Renan Apreski fera Tintin

RENAN APRESKI : Graoulliennes, Graoulliens, amical bonjour de la pointe Bretagne ! Aujourd’hui, sortie dans les salles du Tintin de Steven Spielberg, Le secret de la licorne ; gros carton en perspective, n’est-ce pas, Michel Denisot ?     

 

MICHEL DENISOT : C’est exact, quand les producteurs n’ont plus aucune imagination ni plus aucune audace et que tous les héros de B.D. américains ont déjà été adaptés au cinéma, il ne leur reste plus qu’à puiser dans le patrimoine européen pour trouver des sujets susceptibles d’assurer le maintien de leurs émoluments faramineux ; ah, la magie de Hollywood… Enfin, ne nous plaignons pas : pour une fois que les Américains sortent un film sans Marion Cotillard ! Et pourtant, dieu sait si elle aurait pu jouer dedans, car elle est aussi sexy que la Castafiore !

R.A. : Hum ! Monsieur le futur-ex-président, ça vous inspire, Tintin ?

NICOLAS SARKOZY : Enfin, voyons, cette question ! Évidemment que ça m’inspire ! C’est en lisant Tintin au pays des Soviets que j’ai eu envie de faire de la politique ! Et c’est Tintin au Congo qui m’a donné l’idée de mon discours de Dakar !

R.A. : Vivivivi, tout s’explique…

N.S. : Et puis, Tintin et moi, on a des points communs : déjà, je fréquente beaucoup d’autocrates, comme lui ! Le colonel Kadhafi valait bien le général Alcazar et Mugabe vaut bien l’émir Ben Kalish Ezab ! En plus, moi aussi, j’ai sauvé des pays entier, voire même le monde ! On aurait pu faire des tas d’albums, avec mes aventures : Zinzin sauve la Géorgie, Zinzin sauve l’Europe, Zinzin libère la Libye…

R.A. : Mais pourquoi « Zinzin » ?

N.S. : Je ne sais pas, c’est comme ça que m’appelle Merkel ! La Castafiore de Berlin a dû sentir que j’ai l’âme d’un aventurier, pour qu’elle me surnomme presque comme Tintin ! Enfin, bref, je suis autant un héros que le petit reporter à houppette, et moi, je n’ai pas besoin de me faire aider par un vieux poivrot ! La preuve, c’est que j’ai viré Borloo ! De toute façon, mois, je n’aime pas le capitaine Haddock…   

R.A. : Et pourquoi donc ?

 

N.S. : Ben déjà, il boit de l’alcool ! Et moi, j’aime pas l’alcool, alors je me méfie de ceux qui aiment ça ! Ensuite, dans Coke en Stock, on le voit défendre des négros contre un entrepreneur qui voulait les vendre comme esclaves : il s’oppose à la liberté du commerce et il se laisse aller à de beaux sentiments de bobo bien-pensant ! Et il continue dans Les bijoux de la Castafiore en invitant des romanichels à s’installer sur son terrain ! Il a eu du pot que j’aie pas été là, parce que moi, je te me l’aurais nettoyé à coups de bulldozer, ce camp de manouches, et tant pis pour les propriétés du capitaine ! D’ailleurs, j’l’aurais p’t’êt’ foutu lui aussi dans un charter : Haddock, c’est français, comme nom ? Et pis de toute façon, j’vais pas me coltiner le capitaine Haddock en plus de ce que je dois déjà supporter tous les jours ! Avec ma femme, j’ai déjà la Castafiore, avec le bébé que je lui ai fait, j’vais avoir Abdallah, et je suis littéralement entouré de Dupondts : j’leur dis d’espionner les ceusses qui me gênent, et ils se font prendre à chaque fois ! Guéant et Squarcini, il leur manque que les moustaches et les melons ! Je dirais même plus…

R.A. : Merci, monsieur Sarkozy, merci ! Et vous, monsieur le premier sinistre, quel est votre album de Tintin préféré ?

FRANÇOIS FILLON : Tintin et l’Alph-art.

R.A. : Mais il est inachevé !

