Interview (presque) imaginaire : François Bayrou

RENAN APRESKI : Ici Brest, les Bretons parlent aux Lorrains ! Nous arrivons aujourd’hui à la moitié de notre tour des candidats, c’est donc dans la logique des choses que je reçois le candidat du MoDem, François Bayrou.

FRANÇOIS BAYROU : Bonjour, monsieur Apreski.

R.A. : Alors, monsieur Bayrou, Nicolas Sarkozy n’a pas démenti l’hypothèse de votre nomination à Matignon s’il était réélu : est-ce que cela influera sur vos consignes de vote au second tour ?

F.B. : Me prenez-vous pour un imbécile ? Pourquoi voudriez-vous que j’appelle à voter pour un candidat autre que moi ?

R.A. : J’ai dit « au second tour », monsieur Bayrou…

F.B. : Mais oui, j’avais bien compris !

R.A. : Attendez, monsieur Bayrou, vous n’espérez pas sérieusement être présent au second tour ?

F.B. : Et pourquoi pas ? Vous savez mieux que les Français pour qui ils vont voter, peut-être ? Ah, mais je comprends votre manège : vous participez à l’orchestration du duel Hollande-Sarkozy et c’est à ce titre que vous contribuez à cette scandaleuse oppression à cause de laquelle on ne me voir jamais dans les médias !

R.A. : Oh non, vous n’allez pas recommencer : déjà, en 2007, on vous voyait partout à ne rien faire d’autre que geindre sur votre soit-disante sous-exposition médiatique…

F.B. : Ce n’est pas un phantasme de ma part ! En ce moment, on me voit beaucoup moins qu’en 2007 !

R.A. : Ben justement, c’est parce que vous êtes crédité de beaucoup moins d’intentions de votes qu’en 2007 : dans les sondages, vous n’êtes que quatrième ou cinquième, vous êtes toujours derrière Le Pen…

F.B. : Ah, évidemment, je m’attendais à ce que vous dégainassiez les sondages, cette arme fabriquée de toutes pièces par les puissances d’argent pour écraser les petits candidats comme moi !

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R.A. : Mais enfin, vous n’êtes pas un petit candidat : vous en êtes à votre troisième candidature, vous représentez une des principales formations politiques du pays…

F.B. : Je vous arrête tout de suite, le MoDem n’en est qu’à sa toute première candidature aux présidentielles ! C’est un mouvement encore tout neuf qui n’a pas encore cinq ans d’histoire derrière lui !

R.A. : Arrêtez, le MoDem, c’est juste l’UDF qui a changé de nom !

F.B. : Ne cherchez pas à minimiser la portée du projet dont je suis le porteur, un programme visionnaire et ambitieux destiné à sauver la France !

R.A. : Pfff, c’est n’importe quoi ! Si vous dégringolez dans les sondages, c’est justement parce que votre ligne politique manque de clarté…

F.B. : Mais pas du tout, ma ligne politique est très claire ! J’emprunte les meilleures idées de la droite et de la gauche de façon à proposer à la France une voie au-dessus des partis et des clivages ! Ainsi, je propose de taxer les riches pour remplir les caisses de l’État, mais pas trop quand même pour qu’ils ne partent à l’étranger avec leurs capitaux ! Je propose également d’arrêter la chasse aux immigrés, mais pas trop quand même pour ne pas mettre en danger notre identité nationale ! Je propose aussi d’arrêter la pollution, mais pas trop quand même pour que les fleurons de l’industrie française ne soient pas lésés ! Je propose aussi de protéger les travailleurs…

R.A. : …mais pas trop quand même pour que nos entreprises restent compétitives à l’échelle mondiale, c’est ça ?

F.B. : Voilà, vous avez tout compris ! C’est pas clair, ça ?

R.A. : À ce tarif-là, vous auriez pu choisir comme slogan de campagne « La France solidaire mais pas trop quand même » !

F.B. : J’y ai pensé, mais mon équipe de campagne trouvait que ce n’était pas assez vendeur…

R.A. : Comme c’est bizarre ! Allez, kenavo !

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