LE GRAOULLY DE NOËL

« C’est le pape Jules Ier qui le premier eut l’idée d’une fête tohu-bohu pour fêter le p’tit Jésus. Allez, Jules, sors de ta tombe, avec nous viens faire la bombe ! C’est Noël, bordel de merde ! » (Professeur Choron)

« Petit papa Noël, toi qu’est descendu du ciel, retournes-y vite fait bien fait avant que je te colle une droite, avant que je t’allonge une patate, qu’j’te fasse une tête au carré ! » (Renaud)

« Ah, putain mais quel crétin, le professeur Blequin ! » (Nadine Morano)

Graoulliennes, Graoulliens, amical bonjour de la pointe Bretagne ! Le 7 décembre dernier, ma chronique radio n’a pas pu être diffusée dans « Le mercredi, c’est Graoully », faute de temps. Je n’ai pas la grosse tête, je n’attache pas une importance démesurée à mes facéties, mais ce serait quand même dommage de jeter ça. Donc, en exclusivité, voici, en ce jour dédié aux petits cadeaux, la rubrique « Le professeur Blequin répond à vos questions idiotes » que vous auriez dû entendre le 7 décembre ainsi que celles qui auraient été diffusées le 21 et le 28 si l’émission n’était pas suspendue pendant les fêtes (vous trouvez pas qu’on est vachement bien organisés, les copains ?) :

Rubrique du 7 décembre :

Professeur_Blequin_07

Rubrique du 21 décembre :

Professeur_Blequin_09

Rubrique du 28 décembre :

Professeur_Blequin_10

C’est bon, vous avez tout écouté ? Bon, continuons dans les petits cadeaux avec un petit conte de Noël :

