Zéro pointé : L’école d’aujourd’hui n’est plus celle de la IIIe République : c’est à la fois un bien et un mal. N’en déplaise aux nostalgiques vieux et amnésiques, je trouve plutôt positif qu’on n’ait plus recours aux châtiments corporels : tout comme la maison de correction, ça n’a jamais fait peur qu’aux enfants sages, sans compter que c’est le plus sûr moyen pour endurcir un voyou et rendre névrosé un enfant peu turbulent mais à la peau tendre. De même, il est heureux, n’en déplaise à Finkielmour et Zekrault, qu’on ne cherche plus à bourrer le crâne de nos enfants d’idées patriotes et revanchardes à la mors-moi-le-drapeau comme au temps où nos politiciens voulaient récupérer à tout prix les richesses minières d’Alsace et de Lorraine – parce que le sort des populations locales, hein… En revanche, il est regrettable qu’on ait jeté bébé avec l’eau du bain, c’est-à-dire qu’on ait renoncé, en même temps qu’à ces pratiques dépassées, à l’exigence et à la recherche d’excellence. Nos ministres de l’éducation successifs n’ont eu de cesse, depuis des années, de pratiquer le nivellement par le bas dans le seul but de faire obtenir leur bac aux gosses de pauvres le plus tôt possible et ainsi leur permettre d’entrer sur le marché aux esclaves…pardon, sur le marché du travail le plus vite possible, sans espoir pour eux de pouvoir rivaliser avec les fils de bourgeois dont sont bourrés les « grandes écoles » où le niveau de l’étudiant est fixé suivant le fric des parents. La réforme de l’orthographe, décidée depuis 1990 et destinée à entrer en application à la rentrée prochaine dans les manuels scolaires, n’est que la partie émergée de cette misère intellectuelle érigée en norme dans ce pays qui n’aime pas les bons élèves et les regarde comme des anomalies épouvantablement exotiques ; si vous saviez combien de fois on m’a demandé de me mettre au niveau de mes « camarades » qui n’en foutaient pas une en cours ! En 1971, ce vieux con réac « Le mythe d’une culture entièrement haïssable offre un grand avantage tactique. Il vous apporte une bonne partie de la jeunesse, le mauvais élève devenant un héros de l’anticulture. » de Louis Pauwels avait dit, dans un éclair de lucidité : « Le mythe d’une culture entièrement haïssable offre un grand avantage tactique. Il vous apporte une bonne partie de la jeunesse, le mauvais élève devenant un héros de l’anticulture. » Bien vu, l’aveugle ! La preuve, c’est qu’aujourd’hui, on ne dit même plus « mauvais élève » ou « cancre » mais « élève en difficulté » ! Je peux vous dire que des difficultés, ils en ont soudain beaucoup moins quand il s’agit de bavarder ou d’agresser un camarade dont la tête ne leur revient pas !
Point de suture : L’affaire Jacqueline Sauvage a au moins le mérite de remettre le drame des femmes battues sur le devant de la scène médiatique sans attendre la journée de la femme : si la société protégeait mieux ces malheureuses, elles n’en arriveraient pas à commettre des crimes ! Mais quand elles vont porter plainte au commissariat contre leur gros beauf plein de bière qui les bat, c’est pour trouver, sous l’uniforme bleu, d’autres gros beaufs pleins de bière qui battent eux aussi leurs femmes ! Résultat, elles restent seules face à leurs tortionnaires qu’elles finissent, poussées dans leurs derniers retranchements, par assassiner et il faut compter soit sur la grâce présidentielle soit sur une indulgence de la justice pour qu’elles évitent de croupir en prison, c’est-à-dire à la place que leurs maris auraient dû occuper ! C’est d’autant plus regrettable que ça crée un précédent fâcheux : si on commence à gracier les gens qui se font justice eux-mêmes, qu’est-ce qui empêchera les gros vilains cons de bourgeois tueurs de petits voleurs, comme le tristement célèbre bijoutier de Nice, de réclamer semblable grâce pour eux aussi ? Voilà comment, avec de bonnes intentions au départ, on peut en arriver à transformer un pays en Texas bis !
Point fou : Vous vous souvenez de la polémique (malsaine) sur la viande Halal ? Et du scandale de la viande de cheval ? Au vu de l’ampleur disproportionnée qu’avaient prises ces affaires, je me disais que les mouvements « vegan » (puisqu’il parait qu’on ne dit plus « végétarien ») avaient bien du boulot. Je me trompais : aujourd’hui, préoccupations écologiques obligent, ils n’ont jamais fait autant parler d’eux. Je ne vais pas polémiquer sur le sujet : je me demande parfois s’il est bien utile de chercher à débattre avec des gens qui, sous prétexte qu’on mange de la viande, vous voient comme un assassin – mon morceau de viande provient d’un être qui ressentait plaisirs et souffrances ? Et alors ? Marine Le Pen aussi ressent plaisirs et souffrances, ça ne m’empêchera pas de sabler le champagne si elle se fait assassiner ! J’aimerais juste évoquer une nouvelle qui nous vient de Suisse : un jeune citoyen helvète « vegan » ne pourra pas faire son service militaire parce qu’il refuse de porter des bottes en cuir ! Vous vous dites que ce jeune homme a de la chance ? Et bien il n’est pas du tout de votre avis : il va déposer un recours ! On croit rêver ! Que ce jeune homme refuse de consommer des produits issus de l’exploitation animale, c’est son droit le plus strict, mais moi, si j’avais la chance d’échapper au calvaire de l’armée grâce à ça, je ne me plaindrais pas ! Ce geste frise l’indécence quand on pense à tous ces jeunes, en France, qui ont déployé des trésors d’ingéniosité pour se faire réformer et auxquels la grande muette a quand même réussi à voler une année de leur vie voire plus ! Ils sont fous, ces Helvètes !
Point cathodique : Vous avez vu la soirée en hommage à Laurent Ruquier ? Apparemment, le vieux Drucker, craignant pour sa place, cherche à montrer qu’il est toujours dans le coup ; c’est sûr que ce n’est pas avec la pantalonnade de son one-man-show qu’il va y arriver ! Blague mise à part, puisque la télé publique cherche à se renouveler, pourquoi justement ne pas chercher à développer ce qui a fait le succès de Ruquier et d’aller encore plus loin dans la dérision voire dans la provocation ? Après tout, pour lécher le cul du pouvoir, on a déjà les chaînes privées, comme l’a montré la bande à Hanouna commentant l’altercation entre Valls et Jérémy Ferrari et comme le montrent quotidiennement, de manière générale, les télés détenues par des groupes qui font des affaires avec l’État. Cela dit, Ruquier a perdu deux points dans mon estime maintenant que je sais qu’il est fan de Marie Laforêt ! Pourquoi pas Véronique Sanson, tant qu’on y est ? Comparé à ça, je suis presque prêt à lui pardonner d’avoir laissé la parole à Zemmour !
Bon point final : Il était temps qu’on entende, dans les librairies, un autre son de cloche que celui des semeurs de haine professionnels tels que Zemmour ou De Villiers ! Je désespérais d’entendre un jour, dans ce climat délétère, s’élever une belle et haute voix pour défendre des idées de tolérance et de justice contre les ratiocinations de ces petits blancs arrogants qui ne se sont jamais remis de découvrir que leur grain de peau ne faisait pas automatiquement d’eux les maîtres incontestés de la planète ! Bref, merci madame Taubira pour vos Murmures à la jeunesse qui, je l’espère, se transformeront un jour en vastes clameurs contre tous les intégrismes, qu’ils soient religieux ou nationalistes ! Un point, c’est tout.
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