ne sert qu’à achever de déstabiliser les jeunes ; le personnel a souvent perdu toutes ses illusions et le manque de savoir faire et de savoir être fait des ravages ; quant aux enfants et aux adolescents psychologiquement fragiles , le manque de structures adaptées est une véritable honte pour notre pays. Pour ne pas dire un manquement criminel…et après tout ça, on vient nous dire que les enfants seraient malheureux dans des couples homos…

Pauvre jeunesse de France.

 

One thought on “DESTRUCTION SOCIALE DE L’ENFANCE

  1. bien le bonjour ,bien venue dans ce monde moderne ou le progrès fait rage ! après lecture de cet article et pour le plaisir de la « controverse » je vais donner mon avis , en ce qui concerne certains éducateurs usés ,lassés,cassés,stressés,en grande souffrance oui ils se maintiennent en survie professionnelle , idem pour des adeptes forcés du CDD ayant le rêve du cdi . Pour ces deux éducatrices « éduCastratrices » elles n’ont rien à faire dans ce milieu , en être arrivée à des attitudes verbales me donne à penser soit une incompétence totale ou un système d’auto défense qui engendrerait de l’agressivité !
    mais à la décharge de ces personnes je dirait que l’on est face à une destruction lente et sure depuis des années des services socio-éducatifs , qui va avec la casse des services publiques ,tant sur le plan choix du personnel (plus jeunes ,plus malléable,plus précaire…)
    diminution des budgets de fonctionnements , des budgets éducatifs , enfin bref on nous emmènerait vers une organisation made in USA avec des organismes privés avec gardes musclés discipline militaire
    que je serais pas plus étonné que çà , les bâtiment seraient construit par les copains aux copains ,et 53 % au minimum des français
    applaudiraient en déclarant « faut les mater quand ils sont jeunes »
    j’ai du entendre ce discours dans les années 60 en « Maison de correction »
    je vous souhaite tout le bonheur du monde
    doudou mariolo « Nomade de la tribu des Saltimbanques »

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