Monsieur Contretemps au pouvoir

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Ici Brest, les Bretons parlent aux Lorrains ! Je me souviendrai longtemps de cette série de sketchs des Guignols de Canal+ où François Hollande, qui venait d’annoncer qu’il n’excluait pas de se présenter aux présidentielles de 2012, était surnommé « monsieur Contretemps » : aux yeux des amuseurs de la chaîne cryptée, le maire de Tulle s’y était pris trop tard, il aurait fallu qu’il se lance pour les présidentielles de 2007, d’où le malin plaisir qu’ils prenaient à le montrer comme ayant toujours plusieurs années de retard ; à l’époque, la perspective d’une candidature Hollande faisait rire tout le monde, d’où cette plaisanterie.

Maintenant que les présidentielles sont passées et ont eu l’issue que l’on connaît, on pourrait penser que les Guignols se sont bien trompés, qu’Hollande n’avait pas deux ans de retard mais quatre ans d’avance. Et pourtant… Et pourtant, à bien y réfléchir, il semble quand même que son gouvernement a vraiment comme un train de retard sur son époque. Je m’explique…

La majorité vote le traité budgétaire européen : elle vit encore à l’époque où l’Europe était une belle idée à défendre à tout crin dont les adversaires étaient forcément des poujadistes et des « imbéciles heureux qui sont nés quelque part » ; elle n’a pas encore compris que la construction européenne n’est désormais plus rien d’autre que le jouet du capital.

Cécile Duflot a le malheur de suggérer que l’on réquisitionne des logements vides pour y installer des SDF : elle vit encore à l’époque où l’on pouvait se permettre de prendre les vrais problèmes à bras-le- corps sans se faire traiter de fou ; elle n’a pas encore compris qu’il est très mal vu désormais de passer à l’action concrète et que pour être pris au sérieux, il faut se contenter de faire de beaux discours solennels et de pondre des mesurettes dérisoires au terme de négociations foireuses.

Jean-Marc Ayrault a le malheur de dire que l’on a le droit de débattre des 35 heures, comme on a le droit de débattre de toute loi, comme dans n’importe quelle démocratie : il vit encore à une époque où les gens prenaient la peine de comprendre ce qu’ils lisaient ou entendaient avant de réagir ; il n’a pas compris que désormais, le moindre propos doit être mesuré au millimètre près sous peine de faire démarrer au quart de tour les bonnes âmes pures et dures qui savent s’indigner là où il faut s’indigner.

François Hollande lui-même a le malheur de laisser sa compagne vivre à sa guise, avoir les idées qu’elle veut et les défendre et exercer son métier : il vit encore à l’époque où l’on croyait définitivement acquise l’égalité des sexes et les droits durement obtenus par les femmes à l’abri de toute remise en cause ; il n’a pas compris que le machisme du français moyen s’est déjà réveillé et que l’on attend désormais du couple présidentiel qu’il soit à l’image de ce que doit être le couple de base, à savoir monsieur qui travaille et Bobonne qui reste à ses fourneaux.

Manuel Valls a le malheur de partir à la chasse aux Roms : il vit encore à… Euh non, pardon, ce dernier exemple est mal choisi ! C’est également une erreur, certes, mais elle n’est pas du tout décalée par rapport à notre époque, bien au contraire, elle est même tout à fait dans l’air du temps ! Valls a tout compris à ce qu’il fallait faire pour être populaire… Je me demande si c’est vraiment le reste du gouvernement qui a un train de retard ou si c’est juste notre époque qui a le cerveau à l’envers… Allez, salut les poteaux !

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