Dix secondes sur mes lèvres, dix années dans mes hanches

J’ai rencontré cette femme à un concert de blues-rock,

Je l’ai déshabillée du regard pendant une heure,

Elle soutenait mon regard.

 

Au début j’étais trop sobre pour l’aborder

Et à la fin j’étais trop bourré pour lui parler.

 

Le yang s’était complètement noirci

Lui aussi

Il m’invitait à jouer les funambules

Sur une corde raide

Mais j’avais oublié la méthode

Je n’avais plus l’habileté

Faute de pratique ;

Sans soutien

J’ai foncé

Sans repères

Comme un aveugle dont on aurait chourré la canne et coupé les mains

J’ai foncé pour ne pas me sentir lâche.

 

Je suis allé vers elle

Et sans mot dire

J’ai passé mon bras gauche dans son dos

L’ai attirée contre moi

Puis ai pressé sauvagement mes lèvres contre les siennes.

 

Je m’attendais presque à ce qu’elle m’en retourne une

Mais

Après lui avoir rendu sa propriété privée

Dont je venais, pour un moment,

Arbitrairement de la priver

Elle me serra le bras et me susurra à l’oreille :

« Attention ! Dix secondes sur mes lèvres, dix années dans mes hanches… »

 

Je l’ai fixé droit dans les yeux

Elle a soutenu mon regard

Puis j’ai regardé ma montre

Huit secondes…

Ouf !…

 

Me voyant trop réfléchir

Elle m’a fait un clin d’œil

A tourné les buildings sur lesquels elle était monté

Puis s’est évanouie

Comme une toile d’araignée lorsque la rosée s’est évaporée.

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