Ghislaine et Claude

11-06

Devezh mat, Metz, mont a ra ? Le monde du journalisme se divise en deux catégories…

Dans la première catégorie, il y a les « chiens de garde », les éditorialistes, chroniqueurs, experts et autres têtes de cul poudrées médiatiques qui enchaînent les plateaux télés et ont pignon sur rue dans les journaux et les radios dont ils sont souvent eux-mêmes les dirigeants ; ils sont payés des sommes indécentes par les patrons du grand capital pour vous dire ce qu’il faut penser et vous assènent continuellement un catéchisme néolibéral sans avoir jamais mis les mains dans le cambouis de la misère humaine ; ils ne sortent pratiquement jamais de leurs salons feutrés et climatisés où, avec d’autres privilégiés, ils décident de la marche du monde sans jamais avoir été élus par qui que ce soit et ne connaissent de la dureté de l’existence que les images que la deuxième catégorie leur envoie des quatre coins du monde, images qui ne sont pour eux que des appâts à audimat.

Dans la deuxième catégories, il y a les vrais journalistes, les reporters, correspondants, envoyés spéciaux et autres aventuriers des temps modernes, qu’on ne voit pour ainsi dire jamais à la télé et qui pourtant font le gros du travail pour les médias dont ils sont les employés : ils sont payés au lance-pierre par des crapules pleines aux as pour vous informer sur les événements de notre pauvre monde et luttent pour vous faire parvenir la vérité sur des faits souvent tragiques, se confrontant aux pires drames humains et mettant souvent leur vie en danger sans jamais se plaindre publiquement de leur sort ; à l’issue d’études souvent longues et coûteuses, ils vivent perpétuellement sur la brèche, peuvent à tout moment être envoyés sur les lieux les plus dangereux qui soient où ils risquent d’être pris en otages voire d’être exécutés, ce qui leur vaudra pour la seule et unique fois de leur carrière d’être qualifiés de « collègues » par ceux de la première catégorie qui verseront des larmes de crocodiles sur ceux qui n’étaient pour eux que de la chair à scoop et qui ont pris tous les risque à leur place.

Ghislaine Dupont et Claude Verlon appartenaient à la deuxième catégorie. Je leur dédie ces quelques mots. Kenavo, les aminches !

P.S. : A quelle catégorie j’appartiens, moi ? Ni l’une ni l’autre : je ne suis pas journaliste.

4 comments on “Ghislaine et Claude

  1. Je ne parle pas de ces deux journalistes, dont le sort regarde surtout leurs proches, ceux qui les ont perdus. Je parle en général, je réagis à ton article. En général, il me semble quand même que les « salons feutrés » sont aussi pleins de grands reporters qui ont pris des risques en leur temps, voire même qui en prennent toujours en allant sur le terrain entre deux salons feutrés. Les reporters de guerre ont aussi droit à leur moment « cocktail » à Paris. Ils occupent souvent des postes de direction dans les médias et gagnent bien leur vie (de moins en moins, peut-être, avec la crise de la presse et les budgets resserrés), ce qui est tout à fait juste, à mon avis. Ils prennent des risques, ils ont des responsabilités, leur compétence est rare. Qu’on les paie comme des footballeurs, ça me semblerait juste. Les footballeurs ne risquent pas leur vie. Autrement dit, la deuxième catégorie infuse dans la deuxième. Je ne crois pas qu’on puisse les scinder aussi facilement, en deux catégories. Ces journalistes gagnent leurs gallons comme ça, sur le terrain. Au fond, je pense qu’ils défendent l’information comme l’ébéniste défend la chaise. Ils font surtout leur métier. Après, la défense de l’information ne paraît pas incompatible avec le grand capital, au contraire. Il semble même que le grand capital soit le meilleur allié terrestre de la liberté d’informer. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ne sont pas les pires modèles en la matière
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    1. Je rangeais dans la première catégorie de journalistes les têtes de cul poudrées telles que les Apathie, Barbier, Giesbert et autres Mougeotte qui ont une carte de presse mais ne vont jamais sur le terrain et se contentent de donner leur avis sur tout… En fait, la première catégorie, telle que je la définis, est extrêmement restreinte mais elle est très nuisible parce qu’elle constitue la partie émergée de l’iceberg, celle que tout le monde voit et, surtout, entend. J’ai peut-être été caricatural, mais il n’empêche que les journalistes qui paient d’avoir fait leur travail en se faisant exécuter, prendre en otage ou, plus simplement, cambrioler, méritent davantage le respect que les privilégiés qui ont pignon sur rue sur les ondes et vous bourrent le crâne de propagande capitaliste…
      Si l’information est compatible avec le grand capital ? Dis-moi : tu crois qu’un journal financé par Dassault fera une enquête sur les magouilles de l’entreprise Dassault ? Tu crois qu’une chaîne financée par Bouygues diffusera un reportage sur les liens de Bouygues avec des potentats exotiques ? Tu crois qu’une radio financée par Lagardère aidera la justice à avoir des preuves quand Arnaud Lagardère est mis en examen ? Tu crois qu’un des quotidiens financés par Tapie publier des documents compromettants sur Tapie ? A ce jour, les seuls médias à avoir publié des informations VRAIMENT gênantes pour le pouvoir sont des médias indépendants comme Médiapart ou Le Canard enchaîné ! Les gros capitalistes nous disent qu’ils financent des journaux pour aider les journaux à faire leur travail, mais c’est de la poudre aux yeux. Si tu ne me crois pas, lis donc le livre de Jean Stern, « Les patrons de la presse national : tous mauvais. »

  2. Oui, je devrais lire le livre de Jean Stern, puisque je ne l’ai pas lu. Pour ce qui est des figures journalistiques que tu as citées qui passent à la télé, j’évite de les regarder. Je vois qui ils sont, car on peut difficilement y échapper, et je n’ai rien contre eux personnellement. Je crois que tout le monde les entend et qu’ils représentent une sorte de bruit de fond assez abrutissant, en effet. Ou alors des voix rassurantes, parce que familières. Qu’attendre de ces voix toujours très « raisonnables » ? Sont-ils même les instruments de quelque pouvoir caché ? Moi je crois qu’ils restent surtout en place parce qu’ils ont le talent assez rare d’avoir quelque chose à dire sur tous les sujets et qu’ils ne disent jamais rien, ce qui est assez rassurant dans un téléviseur et qui correspond à l’idée consensuelle et durable de « série », de « feuilleton », dont on attend jamais rien de sérieux. N’est-ce pas la seule mission réaliste de la télévision, celle de la fascination ?

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