« Excusez moi! Excusez moi! Excusez moi!
J’ai du sortir, pour aller gerber. J’ai eu une vision d’avenir et ça m’a plombé. Je me suis vu, comment dire, merdeux et salarié. J’ai vu à quoi ma vie pourrait bien ressembler. J’ai vu le bureau d’un chef, la machine à café, les réunions, les bénéfs et l’air climatisé. Une vie sans relief, directement reliée à la mort. Enfin bref, une vie à gerber. »
C’est violent, n’est ce pas? T’as vu le style ? Tu apprecies j’espère ? Les mots percutent, c’est sec comme un coup de trique, ça t’arrive dans la tronche comme un bulldozer, un uppercut qui te fait vaciller, t’étourdit, te bouscule la caboche et cela fait du bien, surtout en ce moment.
Parce que, moi, cette semaine, c’est grosse flemme et surtout degré de nervosité maximum. Je frise la surchauffe depuis dimanche dernier. La confirmation d’une proximité étroite voir d’une cohabitation forcée avec un troupeau de sympathisants FN me rend très exitable et Resistant (ndlr: merci de mettre un R majuscule sur ce resistant). Quand je croise une souris, pourtant roulée comme un cigare cubain, je ne peux m’empêcher de l’imaginer glisser le bulletin nauséabond dans l’urne. Comment peut elle, avec un cul pareil à une promesse électorale, faire une telle faute de goût ? Tant pis, je la prend tout de même par la taille. Viens ma belle, je vais te parler d’humanisme, de liberté, de la révolution qui couve. On va se faire un scrutin rien qu’entre nous, avec dépouillement honorable, histoire de saluer comme il se doit les doigts de l’homme.
Bref, le vote décomplexé des chemises brunes me file les boules et j’ai bien peur que la chronique musicale de cette semaine en soit impactée.
C’est pourquoi j’ai voulu ouvrir l’article avec le début des paroles de ‘J’apprends le métier’. Chanson écrite par Benoit Doremus. Ce jeune chanteur, ayant passé une partie de son enfance à Metz est, comme l’avait qualifié un journaliste, un peu le fils qu’aurait pu avoir Renaud avec Eminem. D’ailleurs, le chanteur au foulard, séduit par les textes et les petites chansonnettes de Benito, a non seulement produit l’album mais a aussi repris une de ses chansons (‘Rien à te mettre’). Doremus est révolté, désabusé mais encore rêveur, un diamant à l’état brut. Les mots éructent, un volcan fievreux s’échappe de sa bouche à chaque chanson. Le style est pourtant bien là, présent, déjà envahissant. Lui même, dans un clin d’oeil malicieux, le qualifie de la sorte: « J’écris faux, je chante de la main gauche ».
Sinon, sans transitions, comme ils disent dans les journaux à la con, il faut que je te fasse part d’une histoire incroyable. A Chicago, suite à un concert du groupe de hard-rock Motörhead, une fan s’est retrouvée enceinte … et elle cherche maintenant le père. Comme rien ne l’arrête dans sa quête, elle passe une annonce dans un journal, une annonce qui dit à peu près cela:
«Moi: cheveux bleus, haut moulant argenté (…)
Toi: Crête rouge, tatouage de vipère (…)
Je t’ai chauffé dans la fosse (…) et on est allé aux toilettes pour s’envoyer en l’air »
Je te passe le passage sur la description de la biroute du coq tatoué. Et elle termine comme cela:
« Bref je suis enceinte de toi, si tu veux faire partie de ma vie, contacte moi »
Plutôt insolite, non ? T’avoueras que les concerts de père Lemmy (fondateur, bassiste et chanteur légendaire de Motörhead) ont tout pour attirer le jeune fan en manque de …..bonne musique.
Alors si cette histoire te plait, note dans ton agenda électronique que le trio le plus bruyant du monde sera en Europe cet été, avec un passage le 21 novembre au Zenith de Paris. L’homme le plus rock n’roll de la planète, Lemmy, te prépare un grand moment de hard-rock, ici pas de fioritures, tout est à fond, le volume, le tempo, la bière et avec un peu chance, tu auras même droit à une partie de jambes en l’air dans les chiottes pisseux d’une salle de concert.
Tu vois que, malgré tout, je pense toujours à sortir ta vie sexuelle de son hibernation hivernale.
Benoit Doremus – J’apprends le métier
Voilà pis c’est tout.
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