Interview (presque) imaginaire : Gérard Depardieu

09-24 (1)

RENAN APRESKI : Devezh mat, Metz, mont a ra ? Je reçois Gérard Depardieu.

GÉRARD DEPARDIEU : Hé, qu’est-ce tu viens encore me faire chier, toi ?

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R.A. : Oui, bonjour aussi. Gérard, vous avez une nouvelle fois suscité la polémique en vous déclarant prêt à tourner un film à la gloire du président tchétchène Ramzan Kadyrov…

G.D. : Et qu’est-ce ça peut te foutre ? Tu crois pas que tu ferais mieux de causer de Peillon qui veut réduire les vacances d’été ?

R.A. : Gérard, je vous en prie, le projet de Vincent Peillon est discutable, certes, mais il n’est pas criminel, tandis que vous, vous cautionnez la politique d’un homme qui fait vivre tout un peuple dans la terreur !

G.D. : Qu’est-ce tu m’causes d’une terreur ? J’suis allé voir mon pote Ramzan plein de fois et j’ai jamais été terrorisé ! On a bu de la vodka dans le salon d’honneur du stade qui porte son nom, on avait bien chaud alors qu’il faisait moins quinze dehors, et il m’a offert plein de cadeaux, pour au moins quarante patates de bibelots !

R.A. : Gérard, est-ce que vous savez que votre « pote » comme vous dites impose l’état de siège à son pays et applique la loi islamique ?

G.D. : Bah rien à foutre, le seul siège que j’ai vu, c’est celui en renard des neiges retourné sur lequel je me suis assis ! Et vu qu’avec Ramzan et ses copains, on garde toutes les belles filles pour nous, les Tchétchènes n’ont plus que les boudins, y z’ont donc plutôt intérêt à les voiler, hein !

R.A. : Gérard, je vous assure que Kadyrov a du sang jusque sous les aisselles : il a rétabli le crime d’honneur et la punition collective et il est impliqué dans l’assassinat de Natalia Estremirova, une spécialiste des enquêtes sur les enlèvements…

G.D. : Bah bien fait pour sa gueule, à la Natalia Machin ! Quand on est trop fauchée pour profiter des largesses de son président, on a qu’à fermer sa gueule ! Les journalistes des pays de l’Est, s’ils veulent pas se faire assassiner, y z ‘ont qu’à pas chercher la merde à ce point, quoi ! Pourquoi ils font pas comme Jean-Pierre Pernault, par exemple ? S’ils faisaient juste des reportages sur les producteurs de vodka, ils auraient pas d’emmerdes ! J’vois pas d’quoi ils se plaignent, les Tchétchènes, ils ont la chance d’avoir un président qui a reconstruit toute une ville en cinq ans ! C’est pas Hollande qui en ferait autant, tiens !

R.A. : De la chance, de la chance… Ils n’ont rien demandé, c’est le pouvoir russe qui leur a imposé la présidence de Kadyrov ; et puis la reconstruction de Grozny, ça leur fait une belle jambe, la république de Tchétchénie ne produit pas de richesses et le chômage touche à peu près 75 % de la population active !

G.D. : Oâh, l’autre, tu dis n’importe quoi ! Si la population active est au chômage, alors elle est pas active, la population, réfléchis deux secondes ! Et puis tous ces fainéants, s’ils veulent que la Tchétchénie produise des richesses, ils ont qu’à se bouger le cul au lieu d’attendre que les allocations leur tombent toutes cuites dans le bec !

R.A. : Gérard, vous n’allez pas leur faire la leçon en plus ! Je vous assure que ce n’est pas anodin, d’accepter de tourner un film à la gloire d’un chef d’État, surtout un comme Kadyrov, ça vous fait porter sur les épaules une grave responsabilité morale vis-à-vis du peuple tchétchène !

G.D. : Bah, j’’ai les épaules larges, hein ! Avec tes épaules en Saint-Galmier, tu peux pas en dire autant ! Voilà où ça mène de ne boire que de l’eau ! Mais je t’avoue que l’hommage à Ramzan, pour moi, c’est plutôt secondaire : l’important, c’est que ce film va me rapporter plein de tunes et que je n’aurai pas à les déclarer, Vladimir me l’a juré !

R.A. : Mais il n’y a donc que l’argent qui vous intéresse ?

G.D. : Non, la picole aussi ! Mais c’est vrai que du moment qu’on y met les sous, je suis prêt à jouer n’importe quoi ! D’ailleurs, ça fait des années que je tourne déjà n’importe quoi !

R.A. : Mais vous n’avez pas besoin d’accepter n’importe quel rôle, vous êtes un des acteurs les mieux payés de France, voire même du monde ! Le moindre de vos films vous rapporte plein d’argent !

G.D. : Ouais, mais plein d’argent, ça me suffit pas, je veux gagner plein, plein, plein, plein d’argent et ne pas devoir en donner après pour ceux qui ne veulent pas travailler, bordel !

R.A. : Vous n’avez donc aucun sens moral ? Vous seriez prêt à tenir le premier rôle dans une hagiographie d’Hitler, si on vous payait grassement ?

G.D. : Hitler ? Tu rigoles ou quoi ? Bien sûr que non, c’est impossible !

R.A. : Ah, je me disais aussi !

G.D. : Ben ouais, Hitler buvait jamais d’alcool ! J’arriverais jamais à rentrer dans la peau d’un personnage pareil ! ‘Faut un minimum de crédébi… de cridibi… ‘Faut que ça fasse vrai un minimum, quoi ! C’est con, parce que sans ça, Hitler a pas fait que des choses mal, c’est quand même grâce à ses autoroutes que les Allemands peuvent se déplacer, non ?

R.A. : Bon, on va s’arrêter là, je vais m’allonger. Kenavo, les aminches !

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