De la mauvaise foi des collégiens.

« Les jeunes, c’est tous des bons-à-rien. Et ça devient pire avec l’âge » (Philippe Geluck)

« Le temps ne fait rien à l’affaire : quand on est con, on est con. » (Georges Brassens)

Ici Brest, les Bretons parlent aux Lorrains ! Je ne sais pas si j’ai déjà eu l’occasion de vous parler de mes années de collège : je ne pense pas vous surprendre outre mesure en vous disant que ce furent les plus désagréables que j’aie jamais vécues à ce jour ; s’il y a bien un âge ingrat, c’est bien celui du collège, c’est l’âge où on est assez grand pour se croire adulte mais pas assez pour l’être vraiment : on est encore aussi normatif qu’un gamin, et celui qui ne rentre pas dans le moule, on le lui fait payer cher ! Quand un ado ne mûrit pas et garde cette vision étriquée et agressive des choses, ça donne un fasciste : Mussolini et Hitler savaient parler aux jeunes…

Sans même aller jusque là, il faut tout de même admettre que mes « camarades » de collège ne m’ont vraiment pas fait de cadeau ; il faut reconnaître, à leur décharge, que j’avais commis la faut de goût épouvantable d’être bon élève, que je ne voyais absolument pas l’intérêt de jouer au petit rebelle de supérette face à mes aînés : les teenagers d’aujourd’hui me traiteraient de « boloss »… Par ailleurs, relisez tous vos classiques dans lesquels il est question de l’enfance ou de l’adolescence, et vous verrez que le premier de la classe ou, tout simplement, le bon élève NE PEUT PAS susciter la sympathie : c’est « forcément » le fayot de service, le puceau lèche-cul, boutonneux et binoclard, le sale cafeteur genre Agnan dans Le petit Nicolas, et quand il se fait houspiller voire casser la gueule, on se dit que c’est bien fait pour lui. Le cancre, lui, suscite la sympathie surtout depuis que monsieur Jacques Prévert a dit de lui qu’ « il dit oui à ce qu’il aime, il dit non au professeur » : on peut être un grand artiste et tenir des propos qui vieillissent mal car, à notre époque, dans les faits, le cancre dit le plus souvent oui à ce que lui ordonne d’aimer la télé ou, pour être plus contemporain, Internet. Mais allez expliquer à des cancres qui se prennent pour des rebelles que les vrais grands révoltés étaient le plus souvent des lettrés, donc des bons élèves, comme Gandhi, Luther King, Che Guevara, et caetera ! Allez leur expliquer que leurs fringues de marque, avec lesquelles ils se prennent pour des rappeurs du Bronx, loin de signifier une quelconque rébellion de leur part, trahit leur adhésion à la société capitaliste – la tenue de Gandhi n’était pas un hasard…

Une chose, surtout, qui avait fait du mal à l’adolescent que j’étais, c’était quand mes « camarades » me couvraient de noms d’oiseaux quand j’avais le malheur de donner une mauvaise réponse : ça peut arriver à tout le monde, et ça leur arrivait à eux-mêmes plus que fréquemment, mais comme j’étais le bon élève de service, on guettait le moindre de mes impairs, même les plus pardonnables, et j’avais souvent droit à une semaine de lazzis et quolibets rien qu’à cause d’UNE petite erreur comme ils en commettaient eux-mêmes des dizaines et que le prof avait le plus souvent oubliée un quart d’heure plus tard : les collégiens ne reconnaissent pas le droit à l’erreur à celui à qui ils attribuent, à tort, un pouvoir qu’ils n’ont pas.

Pourquoi je vous parle de ça ? Parce qu’aujourd’hui, quand j’entends l’opposition de droite crier à l’amateurisme de la gauche parce que le projet de loi de Cécile Duflot sur les logements sociaux a été repoussé par le conseil constitutionnel pour vice de forme alors qu’ils ont eux-mêmes été désavoués par les Français justement à cause de cinq années de grand n’importe quoi au cours desquelles ils ont voté sans broncher des lois bâclées, inutiles, incohérentes et dangereuses lancées à l’emporte-pièce par leur seigneur et maître aujourd’hui déchu en fonction de ses sautes d’humeur… Je me dis que l’UMP est un parti de collégiens. Vous allez regarder le débat entre les deux candidats au poste de délégué de classe ? Allez, salut, les poteaux !

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