La vraie nature des donneurs de leçons

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Amis messins, bonjour ! Je vous écris depuis la pointe Bretagne où, pour la première fois depuis longtemps (la dernière fois, ça doit remonter aux législatives de 1997), je me suis pissé dessus de rire en écoutant les infos.

Non, ce ne sont pas les gesticulations de Ségolène Royal qui sont à la source d’une telle hilarité, même si la nouvelle tête de turc de notre ami Citoyen Liberté atteint les sommets de l’endivitude. Ce n’est pas non plus la dégringolade dans les sondages de notre demi-président qui est de nature à me faire rire, puisque je trouve invraisemblable que le caniche de Balladur ait seulement pu être populaire. Non, si j’ai éclaté de rire, c’est en apprenant que Zinedine Zidane et Yann-Arthus Bertrand avaient soutenu la candidature du Qatar à l’organisation de la coupe du monde 2022 moyennant finance.

Enfin ! Je suis enfin vengé de ces douze ans d’insulte à l’intelligence qui ont suivi la victoire en coupe du monde de l’équipe de France de football en 1998 ! Que l’amateur de football lambda ait adulé Zidane pour son talent en tant que joueur, c’était normal : ce qui l’était beaucoup moins, c’est que sous prétexte que les footballeurs français étaient champions du monde, on s’est mis à écouter religieusement la moindre de leur déclaration, à leur donner un statut de grands sages qu’ils ne méritaient pas, surtout Zidane qui a passé une bonne partie de sa carrière à collectionner les cartons rouges ! Ah, je les revois encore, toutes ces images de « Zizou » que l’on montait en épingle pour représenter l’honneur de la France, que l’on donnait en exemple aux enfants, qui jouait son rôle de pédagogue à deux balles du genre qui vous prend sur vos genoux et vous parle, avec une condescendance qui ne dit pas son nom, des « leçons de vie » qu’il a reçues sur les terrains de foot… Et tous les portraits géants de lui avec cet air buté et limité qui passait pour serein et déterminé auprès des téléspectateurs de TF1 ! Et toutes les excuses bidon qu’on lui a inventées quand il lâchait la bride à son agressivité digne d’une petite frappe de banlieue ! Et toutes les publicités où des margoulins sans scrupules exploitent cette image de sage de prisunic pour vendre leur merde ! Et toutes les victimes consentantes qui tombaient dans le panneau, absolument pas gênés que saint Zidane, soi-disant enfant des bas quartiers, touche 8,5 millions d’euros par an en contrats publicitaires ! Zidane était au capitalisme ce que Stakhanov était eu communisme, un bon chien-chien à son maî-maître qui a rapporté plein de sous à ses patrons qui l’ont fait passer pour un héros pour vendre du rêve en conserve à ceux qui ont peur de rêver par eux-mêmes.

Mais maintenant, c’est fini : on ne pourra plus dire qu’on ne savait pas que Zidane était aussi pourri que l’est le milieu du foot en général ! Apprendre qu’il avait reçu onze millions d’euros pour soutenir la candidature à l’organisation d’un pays qui n’est ni une grande nation de football ni une démocratie, le Qatar, l’a montré aux yeux du monde entier sous son vrai visage, celui d’un enfant gâté qui a connu trop rapidement la gloire, le luxe et la fortune pour avoir eu le temps de développer une éthique et qui, à ce titre, est prêt à n’importe quelle magouille pour se remplir les poches… C’est ça, le dépositaire de l’honneur de la France ? C’est ça, le grand sage qui a appris la vie sur les terrains de foot ? Il ressemble plus à Tony Montana qu’à Albert Camus, oui ! Il ne mérite pas d’être seulement écouté, il n’a pas plus de crédibilité éthique que Philippe Val. Il aura fallu douze ans et cette nouvelle fracassante pour que tout le monde s’en rende compte, mais qu’importe, je suis vengé, vengé, vengé ! Vous comprenez maintenant pourquoi j’étais plié en huit !

