Le mur de Masson

 

En ce moment, la droite mosellane travaille du chapeau, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas beau à voir. Après les aventures de François Grosdidier, après les manifestations à Dieuze contre le relogement de demandeurs d’asiles, après les propos homophobes qui fleurissent un peu partout chez les édiles du département, et après les tracts catastrophistes d’Emmanuel Lebeau, voici un nouvel élu de notre malheureuse circonscription qui se fait remarquer.

Monsieur Jean-Louis Masson, ci-devant sénateur de la Moselle, a dû prêter une oreille attentive aux propos de François Fillon qui soutenait hier soir que Marine Le Pen avait des idées « intéressantes ». En effet, notre cher représentant du peuple a appelé l’UMP à ouvrir « le dialogue avec Marine Le Pen » , estimant que le « mur politicien entre le FN et la droite parlementaire traditionnelle » était « artificiel ». On pourra déjà à ce niveau d’analyse, rappeler à notre sénateur qu’il y a un moment que ce n’est plus un mur qui sépare le FN de l’UMP, mais à peine un tout petit muret. M. Masson en convient d’ailleurs, quand il compare les propos de Copé sur les vols de petits pains au discours de la cheftaine facho.

Peut-être que Masson était trop occupé sur les bancs du Sénat pour prendre connaissance de l’action des précédents gouvernements, mais lier l’identité nationale à l’immigration, se palucher sur la menace terroriste pour ficher à qui mieux-mieux, revendiquer le rôle positif de la colonisation, le travail qui rend libre, et se payer les services M. Buisson, ex-journaliste à Minute et de Mme Mignon, catho intégriste, sont autant de trous béants dans un mur idéologique qui n’a jamais existé. Peut-être suis-je un peu pessimiste, mais j’ai une confiance toute relative en MM. Guéant, Hortefeux, Copé, Ciotti, Luca, Vanneste et consorts pour faire rempart de leurs corps quand il faudra défendre ce qui nous reste de démocratie contre les chemises brunes du FN.

Malheureusement, les propos du parlementaire sont dans l’air du temps. Un sondage récent (commandé par qui et pourquoi, on se le demande) nous apprend que les Français seraient en majorité effrayés par l’Islam. Les amis de Christine Boutin et du petit Jésus reprennent du poil de la bête. Les commentaires des propos de M. Masson sur le Figaro et sur Public Sénat (et peut-être sur Lor’Actu, je n’ai pas le courage d’aller vérifier) indiquent que nombre de militants UMP trouvent que ce ne serait pas une mauvaise idée de réaliser l’union des droites pour contrer les gauchistes incompétents qui nous gouvernent à la solde du lobby judéo-homosexuel. Bref, la droite « républicaine » a vécu, et on en vient presque à souhaiter beaucoup de succès à Jean-Louis Borloo. Gageons qu’avec les futurs débats sur le mariage pour tous et le vote des immigrés aux élections locales, le mur va encore perdre des briquettes.

Avant même que le FN ne finisse d’absorber l’UMP, notre très estimé sénateur a déjà commencé à faire sa petite crotte dans le champ des libertés civiques. Il soutient un projet de loi très amusant, qui vise à interdire l’anonymat aux blogueurs et à les obliger à fournir leurs coordonnées complètes. Rassurez-vous, M.Masson ne veut pas créer un délit d’opinion (car c’est bien connu, tous les journalistes et blogueurs sont de gauche): il veut juste régler son compte à François Grosdidier, le maire de Woippy, dans une sombre histoire d’association de malfaiteurs entre petits barons de la droite locale. Néanmoins, il pense, comme Nadine Morano, que les journalistes qui ne pensent pas comme lui desservent la démocratie et qu’il n’est pas obligé de leur parler.

En 1983, il s’était également illustré dans le cadre des municipales messines en faisant distribuer des tracts « anonymes » et diffamatoires à son encontre pour discréditer Jean-Marie Rausch, le maire de l’époque. Manque de bol, il s’est fait pincer et a dû retirer sa candidature. Par la suite, il a été destitué de son mandat de député pour avoir financé la campagne d’un concurrent pour affaiblir la candidate soutenue par le même Jean-Marie Rausch. Dans le genre malfaiteur, on voit qu’il n’a rien à envier à son ex-camarade de parti woippycien.

A noter également, M. Masson est à la tête d’une formation nommée « Démocratie et République ». A la lumière de son palmarès, fait de manigances électorales, d’appels à la délation, de mépris pour l’opinion, l’information et les valeurs républicaines, notre bien-aimé sénateur a toutes les qualités requises pour prendre sa carte au FN sans attendre l’aval de Copé ou Fillon. Il faudra juste qu’il pense à changer le nom de sa formation, puisque les deux notions sont incompatibles avec la pensée de Marine Le Pen.

Et nous, pauvres Mosellans, on se demande où on va bien pouvoir demander l’asile politique si la résistance tarde à s’organiser. Pas à Dieuze, en tout cas.

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