Aux fourneaux plutôt qu’à l’Assemblée

 

Il y a encore quelques jours, je tentais tant bien que mal de me convaincre de devenir de droite afin de briguer la prestigieuse présidence de l’UMP. Je me voyais déjà croisant le fer sur toutes les chaînes de télévision de France avec le socialiste irresponsable et l’écologiste qui veut nous replonger au Moyen-Age, sans pétrole ni nucléaire. Je me voyais refonder le corpus théorique de la droite française afin qu’elle ne soit plus la bête du monde, mais la plus fièrement élististe. Je fomentais en secret une nuit du 4 août à rebours, où l’on aurait rétabli les privilèges, l’aristocratie, et où l’Eglise aurait regagné de plein droit la place qui est la sienne. J’avais même pris langue avec le duc d’Anjou Louis XX de Bourbon pour savoir s’il était prêt à se faire oindre  la carafe et couronner le ciboulot pour la seule gloire de la France éternelle.

Je sais, je sens, je subodore que pendant que vous parcourez ces lignes, un frisson parcourt votre épine dorsale. « Montjoie Saint-Denis, par la vraie croix du Christ, dites vous à l’attention de votre chère et tendre qui morigène votre descendance en faisant la vaisselle, il existe donc encore des hommes de bonne volonté qui veulent rendre à notre mère Patrie sa gloire passée? Il y a encore de preux chevaliers qui renoncent à exiler leur fortune dans un paradis fiscal et qui croient encore aux vraies valeurs? Georgette, prépare ma cotte de maille et équipe mon destrier, je m’en vais voter aux primaires de l’UMP ». Hélas, trois fois hélas, mon bon, j’ai décidé de renoncer à mon grand oeuvre. Non point par crainte de l’ampleur de la tâche, mais tout simplement parce que j’ai trouvé meilleur que moi. Je mesure l’insondable détresse dans laquelle doit vous plonger ce désistement, mais laissez-moi vous expliquer.

Depuis que je suis de droite, ce n’est pas très ancien mais j’apprends vite, je n’avais de cesse de m’en prendre aux institutions vulgaires de la Gueuse qui donnent bien trop de pouvoir au Tiers-Etat. Impregné de mes valeurs aristocratiques, je pensais naïvement que c’était à l’élite de la société de donner l’exemple et qu’on ne pouvait changer les choses que par le haut. J’avais tort sur toute la ligne.

Hier, alors que se réunissait l’assemblée de roturiers qui discute des lois ineptes qui nous précipitent à la ruine, certains députés de l’UMP crurent du meilleur goût de siffler et de commenter de façon tout à fait déplacée la ministre du Logement qui arborait une robe du plus disgrâcieux prêt à porter, ces gauchistes salissent vraiment tout. Incontinent, la presse muselée par le pouvoir bolchevique se mit en devoir de hurler à la misogynie, au patriarcat, et le spectre du membre de DSK commença à nouveau d’assombrir le commentaire politique. Un peu plus tard, le célèbre urologue Bernard Debré s’élevait contre la potentielle candidature de Rachida Dati (qui elle au moins a des notions de haute couture), en expliquant que la présidence du parti n’était pas le lieu approprié pour discuter chiffons et travaux intérieurs. J’ajouterais qu’il serait parfaitement malvenu de confier les clefs de notre formation à une gourgandine qui procrée hors des liens sacrés du mariage et qui cache l’identité du géniteur de son marmot. La charmante Nathalie Kosciuzko-Morizet à la chevelure léonine a même menacé d’y aller de sa postulation si ses revendications n’étaient pas entendues. Et puis quoi encore? Une grève de la cuisse, tant qu’à faire?

Non, messieurs de droite qui me lisez. Si vous avez encore un peu de foi en moi, avec tout ce que j’ai apporté à l’UMP en étant de droite pendant quinze jours, vous ne céderez pas aux sirènes de l’égalitarisme républicain qui ravale l’Homme au rang du socialiste, le prive de sa virilité et de son libre-arbitre. Qu’a t-on observé depuis quelques années: notre ancien leader, Nicolas Sarkozy, nous a bassiné avec ses histoires conjugales faute d’avoir su canaliser le tempérament de ses épouses: même François Hollande s’est donné la peine de recadrer sa dulcinée et de lui rappeler les devoirs de son rang. En termes purement politiques, Nadine Morano, Valérie Rosso-Debord ou encore Michèle Alliot-Marie, en dépit de leur indéfectible fidélité, ont jeté un discrédit durable sur l’UMP, faute des hautes qualités intellectuelles et morales qu’appelle l’exercice du pouvoir. D’ailleurs, ne dit-on pas un Homme d’Etat, non obstant son genre? Nous sommes même sur le point de nous faire doubler sur notre droite par une femme qui connaît la valeur de l’autorité, de l’Etat, et des racines. Enfin, le gouvernement inique porté au pouvoir par un peuple sans doute abusé par sa moitié féminine nous prive de quatre millions d’euros par an sous le fallacieux prétexte que nous n’aurions pas investi autant de femmes que d’hommes au législatives, étouffant ainsi l’équité et la qualité du débat démocratique. Mais je vous le demande, « camarades » de la rue de Solférino, si les femmes se mettent en tête de faire de la politique, à quelle heure allons-nous dîner? La preuve que la France va à vau-l’eau: l’Afghanistan compte plus de députées que nous, et on voit où en sont les Afghans.

Aussi, sitôt que nous serons revenus au pouvoir, je porterai une motion au congrès du parti pour que les femmes soient déchues du droit de vote et pour que le devoir conjugal soit inscrit dans la Constitution.

C’est pourquoi, chers amis de l’UMP qui m’avez soutenu, je renonce à porter au plus haut les couleurs de notre famille politique, et je vous demande de reporter vos suffrages sur David Douillet, le premier a avoir decelé les racines du mal qui frappe notre Nation, qui avait constaté que « tous les hommes sont misogynes, sauf les tapettes », et que « pour le bien des enfants, la femme est mieux au foyer ».

Vive l’UMP, vive la femme, vive la France.

 

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