« On me pose beaucoup la question de savoir pourquoi, dans le journal de 20 heures de TF1, on n’a pas évoqué les affaires sentimentales du président de la République…C’est parce qu’on ne l’a jamais fait. Et on ne le fera jamais. On a une position constante. En ce qui me concerne, en tout cas, ça a toujours été ma position. Les affaires privées sont les affaires privées. » (Patrick Poivre d’Arvor)
Ici Brest, les Bretons parlent aux Lorrains ! Non mais je rêve… C’est ça, la grande affaire politique du jour ? Nos journaleux sont donc à ce point en mal de sensationnalisme, pris en sandwich entre un Euro 2012 de football pour lequel personne ne s’enthousiasme et des législatives où personne ne s’étonne de voir la gauche marcher allégrement vers la majorité à l’assemblée ? Voici l’affaire d’État du jour : madame Valérie Trierweiler, compagne du président de la République a annoncé qu’elle soutiendrait, aux législatives, le candidat socialiste qui s’oppose à Ségolène Royal ! Quelqu’un peut me dire où est le problème ? Elle a bien le droit de soutenir qui elle veut, que je sache, non ? Elle ne vote pas dans le Poitou ? Et alors, je ne vote pas en Moselle, ça ne m’empêche pas de soutenir le candidat qui s’oppose à votre Morano régionale ! Trierweiler aggrave les divisions du parti socialiste ? Et en quoi ? Elle est du PS ? Pas à ma connaissance, elle est journaliste à Paris match : depuis quand une carte de presse vaut-elle une carte du PS ? C’est nouveau, ça vient de sortir ! Elle n’agit que par jalousie, elle veut pourrir la vie de la mère des enfants de son compagnon ? Pourquoi forcément interpréter sa position de cette manière ? Une femme ne pourrait pas avoir de convictions politiques autres que liées à sa vie sentimentale ? La France est vraiment un pays de machos… En quoi le fait d’être à la colle avec notre président l’obligerait-elle à avoir le même avis que lui sur tout ? Hé, les gars, relisez la constitution, vous verrez que la femme du chef de l’État ne joue aucun rôle institutionnel et n’a pour elle que le titre honorifique de princesse d’Andorre ! Et quand bien même elle agirait vraiment par jalousie, en quoi cela nous concernerait-il ? En quoi cela est-il déterminant pour l’avenir de la France ? Quelle que soit l’issue du scrutin à La Rochelle, le député sera socialiste, tu parles d’un enjeu crucial ! Ségolène Royal risque de ne pas pouvoir devenir présidente de l’assemblée nationale ; et alors ? Pour l’instant, c’est Bernard Accoyer qui est au perchoir ; ça aurait changé quoi, selon vous, si ça avait été un autre « Sarko-boy » ?
En somme, Valérie Trierweiler aura davantage scandalisé en affichant son soutien à un candidat sur Twitter que Nadine Morano (comment ça, encore elle ?) en balançant des tombereaux de propos injurieux sur le même site : il y en a qui ont une échelle du supportable qui m’échappe un peu… Non, très franchement, je ne vois pas pourquoi on accorde autant d’importance à cette affaire : la surexposition de ce non-événement est la preuve que la plupart des journalistes influents dans les médias aujourd’hui sont le plus souvent de gros bourgeois bouffis de privilèges qui n’ont que faire de la vie du français moyen et qui donc, faute d’avoir seulement la volonté de parler des problèmes de ce dernier, préfèrent le gaver de cancans de cour : on est dans un cas de figure similaire à celui de Jean-Michel Apathie ne retenant d’une interview récente de Giscard que l’évocation de ses conquêtes féminines alors que l’ancien président avait reconnu dans la même interview qu’il n’aurait pas aboli la peine de mort s’il avait été réélu en 1981. Ainsi, au lieu d’informer les citoyens sur les enjeux des législatives, lesquels enjeux ont échappé à plus de 40% du corps électoral, ils préfèrent nous pousser à partager avec eux leurs préoccupations de concierges de luxe : Le Pen en tête à Hénin-Beaumont, Morano qui tend la main aux électeurs du FN ? À la trappe, tout ça ! Ils reparleront de la menace néo-fasciste le jour où il y aura de l’orage dans le couple de Marine Le Pen ! En revanche, les hypothétiques querelles de femmes jalouses, ça, oui, c’est passionnant ! Dans leur petit monde tout joli, tout sucré, tout feutré, tout aseptisé où l’on est à l’abri des problèmes matériels dès sa naissance, seules les petites histoires à peine dignes du magazine Gala font encore vibrer leur cholestérol, alors les pauvres sont tenus, par décence envers ces riches qui s’ennuieraient sans ça, d’oublier leur destinée et d’avoir les mêmes préoccupations futiles ! Je pourrai sans doute en donner encore douze milliards, des preuves que les médias d’aujourd’hui ont pour but de forcer les pauvres à penser comme les riches…
Le plus marrant, si j’ose dire, dans l’affaire, c’est qu’on aura probablement oublié toute cette histoire demain ou après-demain, tant un fait chasse l’autre dans notre mémoire que télévision et internet ont ramené à l’état de celle d’un poisson rouge ; mon article, du coup, aura été totalement inutile, j’aurai perdu du temps à l’écrire et vous à le lire : j’implore votre pardon… Allez, salut les poteaux !
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