LA PASTORALE DES SANTONS DE SARKOZIE

Bonjour, les amis ! Je suis l’ange Gaudinéou, le maire de Marseille, et c’est en tant que tel que j’ai été désigné comme le plus à même de vous raconter l’histoire merveilleuse que voici, qui devait se passer dans un petit village de Provence. Je dis bien « devait » car tous les habitants du village avaient déménagé à Paris, à cause de l’exode rural. Mais quel que soit l’endroit, il n’en était pas moins vrai que c’était là une nuit comme on n’en avait pas vue depuis cent mille nuits. Mais ce n’était pas une nuit de fer, de feu et de sang comme dans la chanson, au contraire : c’était une nuit magnifique au cours de laquelle allait se passer des choses merveilleuses. Et le bon Dieu le savait mieux que personne, il faut dire que le bon Dieu, il avait créé le monde, c’est dire s’il avait oublié d’être con ! D’ailleurs, les prophètes avaient tous annoncé cet heureux événement comme, par exemple, le prophète Elkabbach qui n’en pouvait plus de répéter sur l’antenne d’Europe 1 : « Ce soir, le divin enfant va naître avec 53 % des voix. Osons chanter ses louanges ! » Donc, cette nuit-là, sous un beau ciel étoilé, un homme, un modeste charpentier, appelé Édouard, escortait Laurence, une jeune femme vierge sur le point d’accoucher ; c’est une bizarrerie courante à Marseille, mais dans ce contexte-ci, c’était quelque chose de vraiment extraordinaire. Quoi qu’il en soit, la future maman, transie de froid et percluse des douleurs de toute parturiente qui se respecte, n’en pouvait plus d’avancer et ne manquait pas de le signaler à son protecteur, futur père nourricier de l’enfant qui allait voir le jour :
« Monsieur Balladur, dépêchez-vous ! Je sens qu’il vient ! Je ne vais quand même pas accoucher en pleine rue par ce froid, ce serait indigne de ma condition ! Je suis quand même la patronne des patrons français !
– Justement, madame Parisot, répondit le charpentier goitreux. Je crains que le discrédit dans lequel est tombé votre mouvement, le Medef, ne soit pour beaucoup dans notre situation : plus personne ne veut se montrer avec vous, et l’asile nous a été refusé de partout.
– Parlez pour vous, rétorqua la future mère à qui les souffrances ôtaient toute retenue. Qui oserait aujourd’hui se montrer avec un ancien premier ministre qui a été plus libéral que Thatcher envers les gros bonnets de l’économie et qui s’est mangé une veste aux présidentielles ?
–  Je vous demande d’arrêter de vous énerver, dit Edouard. L’enfant que vous portez est justement sensé nous décomplexer, ainsi que tous ceux qui soutiennent notre cause. Et j’ai promis de vous escorter. Ayez confiance ! Oh ! Je vous demande de vous arrêter ! J’entrevois là-bas un modeste mais coquet cabanon qui fera l’affaire !
– Mais c’est un truc pour pauvres, ça, dit Laurence qui était quand même sacrément capricieuse.
– Cela est mieux que rien, et du reste, nous sommes dans uns situation d’urgence. » ajouta l’homme d’un ton qui n’attendait pas de réplique.
Et nos deux âmes en peine de se diriger vers l’étable – car c’était une étable, qu’Edouard prenait pour un cabanon. Mais l’endroit n’était pas vide : un homme d’âge mûr y échangeait quelques propos avec un tout jeune garçon : « Vous savez, mon p’tit Lancar, chuis pas raciste, mais toute cette racaille venue d’ailleurs qu’est pas de chez nous, on m’ôtera pas d’idée qu’elle est pas comme nous ! Je sais de quoi je parle, je suis maire du Raincy, et autour de ma ville, c’est plein de ces racailles ! Mais pas une mettra les pieds chez moi, le Raincy, c’est pas Bamako !
– Ah ouais ! ça c’est vrai, vous avez bien raison, monsieur Raoult ! Ouah, hé, ajouta le naïf jouvenceau, on a frappé à la porte ! » En effet, trois coups venaient de retentir sur le bois de la porte de l’étable.
Le maire du Raincy se leva et, interdisant du geste à son jeune interlocuteur d’en faire autant, lui dit : « Laissez, je vais voir. Si c’est des pauvres, qu’ils aillent se faire voir ailleurs ! » Ouvrant la porte, monsieur Raoult constata avec soulagement que tel n’était pas le cas : « Ah, non, c’est monsieur Balladur !
–  Bonsoir, monsieur Raoult, dit Édouard, car c’était bien lui. Je vous demande de vous arrêter dans vos papotages et d’avoir l’obligeance de nous accorder l’asile, à madame Parisot, qui est sur le point d’accoucher, et à moi-même.
– Mais bien sûr, dit monsieur Raoult. Entre bons français, on peut se rendre service ! Même qu’on va vous souffler dessus pour que vous ayez chaud ! Pas vrai, Benjamin ?
– Ah ouais, j’kiffe trop m’sieur Balladur ! » répondit Benjamin Lancar. Édouard, de son côté, se tournant vers sa compagne, lui signala : « Nous avons de la chance, Laurence : c’est une étable avec un âne et un beauf ! Ils vont nous tenir chaud et la paille a l’air d’être fraiche. Pour votre petit, c’est bien suffisant… »