F.F. : Justement ! C’est de me dire qu’Hergé est mort des suites d’une longue maladie avant d’avoir pu le terminer, qui me plait tant ! En plus, la dernière image que l’on ait, c’est celle où Tintin est conduit par un bandit dans la salle où il va se faire transformer en compression de César : si ça se trouve, si l’auteur l’avait terminé, Haddock et Milou seraient arrivés trop tard et le petit reporter serait mort dans d’atroces souffrances, hummm, c’est délectable…

R.A. : Glups ! Et vous, Dominique Strauss-Kahn ?  

DOMINIQUE STRAUSS-KAHN : Ah, je suis bien content que vous me parliez de ça ! Pour une fois, on me lâche la grappe avec toutes ces histoires de sexe : avec Tintin, aucun danger ! Il n’y a quasiment aucune femme, à part la Castafiore, et c’est pas le genre de femme qui vous donne envie de tromper votre épouse ! Cela dit, Tintin éveille en moi des souvenirs désagréables : il y a un album que je n’aime plus du tout, L’étoile mystérieuse

R.A. : Comment ça « plus » ? Qu’est-ce qui vous l’a fait détester ?  

D.S.-K.. : Le fait que des petits malins croient intelligent de me surnommer Bohlwinkel ! Vous savez, le financier qui veut faire échouer l’expédition polaire du navire « L’Aurore »… Au-delà du fait que je sois juif, je ne vois pas ce qu’il y a de commun entre moi et ce personnage fourbe, lâche, rapace, méprisant et dictatorial !

R.A. : Ça, on se demande… Alors, Olivier de Kersauzon, vous…

OLIVIER DE KERSAUZON : Ah non ! Là, j’vous arrête tout d’suite ! Je sais c’que vous allez dire : Kersauzon, il fait penser à Haddock, un vieux marin rouspéteur qui habite dans un château… C’est un peu facile, ça ! Parce que j’vais vous dire un truc : entre Haddock et moi, il y a une grosse…une énorme différence ! Et vous savez c’que c’est ? Ben c’est que moi, je vais pas me laisser emmerder par les Dupondt, les Castafiore, les Abdallah et autres Lampion ! Les emmerdeurs, moi, j’les accueille à coup de chevrotines ! J’peux vous assurer que sur ce coup-là, c’est le Séraphin qui aurait intérêt à être bien assuré !  

 

R.A. : On vous fait confiance pour ça, amiral… Anne Lauvergeon, votre sentiment sur Tintin ?

ANNE LAUVERGEON : Ah ! Si vous saviez comme je suis raviiiie que l’on s’intéresse à nouveau à cette fabuleuse bande dessinée qui a mieux défendu les bienfaits de l’énergie nucléaire que moi durant mes douze ans à la tête d’Areva !

R.A. : Qu’est-ce que vous racontez ?

A.L. : Mais ouvrez donc les yeux, monsieur Apreski ! Dans Objectif Lune, la fusée, elle fonctionne bien grâce à un moteur à propulsion atomique, non ? Sans énergie nucléaire, pas de voyage sur la Lune ! Et les personnages se baladant dans la centrale de Sbrodj sans que ça ne gène personne !

R.A. : Mais madame, c’était dans les années cinquante ! Il y a eu Tchernobyl et Fukushima, depuis !

A.L. : Monsieur Apreski, je vous en prie ! Ce n’est pas parce que nous célébrons une bande dessinée dont l’un des personnages phares est un expert notoire du juron qu’il faut vous croire autorisé à dire des grossièretés ! J’avais personnellement veillé à ce que « Tchernobyl » et « Fukushima » soient considérés comme des gros mots par tous les employés d’Areva ! Vous prêtez beaucoup trop l’oreille à ces écologistes passéistes et crasseux qui refusent le progrès à l’humanité sous prétexte de petits incidents sans gravité ! Vous feriez mieux d’être sourd à leurs arguments, comme l’était le professeur Tournesol ! D’ailleurs, c’est la plus grande qualité des clients d’Areva : ils sont sourds et/ou aveugles !

R.A. : C’est sûr, c’est sûr… Le mot de la fin, nous le laissons au héros de la coupe du monde de rugby qui vient de se terminer, Thierry Dusautoir.

THIERRY DUSAUTOIR : Ouais ben, vous avez beau dire qu’on a bien joué, qu’on était meilleurs que les blacks sur le terrain et tout, et tout, il reste que pour la coupe du monde…on fera tintin !

R.A. : Ah ! Celle-là, il fallait s’y attendre… Allez, kenavo !

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