Et Yann-Arthus Bertrand ? Alors, là, on atteint des sommets ! J’avais mal aux côtes ! Et pour cause : comment voulez-vous qu’on y croie, à un défenseur de l’environnement dont les productions sont subventionnés par Luc Besson, qui fait l’apologie des engins pétaradants à toute vitesse dans ses navets, et par François-Henri Pinault, le grand marchand de bois français ? Et pourtant, les gens, se laissant bercer par les belles images du photographe comme un opiomane par sa came, y ont cru, sans chercher plus loin, sans se demander si ce pignouf qui culpabilisait le populo dès qu’il allumait une lampe (moi-même, ces derniers temps, je ne pouvais pas appuyer sur un interrupteur sans avoir l’impression de hâter la fin du monde !) n’avait pas lui-même un « bilan carbone » démentiel avec tous ses voyages en hélicoptère, sans imaginer un seul instant si la seule chose qui intéresse véritablement le photographe n’est pas tout simplement de faire de belles images qui font vendre, quitte à devoir manger à tous les râteliers pour y parvenir , sans jamais prendre ses distances avec la fin de Home qui salue la prise de conscience environnementale des grands de ce monde (sic.), signe évident pourtant du fait que Yann-Arthus ne voulait pas se fâcher avec les pollueurs du moment qu’ils lui donnaient de quoi aller faire ses belles photos, sans même voir que l’esthétisme délibéré des photos du moustachu minimise la pollution qu’il prétend dénoncer… Bref, les écologistes du dimanche qui ont besoin à tout prix d’une vache sacrée, devenus orphelins depuis la mort de Jacques-Yves Cousteau et d’Haroun Tazieff, et ne pouvant se satisfaire de Nicolas Hulot dont la compromission avec les pollueurs (EDF, Bouygues, L’Oréal, etc.) est trop visible, se sont rabattus sur ce sauveur de la planète en carton-pâte (non recyclé) que constitue Yann-Arthus-Mes couilles.

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Mais là, maintenant, c’est trop énorme : on ne peut pas faire semblant de ne pas connaître la vérité sur le photographe ! Un écologiste qui soutient une aberration environnementale d’une si grande ampleur que la construction de stades climatisés en plein désert, personne ne peut y croire ! Personnellement, je ne me suis jamais intéressé à ses photos et je ne les ai jamais trouvées si parlantes que ça, mais j’avais honte de le dire de peur qu’on m’accuse de ne pas m’intéresser à l’environnement ! Maintenant, je peux enfin, la vache sacrée n’était qu’une baudruche ! La seule verdure qui l’intéresse, c’est celle des billets que lui donnent les puissants pour financer ses voyages, dont l’émir du Qatar qui, tout en continuant à assurer sa fortune en vendant à l’Occident du pétrole pour toujours plus pourrir la planète à grands coups d’émissions de CO², achète du même coup son brevet de défenseur de l’environnement, brevet pour l’obtention duquel le photographe prétend être le seul examinateur légitime, sur la base d’une légitimité qu’il s’était abusivement bâtie lui-même avec l’aide de margoulins sans scrupules et de naïfs sans cervelle.

Bref, en un mot comme en cent, cette affaire de corruption dans l’attribution au Qatar de l’organisation du mondial de football 2022 aura eu l’utilité de dévoiler la vraie nature des donneurs de leçons, à savoir des gens qui, sans avoir aucune éthique personnelle, ont cependant la prétention insensée de faire la morale aux gens, soit parce qu’ils pensent qu’être riches et célèbres leur donne tous les droits et les met à l’abri du mépris de la masse, soit parce qu’ils espèrent ainsi racheter leur propres fautes, mais qui n’en ont pas moins pour devise officieuse « Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais ». On peut mettre dans le même panier Eric Cantona qui appelle les gens à retirer leur argent des banques pour faire s’écrouler le système capitaliste (j’ai déjà dit ce que je pensais de cette tactique simpliste) et qui, finalement, va tout juste retirer 1.500 euros dans une banque de la Somme… Comme s’il n’avait que 1.500 euros sur son compte avec la retraite de footballeur international qu’il touche et avec tout l’argent que lui donnent les marques pour lesquelles il fait de la pub ! Là encore, de deux choses l’unes : ou bien Cantona s’imagine qu’il a droit de dire n’importe quoi sans même être cohérent avec lui-même sous prétexte qu’il fut un grand champion, ou bien il espère expier, par personne interposée, la culpabilité qu’il éprouve en rendant service au capitalisme en vendant son image à la pub. En plus, sa femme elle-même fait de la pub pour LCL… « The King » ne va pas cracher dans sa soupe, surtout si c’est sa chère et tendre qui la lui sert, non ?

Conclusion : méfiez-vous des vaches sacrées. Pensez par vous-mêmes, ne laissez pas une personne riche et célèbre vous bouffer le cerveau, sous peine de vous exposer à une terrible désillusion. Assurez-vous au moins que cette personne applique ses bons conseils avant de la féliciter pour sa sagesse, mais n’en faites pas une idole. Amis de Lorraine, kenavo.

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