Et en effet, sur le douzième coup de minuit, naquit celui qui était tant attendu. Alors s’enchaînèrent les miracles, tous plus merveilleux les uns que les autres. Tout commença dans le grabat où Serge Dassault, le meunier, cuvait son champagne. Depuis la victoire du « non » à la Constitution européenne, et comme ses avions ne se vendaient pas, il n’osait plus exploiter ses ouvriers. Il les laissait travailler dans de bonnes conditions, et il ne faisait plus que boire et dormir. Mais ce soir-là, il se réveilla tout d’un coup et se dit « Tiens, mais que m’arrive-t-il ? J’ai soudainement envie de faire monter mes bénéfices, déjà colossaux, pourtant… » Il appela son majordome et lui dit, d’un ton péremptoire qui lui était devenu inhabituel : « Jarvis ! Veuillez dire aux ouvriers que nous passons aux quarante-cinq heures par semaine. Non, non, pour le même salaire. S’ils ne sont pas d’accord, menacez-les de délocalisation. »
Pendant que le meunier savourait son audace retrouvée, une âme en peine se faisait du mauvais sang : c’était le père Benoît, Seize de son nom de famille, le vieux curé du Vatican, poissonnier à ses heures (il travaillait pour le compte d’un homme qui, dit-on multipliait les poissons), qui faisait part d’une étrange crise de remords à son voisin Berlu, le marchand de soupe. « Ach, mein herr Sylvio, scandait tristement le vieux curé avec son accent allemand. Ich Bin eine scheibe ! Eine gross eskroc ! Ich Bin indigne de ma soutane !
 – Ma porqué vous dites ça, demanda Berlu avec son accent transalpin ?
– Ch’ai zervi aux fidèles eine bulle pas fraîche, répondit le prélat.
– Ma, et alors, poursuivit le marchand de soupe que l’escroquerie ne scandalisait pas, pouisqu’ils ne s’en sont pas aperçous ?
– Nein, aber, das ist pas honnête !
– Ma, qu’est-ce qui t’arrive ? Après tout, tou diriges oune institoution qui ressasse lé même discours dépouis duo mille ans !
– Ya, aber les gens, ils s’en aperçoifent : les églises se vident un peu partout ! Bon, je vais jeter cette bulle pas fraîche… » termina le père Benoît, l’air résigné. « Ma…ma non ! Régardez ! » signala brusquement Berlu. « Votre église, là ! Vos ouailles, elles reviennent ! Ils viennent tous vous écouter ! Et en plus, il y a des jeunes !
– Ach, z’est vrai, constata le père Benoît auquel le sourire était soudain revenu. Das ist ein gross miracle ! »
Et ainsi de suite ! Le bon Dieu, pour célébrer la naissance de l’enfant sacré, multiplia les miracles, ce soir-là. La joie éclata chez tous les villageois, par exemple chez le brigadier Bush qui faisait part à son amie la tambourinaire d’une joie bien légitime : « Yiiihaa ! Hello, Condie ! You know what ? I’m happy ! Je viens de recevoir de nouvelles troupes pour l’Afghanistan !
– Great, mister President, répondit la tambourinaire. Mais d’où viennent-elles, ces troupes ?
– De France !
– De chez les froggies ? C’est un miracle ! »
Brice le chasseur lui aussi se réjouissait : « Ah, la chasse va enfin pouvoir reprendre ! On m’a donné l’ordre d’expulser vingt-cinq milles bougn…sans-papiers avant la fin de l’année ! Et en plus, pour ne rien enlever à mon bonheur, pour entrer en France, les nég…les étrangers devront passer un test ADN ! Il était temps ! Quand il y en a un, ça va, c’est quand il y en a beaucoup que ça pose des problèmes ! »
La joie gagnait aussi la partie gauche du village, où Michel, le vieux berger, se faisait une fête et partageait sa liesse avec son voisin en s’exprimant d’une façon étonnamment claire de sa part : « Anaha ! Claude, tu ne sais pas la dernière ? J’ai trouvé, malgré le handicap que constituait pour ma personne, aux yeux du marché de l’employabilité, mon âge canonique, un nouveau travail, moi qui étais au chômage depuis que le vieux bourgeois des landes avait fait appel à une tierce personne pour lui garder ses moutons !
– Ah ben ça, c’est une coïncidence, dit le gros Claude après les propos, pour une fois clairs, du berger. Parce que moi aussi, et pourtant, on voulait plus de moi nulle part, tout ça parce que j’avais dit que les profs étaient tous des gros fainéants !
– Une coïncidence ? Anaha, je ne crois pas ! Je crois plutôt à un miracle ! Il paraît que le divin enfant est enfin né ! Allons le voir ! »
Aussitôt dit, aussitôt fait : les deux vieilles canailles prirent la route de l’étable où reposait le petit à qui l’on devait tant de merveilles. Bien entendu, chemin faisant, ils rencontrèrent tous leurs voisins qui déambulaient dans la même direction, parmi lesquels le riche Clavier, avec son ami le gynécologue. « Okaaaaaaay, exultait Clavier. Mes impôts ont baissé drastiquement, c’est okaaaaay ! En plus, j’ai vu que le chef de la police corse a disparu comme par magie, c’est bien fait pour ce fainéant qui a laissé des corsicos envahir ma piscine, okaaaaaay !
–  Ouaiiiiiis, ajoutait le gynécologue, moi pareiiiiil, c’est trop cool, ces miracles. Surtout que, avec tout ce que j’viens d’méfu, c’est d’jà un miracle d’’me tirer du lit à c’t’heure-ci, han, han, han han… »
Martin Bouygues, le montreur d’ours, avait lui aussi le sourire aux lèvres : « Et pour cause ! J’ai appris que la publicité allait disparaître des chaînes publiques ! Je suis tellement content que j’ai fait disparaître Patrick Poivre D’Arvor qui a osé blasphémer contre le divin enfant ! »
