Plus que les mains d’or pour pleurer

Cette semaine, une fois de plus, nous n’allons pas faire comme tout le monde, nous allons faire coïncider la chronique musicale avec l’actualité brûlante de ces derniers jours. T’inquètes pas, lecteur adoré, les inrocks vont continuer, eux, à faire l’éloge de groupes faussement rock mais réellement chiants. Qu’on ne se méprenne pas sur mes propos, je n’ai absolument rien contre les trois étudiants boutonneux du groupe Revolver. Je me demande seulement si cela valait bien la peine de les sortir de leur chambre en criant au génie. Mais tout cela n’est qu’une question de goût après tout.

Bref, je vais te donner un petit truc pour ne pas te faire avoir: si la musique est ennuyeuse, si t’as une furieuse envie de te pendre, stoppe vite l’écoute, glisse le mot ‘Velvet’ avant le mot ‘Revolver’, recommence ta recherche sur Deezer et sauve ton âme et tes esgourdes avec le fabuleux Velvet Revolver. Comme quoi, à un mot près…

Pendant ce temps là, nous assistons à la récupération dégeulasse du combat des métallos de Florange par les politiques de tous poils. Avec, toutefois, une mention spéciale aux socialos. On les a jamais vu aussi proches des ouvriers. Pour la plupart d’entre eux, c’est d’ailleurs une première. Jusqu’alors, ils n’en avaient vu que dans les livres ou à la télé.

Ils ont tellement soif de pouvoir, si tu leur dis que dans les familles ouvrières de Lorraine, les hommes se tartinent le corps d’étrons  de chien pour resister à la pollution, tu risques de voir arriver un cortège de politiques merdeux, une farandole chiasseuse d’opportunistes prêts à tout pour avoir la place de l’autre nabot. Désolé, je ne peux pas écrire son nom, j’ai déjà marché dedans ce matin, ça suffit !

Si je te dis cela, mon poteau, mon frère, mes tripes, c’est que j’ai pu observer, via un réseau social fort connu, les manoeuvres de quelques petits politicards locaux. Entre un maire, tout heureux d’avoir dans sa commune l’usine concernée, véritable aubaine pour sa pomme et une élue qui toute élue locale qu’elle est, voue déjà un culte absolu à sa propre personne, se déléctant des multiples commentaires complimentant, il est vrai, son charmant minois. Mais Kesako de la politique les amis ? Vous avez décidé d’y faire carrière, alors cessez de venir montrer votre tête à tous les passants. Faites votre métier, fabuleux métier car entièrement dédié à la societé. Les hommes et femmes politiques ne sont rien d’autre que des carrièristes honteux, les même que l’on retrouve dans les boites privées, coulant une boite ici, s’engageant dans une autre là. Regarde bien où va finir la clique à Sarko, tous replacés dans le privé dans peu de temps, à faire du pognon, mettant leur immense ignorance aux services de GDF, France Telecom ou Bouygues.

M’enfin – comme l’aurait dit Gaston – on verra bien ce que va faire le PS des métallos, après le second tour.

Alors afin de sortir de cet indigeste soupe de récupération, il est vital de se purger l’esprit avec un artiste que j’aime énormément. Un qui n’a pas attendu la veille des élections pour soutenir la sidérurgie lorraine. Bernard Lavilliers était déjà venu à Uckange en 1991, lors de la fermeture du dernier haut fourneau. Qu’il redonne de sa personne en ce moment ne m’étonne guère. L’artiste a été embastillé comme insoumis dans la forteresse de Metz, il connait notre région, lui a même consacré une merveilleuse chanson, un texte magnifique; ‘Fensch Vallée’ est un hommage magistral à notre vallée de l’acier. Le minot de la vallée des anges que je suis, le fils de sidérurgiste, petit fils de mineur pleure chaque fois qu’il entend les notes des ‘Mains d’or’.

J’ai vu Lavilliers en concert aux Arènes de Metz, c’était en 2005 je crois. J’ai encore le souvenir bouillant d’une salle entière dansant, se tremoussant aux rythmes sud-américains, tous le sourire aux lèvres. Je me souviens également de la sortie du concert où marchant avec ma gonzesse, tortillant du prose, comme toutes les filles d’ailleurs, je passe à coté d’un petit groupe, composé essentiellement d’hommes, très bien habillés, trop bien même. Ils conversaient sans doute sur leurs impressions du spectacle puisque l’un d’eux s’est fendu, au moment où je passais à ses cotés, du commentaire suivant. Deux points, ouvrez les guillemets:

« Sympa ce concert, n’est ce pas ! Mais ses propos sur la politique, ça, c’est de trop. C’est vrai quoi, on va voir un concert, pas un meeting politique ! »

Mon sang ne fit, tu sais quoi ? Oui, qu’un tour, pas un de plus. Sans doute que si Lavilliers était moins orienté à gauche, cela n’aurait pas dérangé ce petit bourgeois péteux, je me fendis à mon tour du commentaire suivant:

« tu croyais quoi mon pote en venant voir Lavilliers, qu’il encense Sarko, t’as qu’à aller voir Sardou et nous emmerde pas ». Enervé par la colère – comme le dit le Renard – je partais pour lui mettre ma main dans sa grosse gueule de capitaliste lorsque ma gonzesse m’arrêta, me promettant milles merveilles à venir. Le concert lui avait mit les sens en eveil à cette belle enfant. Il était de mon devoir de ne pas la laisser dans un tel désarroi.

Les mains d’or, ça ne sert pas qu’à forger l’acier rouge, tu sais.

Voilà pis c’est tout.

 Bernard Lavilliers – Les mains d’or

 

 

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