Sus à Halloween!

« Trique or treat? »

Marc Dutroux (Ma vie, mon oeuvre, Vol.4)

 

Mes bien chers frères, mes bien chères soeurs, à peine ai-je annoncé la candidature de mon modeste postérieur (que j’ai au demeurant ferme et rebondi)  au Saint-Siège que les païens lancent une nouvelle offensive destinée à éloigner les brebis les plus tendres du droit chemin de la France chrétienne. A peine ai-je consenti à faire le sacrifice de mon existence, qui serait pourtant utile à tant d’autres domaines du savoir et de l’art, à la cause de la rechristianisation de nos contrées qui s’abandonnent paresseusement au stupre et l’oisiveté, que les margoulins se mettent en besogne de couvrir nos échoppes de citrouilles. J’appelle donc tous les croyants et les fidèles de bonne volonté à se ranger sous ma bannière pour partir en Croisade contre Halloween. D’un strict point de vue pratique, cette festivité importée des temps obscurs des druides sataniques via les Etats-Unis ne me dérange pas plus que ça: c’est l’une des rares festivités celtiques où l’on ne nous inflige pas la torture de la musique traditionnelle dont les binious et les cornemuses m’irritent tant le neurone mélomane que je me demande si les pétroliers et les chimiquiers ne font pas exprès de s’échouer au large de la Bretagne. D’un point de vue liturgique, il y a beau temps que notre Mère l’Eglise a récupéré les mânes de cette coutume plurimillénaire, comme de tant d’autres rites païens, pour instaurer le jour des Morts et la Toussaint, où il faut bien l’avouer, on est moins enclin à se travestir  en vampire androgyne ou en gargouille de carnaval  pour aller fleurir la tombe de nos glorieux anciens, et c’est bien dommage.

Non, la cause de mon inquiétude se situe dans le fait que ce soir, au moment où regagnant vos pénates, vous penserez pouvoir à juste titre goûter à un repos mérité après une dure journée de labeur, des hordes d’enfants sous l’emprise du démon et des marchands de glucoseries viendront heurter votre huis, réveiller vos chats, et vous demander de collaborer sans sourciller à la propagation de l’obésité infantile, sous peine de faire l’objet d’un tour que vous vous devrez de trouver drôle pour éviter d’éveiller les soupçons du voisinage et d’essuyer l’accusation politiquement correcte de racisme enfantin. Jésus disait « laissez-venir à moi les petits enfants », mais il s’est bien gardé d’en reconnaître un seul aux services d’Etat-Civil, tant les moeurs légères de Marie-Madeleine rappelaient au prophète les égarements de sa propre mère qui ont fait du christianisme un complexe d’Oedipe à l’échelle universelle (parce que moi les histoires de colombes, on me la fait pas comme ça: je convoquerai un concile pour élucider l’affaire quand Benoît prendra sa retraite). Aussi, mes bien chers condisciples, veuillez ouvrir grand les oreilles car je vais vous indiquer la marche à suivre pour que cette nuit consacrée à la célébration des idoles païennes et à leur corollaire de sang et de grossiereté plébéienne se déroule sans accroc et à la gloire du rédempteur de nos péchés.

Premier cas de figure, vous faites partie du personnel ecclésiastique. Je ne saurais trop vous aviser du danger que représente la présence d’un mineur dans nos murs. La population est favorable au mariage des curés, mais pas encore avec des enfants, aussi vous incité-je à vous enfermer à double-tour dans vos cellules, et à vous mortifier jusqu’à demain matin en priant pour que les cardinaux reconnaissent que je suis le seul à pouvoir rassembler le parti socialiste du Vatican et à remporter l’élection papale. Deuxième cas de figure, vous êtes un particulier. Si un groupe d’enfants grimés en Roselyne Bachelot se présente à l’entrée de votre domaine, ne lâchez pas les chiens tout de suite et gardez votre bûcher pour la prochaine bisbille avec vos voisins protestants. Agissez tout de fois avec promptitude: enjoignez votre laquais d’aller chercher les importuns en hélicoptère, puis une fois les lardons en votre logis, aspergez-les généreusement d’eau bénite, récitez tous les Pater Noster, les Ave Maria et l’Apocalypse selon Thierry Meyssan en faisant force gestes tournoyants et virevoltants. Si le démon rechigne à quitter l’âme et le corps des malheureux bambins et que l’exorcisme semble voué à l’échec, il ne reste malheureusement qu’une solution: étouffer l’enfant à l’aide d’un crucifix en sucres d’orge (référence SOCRUCIFIX sur le catalogue « les Trois Gardes Suisses », 9,99 euros le lot de 10). Nous espérons bien sûr ne pas en arriver à de telles extrémités, à plus forte raison si les enfants incriminés sont les vôtres, mais notre mission est sacrée.

Dans un prochain épisode, nous prouverons à la chrétienté ébahie par le retour en grâce de ses autorités pontificales en l’incarnation de ma modeste personne que comme Dorothée, Saint Nicolas est un escroc qui déteste les gosses.

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