Ah oui, elle était belle, cette soirée ! Mais pas pour tout le monde, car un homme, isolé, restait prisonnier de son malheur : c’était Bernard Laporte, l’aveugle, qui se laissait aller à une plainte où son irritation ne se dissimulait pas : « Oh, Gaudinéou, vous êtes gentil, on dit pas « aveugle », on dit « non-voyant ! » Déjà que ce n’est pas très facile d’entraîner l’équipe de France de rugby alors qu’on n’y voit rien, j’ai de quoi être malheureux, en effet ! Certains se moquent de moi et disent que quand mes joueurs jouent, ça se voit qu’ils sont dirigés par un aveugle ! Je ne sais pas quel est le chemin de l’étable, et comme mon équipe a encore perdu, je n’ai trouvé personne pour me guider ! Même les clients du casino où j’ai mes habitudes font semblant de ne pas me reconnaître ! Pourtant, j’aurais tellement aimé aller adorer le sauveur ! »
Mais le bon Dieu, qui fait décidemment bien les choses, allait envoyer une planche de salut à ce malheureux, en la personne de Roselyne, la ravie (l’idiote du village), que l’on entendait de loin s’émerveiller de tout : « Oh, quel merveilleuse soirée qu’une soirée dans un pays de droite, sans charges sociales socialo-communistes qui accablent nos commerçants et sans immigrés qui viennent manger le pain des français ! Oh, mais je vois là un homme en peine, en plus qui a tout d’un bon français bien de chez nous ! Voulez-vous, monsieur, que je vous accompagne jusque l’endroit où repose le sauveur ? Je vous décrirai la scène, si vous voulez !
– C’est gentil de ta part, ravie, répondit Laporte car c’était lui. J’accepte avec plaisir ! Mais connais-tu le chemin ?
– Bien sûr, c’est facile, il suffit pour cela de suivre la voie tracée par ces braves gens qui accourent voir le divin enfant. »
En effet, une foule s’agglutinait dans l’étable où, entre l’âne et le beauf, dormait le divin enfant. Il était tout petit, il avait l’air fragile et déterminé à la fois. « Ce sont surtout les oreilles qui ont eu du mal à passer pour cette pauvre Laurence » commentait Édouard. Tandis que les villageois contemplaient le petit Nicolas – car il faut bien l’appeler par son nom – deux de mes collègues anges entonnèrent une petite chanson : « Il est né, le divin enfang, jouez hautbois, rrrrésonnez musettes ! » entonna le premier. « Ah, c’qu’il est joli, cet enfant de son pays, lalalalala,lalalala… » chantait le second.
Le gynécologue, qui s’y connaissait en musique, reconnut aussitôt ces deux anges et dit au berger qui était juste à côté de lui : « Eh, m’sieur Rocard, c’est Mireille Mathieu et Enrico Macias, j’croyais qu’c’était le comble du ringard, ces deux-là !
– Anaha ! Voyez-vous, docteur gynécologue, répondit le vieux Michel, c’est un autre miracle de cette soirée, s’ils peuvent de nouveau chanter sans être ridicules ! »
Bien sûr, les villageois avaient tous apporté un cadeau : le meunier Dassault, qui était aussi propriétaire d’un grand quotidien national, offrit au divin enfant la une de son journal, le prêtre-poissonnier et le marchand de soupe lui remirent des invitations pour venir faire la fête avec eux, le brigadier Bush lui permit de remporter le prix du courage politique, le montreur d’ours Bouygues lui fit don des cerveaux disponibles de ses téléspectateurs, le vieux Rocard déposa à ses pieds un rapport, le riche Clavier sa filmographie complète, le gynécologue entonna la Marseillaise en son honneur, et Brice lui fit don de son plus beau trophée de chasse : les voix du Front National.
Mais tous ces présents n’étaient rien par rapport à ceux qui arrivaient, apportés par trois hommes venus de pays lointains, dont la présence fut signalée par le brigadier Bush : « Hey ! Laissez entrer les rois mages ! » Et oui, c’étaient eux, les fameux rois mages, qui se présentèrent chacun leur tour :
« Bonjour ! Présentement, je suis le roi noir, Mugabe, et je t’apporte le cobalt.
–  Bonjour ! Je suis le roi jaune, Hu Jintao, honorable divin enfant, et je t’apporte les contrats.
– Salam Aleikum ! Ji suis li roi blanc, Kadhafi et ji t’apporte l’or et les infirmières bulgares. »
Et tous les santons étaient réunis autour du divin enfant. C’était tellement beau à voir que le bon Dieu fit un miracle de plus. Personne n’en crut ses oreilles, quand Bernard Laporte, l’aveugle, n’en crut pas…ses yeux ! « Oh, les amis, s’exclama-t-il. Miracle ! Je vois ! Je suis guéri ! Et je vois…regardez ! Il va parler ! L’enfant va parler !
– Est-ce possible, demanda Édouard ? Il est trop jeune pour ça ! Êtes-vous bien sûr, monsieur Laporte, d’être vraiment guéri ? Je vous demande de vous arrêter de délirer !
– Mais oui, dit la jeune mère enchantée, il va parler ! »
En effet, le petit Nicolas remuait, non sans peine il est vrai, ses lèvres. Manifestement, il voulait prendre la parole ; enchanté par ce nouveau miracle, les santons se tinrent tous cois, attendant d’entendre les saintes paroles. Et c’est dans un silence total que retentirent ces mots tout empreints de pureté et de sainteté :
« Casse-toi, pôv’ con ! »
Émerveillés, chacun des santons décida de faire sienne cette phrase qui, aujourd’hui encore, symbolise à elle seule l’infinie sagesse dont est porteur le divin enfant ; vous pouvez vérifier : chaque fois que l’on vient formuler une réclamation ou une critique à l’un des adorateurs du divin enfant, il vous fait à peu près cette réponse… Voilà, c’est fini ! Joyeux Noël à tous !

