Youpi, la primaire socialiste est finie, François Hollande va pouvoir enfiler son treillis de candidat, sortir de sa posture prudente et apprendre à prononcer toutes les syllabes des mots. Pendant ce temps, L’UMP sort les crocs et serre les fesses pour se gausser du « candidat de la dépense ». Pour se défouler et gratter du temps d’antenne, l’union pour la majorité pitbullienne a convoqué hier ses plus beaux roquets, moins Fillon qui s’aiguise déjà les canines en vue de l’après Sarko, aussi convaincu de la réélection de son patron que moi de l’importance de Yannick Noah dans la culture musicale francophone.
Le chef d’orchestre de la sauterie, l’inimitable Jean-François Copé, l’homme qui donne envie au solfège de se pendre aux clés de sol comme à un croc de boucher, n’a pas jugé nécessaire de préciser combien a coûté ce petit congrès, parce que lutter contre le gâchis socialiste ça n’a pas de prix, et en plus le plateau du 20heures de TF1 est trop petit pour recevoir vingt ministres. Les intervenants se sont succédés à la tribune pour répéter sur tous les tons qu’ils estimaient au doigt mouillé que le programme du PS coûterait 225 milliards d’euros sur 5 ans, « sans caricature ni exagération ». Tout d’abord, on aimerait savoir comment ils ont eu accès audit programme, puisque si l’on en connaît grossièrement les contours, nul ne sait s’il existe ni s’il existera un jour. Deuxièmement, le même jour l’agence Moody’s indiquait qu’elle plaçait la note de la dette française sous surveillance, pour bien marquer la confiance qu’elle nourrit à l’égard de la bonne gestion du père de famille Sarkozy qui surveille aussi bien le AAA national que la venue de son futur BB (je postule au prix Laurent Ruquier 2011 pour ce calembour). Aussitôt, le ministre de l’Education Luc Chatel qui n’a sans doute rien d’autre à faire en ces temps automnaux où les feux de forêts laissent placent aux feux de professeurs de mathématiques, a jugé candidement que l’agence de notation visait explicitement la future folie dispendieuse de François Hollande qui va mener la France à la ruine, et augmenter les impôts des classes moyennes à hauteur de 126 milliards. Pour appuyer leur propos, ces patriotes soucieux de ne pas voir Marianne écoper d’une amende de 38 euros pour mendicité sur la voie publique, ont diffusé un petit film qui reprend les propos des concurrents d’Hollande à la primaire, qui portent sur sa molesse et son inexpérience des hautes responsabilités étatiques.
On est ravi de savoir que l’UMP partage avec l’aile sénestre du PS le désir d’une gauche plus offensive et moins soucieuse de partager sa salade de topinambours avec l’endive en chef Bayrou. On ne se sent également plus de joie quand les jeunes populaires avancent l’idée d’un « FBI de la fraude », au risque d’envoyer en cabane Sarkozy qui lorsqu’il était avocat d’affaires a contribué à des montages plus qu’exotiques dans des paradis fiscaux(par exemple pour les laboratoires Servier) pour prémunir les riches des mesures confiscatoires qui sont le propre de l’Etat français. Sans préjudice des affaires Woerth, Bettancourt, des marchés publics attribués sans mise en concurrence, de la quasi-dépénalisation du droit des affaires, et j’en passe. De même, alors qu’explose le nombre de citoyens sous le seuil de pauvreté, on exulte d’apprendre que la France est le pays européen qui compte le plus de millionnaires, c’est pas un socialiste qui permettrait cette avancée sociale majeure pour la compétitivité sans laquelle il n’est pas de bonheur terrestre possible. Enfin, on est au bord de souiller ses dessous quand on apprend que la Commission de Bruxelles ne croit pas un instant aux prévisions de croissance du ministère des Finances, sciemment surestimées pour qu’à son éventuelle arrivée aux affaires, le PS ne puisse que tenter de colmater les fuites au lieu d’appliquer un quelconque programme, ce qui permettra à l’UMP de faire de belles primaires en 2017 qui prouveront au monde ébahi qu’à chaque fois qu’on confie l’Elysée à un ressortissant de la Corrèze, l’eau de rose qui parfume la fraîche élection se mue en eau de boudin, et je ne dis pas ça que pour Marine Le Pen. En bref, si l’impéritie à venir des socialistes méritait bien un spot virulent, l’oeuvre sarkozienne pourrait être déclinée en un long métrage qui fera passer la trilogie du Seigneur des Anneaux pour un modeste court-métrage.
Dans un prochain épisode, nous nous lamenterons sur le fait que pendant que Copé et ses copains jouent aux Indignés, aucun mouvement de l’ampleur des rassemblements grecs et espagnols ne semble se décliner en France. Il faut dire que tout le monde n’a pas la chance d’avoir un candidat aussi porteur d’espoirs que notre François.
Courriel
Bel exercice journalistique. La presse web n’existait malheureusement pas quand je vivais à Metz sous « l’empire » Raaaaausscchh.Quand je pense que même France culture a fini par lui consacrer une émission d’une heure il y a quelques mois. Tout fout le camp.