Le Saint-Père, qui est un de nos fidèles lecteurs, a cru devoir faire amende honorable après la chronique qui lui était consacrée il y a quelques jours. L’excuse à retardement est une pratique traditionnelle des autorités pontificales qui intervient en général plusieurs siècles après la faute incriminée, car Dieu est amour, mais il est méchamment rancunier, ce n’est pas Giordano Bruno qui vous dira le contraire. Nous sommes donc fiers de vous présenter l’acte de contrition de Benoît XVI, que nous avons un peu vite accusé d’être un vilain obscurantiste.
Alors que les pèlerins et la police tuaient le temps en cognant les manifestants venus afficher leur courroux à l’endroit du caractère dispendieux de la fête à Jésus, le Pape exprimait son inquiétude sur ce bas-monde qui n’est que corruption, « superficialité, et hédonisme », et invitait les dirigeants mondiaux « à remettre l’homme au coeur de l’économie ». Après tout, le successeur de Saint Pierre n’est lui même que le salarié d’une multinationale dont le patron a déjà prouvé tout l’amour qu’il porte au droit du travail, puisque que pour être cadre il suffit d’être crucifié, lardé de flêches, ou de se faire violer avec onze mille copines. Allez, Benoît, on se fait la bise, on oublie, entre amis on ne se fâche pas pour de vulgaires histoires de gros sous, comme dirait Maurice Lévy nous ne sommes pas des gueux que je sache.
Mais chassez le surnaturel, il revient au galop avec les cavaliers de l’Apocalypse. A peine Benoît se parait-il d’une robe de gala (blanche, étole or et rouge drapée sur les épaules pour les amateurs de mode) que n’aurait pas reniée Lady Gaga, que d’autres manifestants lui préparaient une petite surprise. En effet, un collectif gay/LGBT réuni par l’intermédiaire d’un célèbre réseau social prit l’initiative d’accueillir le souverain pontife en se roulant des pelles à qui mieux-mieux. Mais comme partout où il y a jeunesse, il y a police, les forces de l’ordre se firent un plaisir d’en remettre et de disperser ces dépravés, qui font de la peine au petit Jésus qui ferait mieux de se taire vu ses antécédents avec une certaine Marie Madeleine de petite vertu. Seul un de ces couples, qui comme le chantait Brassens, « ont des p’tites gueules bien sympathiques », a réussi à passer le cordon policier, et à se bécoter à pleine langue au passage de la Papamobile dont le blindage ne pouvait rien contre les flèches de Cupidon.
Dans un prochain épisode, nous nous demanderons pourquoi Dieu nous a dotés de tant d’orifices s’il voulait que ses desseins restent impénétrables.