FIN DU CONTE DE NOËL

Alors, ça vous a plu ? Bon, maintenant, pour finir en beauté, voici un article que j’avais tapé il y a tout juste un an, un de mes rares articles positifs – c’est ça aussi, la magie de Noël !

Mes pères Noël

Amis messins, bonjour ! Je vous écris depuis la pointe Bretagne où, vous vous en souvenez probablement si vous suivez bien, je vous ai livré pas plus tard qu’hier mes dix bonnes raisons pour ne pas faire croire un enfant au père Noël. En ce jour où tout le monde s’apprête à réveillonner, j’ai décidé d’ajouter une onzième raison.

Cette raison, la voici : on n’a tout simplement pas besoin du père Noël ! Si on définit ce dernier comme un bonhomme qui vous fait de beaux cadeaux sans jamais rien demander en retour, il est relativement facile d’en trouver autour de soi, et ce, pendant toute l’année ; chacun de nous a ses pères Noël, c’est-à-dire des gens envers lesquels il a raison d’être reconnaissant. C’est aux miens que j’aimerais dire merci aujourd’hui, au risque de confondre Noël avec Thanksgiving. Voici donc mes pères Noël à moi :

Jacques Chirac : Il m’en coûte de l’avouer, mais l’ancien président, au cours de son passage à l’Élysée, a fait, à moi ainsi qu’à tous ceux de ma génération, un beau cadeau en supprimant le service militaire ; il nous a épargné d’aller perdre douze mois de notre vie dans un cloaque, à faire des âneries déguisés en soldats sous les ordres d’alcooliques qui nous aboient dessus. Même Mitterrand n’avait pas osé le faire alors, rien que pour ça, merci monsieur Chirac pour l’un des rares points positifs de vos douze ans de présidence !

Martine Aubry : Encore une fois, il m’en coûte un peu, car il y a certaines personnes de votre parti contre lesquels j’ai une dent (et peut-être même plusieurs), mais je dois vous remercier aussi, madame la première secrétaire, d’avoir été la seule à avoir répondu à la question que j’avais envoyée à au moins une trentaine de personnes, « Comment proposer un mode de vie fraternel et enjoué à une humanité égocentrique et morose ? » Il n’y a que deux politiciens dans cette liste parce qu’il est quand même assez rare que les gens ce cette corporation vous fassent des cadeaux.

Bob Siné : Merci à vous, monsieur Siné, d’avoir aidé toute une génération à relever la tête avec vos 86 numéros de Siné hebdo et, surtout, votre exemple, vous qui, malgré votre âge canonique et votre état de santé relativement précaire, avez tordu le cou à la fatalité en faisant mordre la poussière à l’infâme Philippe V. dont le nom est déjà un gros mot de trois lettres. Vous êtes porteur d’un message simple et fort : « personne n’est supérieur à toi, ne te laisse jamais faire ». Message reçu, Bobby !

Jade P.-L.B. : Merci à toi, la mignonne brunette du collège, d’avoir osé dire ouvertement que tu me considérais comme un ami à une époque où c’était la honte suprême de se présenter en ma compagnie ; en effet, j’étais bon élève, j’avais des lunettes, de l’acné et je m’entendais bien avec les profs : le bouc émissaire rêvé, quoi ! Et toi, telle la princesse qui a osé faire la bise au crapaud, tu m’as libéré d’un mauvais sort !

