Putes et fils de pute

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Depuis que je tiens cette chronique, j’ai toujours dit que sans l’UMP on rigolerait vachement moins. L’union pour la majorité mise en examen pour trafic d’influences et diverses manœuvres qui enverraient n’importe quel pauvre con (ou con pauvre) en cabane pour 20 ans s’est encore permis de me donner raison aujourd’hui. En effet, l’intermittent du spectacle Mathieu Madénian s’est vu interdit de se produire au prestigieux festival de Saint Raphaël dans le Var. Le motif: en 2011, Madénian a traité les électeurs du FN de « fils de pute ». Un élu local du FN s’est empressé d’aller rapporter ces propos à Georges Ginesta, maire UMP du patelin varois, qui a décidé que c’était bien vilain d’insulter six millions de connards et de connasses qui croient (et certainement pas qui pensent) que voter pour un parti fasciste et arriéré leur apportera bonheur, prospérité, retour des cheveux perdus et ventre plat.

Mathieu Madénian, qui est chiant comme la pluie chez Drucker mais plutôt très bon sur scène, est à la fois victime d’une faiblesse de la langue française et du peu de rigueur des juges qui l’ont condamné en 2011 pour ces propos pourtant frappés au coin du bon sens. Victime d’un abus de langage d’abord: quand on a recours à l’insulte, c’est souvent sous l’effet de la colère ou de l’indignation. Untel qui taxe son camarade d’enculé parce qu’il lui a marché sur le pied ou unetelle qui qualifie son amie de salope parce qu’elle a trouvé un super petit haut à moins soixante pour cent pendant les soldes n’est pas forcément un homophobe notoire ou une réactionnaire affirmée. Le tic subsiste mais le mot est vidé de sa substance, un peu comme l’anglophone qui voudrait un fucking umbrella quand il pleut alors même qu’il sait bien que le parapluie n’est que très exceptionnellement employé dans les rapports sexuels contemporains.

Idem, les juges, peu portés sur la lexicographie et la linguistique, ont jugé opportun de prendre les propos de l’humoriste au premier degré au lieu de vérifier l’hérédité des électeurs du Front National. Puisque les magistrats donnent dans la justice à deux balles, permettons-nous de divaguer dans la psychanalyse encore moins chère en affirmant que si les élus FN et UMP se sentent offusqués quand on soupçonne leurs daronnes d’être plus à cheval sur de ténébreux inconnus que sur la morale, c’est bien qu’ils ne doivent pas se sentir tout propres.

Allons encore plus loin, et permettons nous une escapade en subjectivité sauvage. Certes, au premier abord, les propos de Mathieu Madénian peuvent paraître insultants. Rien n’indique que le fils d’une hétaïre sera plus con et plus facho que le fruit des entrailles d’une bourgeoise bon teint. Ajoutons qu’il n’est pas infamant d’être un/une prostituée, attendu que la plupart des personnes concerné(e)s n’ont pas franchement eu le choix (quoi qu’en pensent les libertins impuissants qui rêvent du retour des maisons closes), alors que prendre sa carte  au FN ou à l’UMP ou au PS ou ailleurs relève d’un choix qui n’est pas sans évoquer un smicard qui se rendrait à l’université d’été du Medef ou Christine Boutin qui ferait de la pub pour Durex.

Or, voilà le cœur de la question. Quand on parle de putes, on pense trop souvent à la malheureuse qui vend ses charmes sur l’avenue Foch et pas assez aux imbéciles qui vendent leur âme, qui pour vendre des bagnoles de merde ou des assurances (en recrutant Chevalier, Laspalès ou Gad Elmaleh, pour te dire comme ces gens n’ont pas la moindre fierté), un livre en grand format sur des affiches à la gare, qui pour vendre un album à grands renforts de clips à la télévision ou sur Internet ou de singles débilitants à la radio, qui avec un programme électoral tout pété partout où on a le droit d’en parler en vue de poser son gros cul de bourgeois sur un siège d’élu.

L’UMP, sous l’égide de Sarkozy, a mieux sucé le FN que toutes les vidéos consacrées au sujet sur Youporn ne permettraient de l’imaginer. Le PS n’est pas en reste, en se faisant passer pour un parti de gauche pour mieux pépon l’UMP avec sa rigueur, son austérité, sa maîtrise des dépenses publiques, son obsession SM pour la sécurité (première des libertés selon François Hollande) et pour la baisse des cotisations sociales. Quand tu regardes bien, le débat politique actuel est un gros gang-bang où on vend des idées à trois (anciens) francs six sous à des pauvres cloches qui ne peuvent se payer mieux. Et qui se fait défoncer? La liberté, qui n’y peut mais puisque les passants passent tant que tout ceci est socialement admis et que les enfants ne peuvent pas trop mater.

Reconsidérons maintenant la citation de Mathieu Madénian: « les 18% d’électeurs qui ont voté pour le FN sont des fils de pute ». Si l’on fait sienne mon acception de la prostitution, on notera qu’apporter son suffrage à une grosse dondon qui ment plus vite qu’elle ne respire, en acceptant de sacrifier quelques libertés publiques pour un avantage différé d’on ne sait combien de temps, est bien une forme achevée de prostitution. Quand Sarkozy enjoint tout un chacun de travailler plus pour gagner plus alors qu’on peinait déjà avant à faire ses 39 heures sans envisager de foutre le feu à sa boîte et à ses collègues, il se comporte bien comme le dernier des macs.  Quand Hollande te promet du changement maintenant, et quand tu constates que même si tu as changé de rue, la couleur de ton trottoir n’a pas pas changé d’un iota, tu es en droit de penser que tu t’es fait niquer avant même que ne survienne ton premier client.

J’en aurais autant pour le reste des partis mais comme Sade je reporterai l’inventaire des perversions à l’éventualité de me faire embastiller pour une raison quelconque. Je conclurai en suggérant à Mathieu Madénian qu’il n’a commis qu’une légère erreur d’appréciation: les électeurs du FN ne sont pas des fils de pute.

Juste des putes.

One thought on “Putes et fils de pute

  1. Bonjour, il faut à tout prix faire de la pub à ce genre de comportement. Je me suis permis d’insérer un extrait (avec un lien) sur mon blog. Si seulement ça pouvait déciller les yeux de ceux qui on voté pour ces fachos, « simplement  » par inculture politique, pour montrer leur mécontentement….
    Comme s’il n’y avait d’autres façons de signifier sa colère !!!!

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