Tu pensais avoir tout vu ?

161263_Papel-de-Parede-Aerosmith_1280x960Petite, as tu déjà observé le vent qui s’engouffre dans les branches des peupliers ? Regarde voir par la fenêtre, là le long du stade de foot, il y en a une quinzaine, alignés bien gentillement. Regarde bien leur réaction face au vent. On dirait autant de géants prêts à perdre l’équilibre. Ils vacillent mais ne tombent pas. Regarde leurs branches, on croirait des dizaines de bras cherchant à se rattraper à je ne sais quoi. Ne les trouves tu pas sublimes, de grâce et de force. Regarde avec quelle souplesse et agilité leurs balancements sont coordonnés. Je ne sais pas toi mais moi je peux les observer pendant des heures.

Stop !! Attends, mais que m’arrive-t-il ? Ne serais-je pas en train de me ramollir ? Mais oui c’est cela … vite je me ressaisis.

Sais tu l’ami, que l’homme est vulnérable sitôt l’éjaculation passée ? Si tu ne le sais pas, je viens de te sauver de bien des situations embarrassantes … laisse béton Gaston, tu me remercieras une autre fois, là, vois tu, je n’ai pas le temps.

Vite, je reprends mes esprits, me lève du pieu et me prépare à décarrer fissa. Ouf, encore un peu et je tombais dans le piège … celui où tu te livres, où tu jactes plus que tu ne devrais.

  • Mais … où vas tu ? Et les peupliers … tu ne veux plus les regarder avec moi ?

  • Désolé ma beauté, mais le devoir m’appelle, je viens de me rappeler que j’ai laissé mon chien dans ma mustang … et si je ne veux pas qu’il me ruine le cuir de ma sellerie, j’ai intérêt à vite y aller. Merci encore ma belle.

Sitôt dehors, je libère pépère de sa prison de cuir et d’acier et je l’amène boire un godet dans un rade juste en face.

Une fois installé au zinc du comptoir, tandis que tout mon être est occupé à commander un double scotch sans glaces, mes portugaises sont assaillies par des pleurnichements nasillards. Ceux ci émanent du gros Freddy, qui se trouve à l’autre bout du comptoir, partiellement caché par un pilier du bar.

  • Putain, mais que fais tu là ? Lui demandais-je en m’approchant de lui.

  • Ma femme s’est barrée, parvient il à balbutier entre deux sanglots épais comme un verre de porto hors d’âge.

Ce con de Freddy devait frôler les cinquante piges, dont plus de trente passées avec la même bonne femme. C’était un petit trafiquant minable qui roulait sa bosse tranquille, sans jamais faire de vagues.

Son truc à lui, c’est le trafic d’herbe, d’alcool et de vêtements contrefaits, plus une langue bien pendue lorsqu’il s’agit de fournir des informations sur ses collègues voyous. Mais sa particularité n’est pas là, non, ce qui fait le petit plus de Freddy c’est qu’il aime se faire mettre n’importe quoi dans le fion.

Attends, ne pars pas, je vais t’expliquer … Chacun trouve le plaisir où bon lui semble, nous avons tous nos perversions … oui, même toi là, qui me lit en regardant autour de toi, observant si personne ne vient. N’ait pas honte, Freddy n’est pas un monstre.

Le pauvre bougre ne parvenait à trouver le plaisir seulement lorsque sa femme lui introduisait quelque chose. Que veux tu que je te dise ? Je ne vais pas te mentir, tu veux que je te décrive le personnage, oui ou non ? Bon ben accroche toi Simone, on y va … tu vomiras plus tard.

Bref, il n’y avait pas un seul objet de leur quotidien, un seul bibelot improbable de leur appartement minable que Lucienne n’ait inséré dans le fondement de Freddy. Ce qui oblige obligatoirement le visiteur avertit ayant accès à leur logis, à prendre une certaine distance avec la décoration et à éviter le plus adroitement possible toute invitation à béqueter. Je m’en suis fait une spécialité.

  • Tu comprends, jamais plus je ne trouverai une femme comme elle … plus jamais.

Tu parles Charles, pensais je. Ce n’est pas ta bonne femme que tu chiales pauvre con. Cette conne immonde, qui t’aurais vendu pour une paire de faux Louboutin.

Ce qui effraie le gros Freddy, c’est qu’il n’est pas certain de retrouver une gonzesse qui acceptera de lui faire l’amour avec le chandelier familial.

Désinhibé par l’alcool, le voilà qui commence à me donner des détails, du genre :

  • Tu comprends, depuis que j’ai dépassé les 160 kg, je n’peux même plus le faire moi même … j’ai besoin de quelqu’un pour cela, me chuchote il.

Je l’aime bien Freddy, ce gaziot a toujours été correct avec mezigue.

Écoute Freddy, je n’peux rien faire pour ton chagrin d’amour. Seul le temps fera son affaire. Mais tiens, prends cela. Tu vas voir qu’après l’avoir écouté, tu ne penseras même plus à cette connasse.

Et moi de lui tendre l’album « A little south af Sanity », un best of d’Aerosmith qui remonterait le moral au plus mal aimé des présidents.

Alors, encore merci aux Toxics Twins et à tout le groupe Aerosmith pour la capacité qu’ils ont, en quelques notes, à éclaircir la noirceur de nos jours les plus mauvais.

Voilà pis c’est tout

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