Paule B. : Merci à vous, qui fûtes mon professeur de français en classe de quatrième et m’avez donné le goût des lettres. Les lecteurs du Graoully vous en sont reconnaissants eux aussi.

Jean-Yves M. : Merci à vous, le professeur d’E.P.S. qui nous disiez fréquemment, en nous expliquant ce qu’il fallait faire, « ce n’est pas une affaire de biscottos ». Ça n’a l’air de rien, mais ça a suffi à ce que vous rendiez du courage au élèves qui comme quoi, n’étaient pas très sportifs.

Patricia T., Hélène N., Denis G., Louis R., Joël R., Emmanuel C., Nathalie L., Charles G., Alain B., Marie-Josette L.H., Marie-France P., Marie-Hélène D.-L.R. : Merci à ces miens professeurs qui m’ont appris plus qu’il ne leur était demandé par leur fonction.

Jean-Yvon C. : Merci à vous, C.P.E. de mon lycée, pour m’avoir fait confiance pour le fanzine du lycée quand j’en étais rédacteur en chef.

Les lycéens de l’année 2006-2007 : Vous étiez partis en Belgique, où vous avez rencontré notamment le dessinateur Stuf (« Passe-moi l’ciel) et vous aviez pensé à moi, l’étudiant de prépa qui vous fréquentait, en me ramenant un dessin de ce monsieur. Encore merci, ça m’avait beaucoup touché.

Céline P. : Merci à toi, petite jeune fille qui avait tant tenu à me réconforter quand, lycéen puis étudiant en prépa, je n’étais pas bien.

Renuka P., Marie-Charlotte K. et Camille J. : Merci à vous pour vos beaux dessins qui décorent encore ma chambre.

Morgane B. : Merci d’avoir été là le soir du concert du groupe de Charlotte J. ; grâce à toi, j’avais pu rester jusqu’au bout, et le contraire m’aurait causé beaucoup de regrets.

Marie L. : Merci à toi, jolie blonde que j’ai connue en prépa, d’avoir accepté de poser pour moi.

Véronique F. : Merci à toi, qui fut pendant dix ans directrice du centre socioculturel L’Agora et qui fit appel à mes modestes talents de dessinateur pour les brochures que distribuait le centre pour sa communication ; c’était là un signe de confiance qui vaut toutes les reconnaissances du monde.

Le Saint-Divy Sports Tennis de Table : Merci à vous pour avoir été mes premiers commanditaires rémunérateurs : vous n’avez pas été les premiers à me demander des dessins, mais vous avez été les premiers à me les payer.

Marie-France C. : Merci à toi, ma grande sœur spirituelle, de m’avoir tendu la main alors que la grande majorité des autres étudiants de lettres persiflaient sur mon compte parce que j’avais le malheur de participer activement aux cours. Comme disait le poète, « Ce n’était rien qu’un peu de miel / Mais il m’avait chauffé le corps / Et dans mon âme il brûle encore / A la manière d’un grand soleil ».

Julie L.T. : Merci à toi, ma deuxième grande sœur spirituelle, d’avoir pris pour moi les cours de philosophie que je n’avais pas pu suivre à la fac à cause de mon inscription en double cursus. Merci aussi pour la plante grasse qui orne encore mon bureau.

Yuko L.T. et Elena B. : Merci de m’avoir aidé pour les textes japonais et russes dont j’avais besoin pour mes bandes dessinées.

Marie-Thérèse C. et Pascal D. : Merci à mes directeurs de recherche pour la bienveillance et la confiance dont ils font preuve à mon égard.

J’en oublie sûrement et je n’ai pas mentionné mes parents. Mais à les citer tous, je risque de rendre ma vie transparente. Quoi qu’il en soit, vous voyez qu’il n’est pas nécessaire de croire au père Noël pour être bien : il suffit de savoir aimer ceux qui nous font du bien. Cela dit, je m’en voudrais de conclure sans remercier aussi toute l’équipe du Graoully déchaîné qui me laisse m’exprimer librement sur ce webzine appelé, ça ne fait aucun doute, à devenir le pus beau des sites internet. Merci aussi, en mon nom propre et en celui de l’équipe, à tous nos lecteurs ; joyeux Noël à tous !

Allez, kenavo et NEDELEG LAOUEN !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *