Un point, c’est tout. n°39, 14/02/2016

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Point chaud : C’est la Saint-Valentin, aujourd’hui : ça me rappelle une conversation que j’avais eue, il y a quelques années de ça, avec un ami de droite (ben oui, ne vous en déplaise, je ne suis pas sectaire) qui me disait s’étonner de voir les gens de gauche adopter un mode de vie assez austère tout en défendant la liberté sexuelle, à l’image de Jospin vivant comme un mormon tout en lançant le PACS. Ma répartie m’avait laissé en plan : j’aurais dû répondre à ce gaillard que cette apparente contradiction tient au fait qu’être de gauche, c’est, entre autres, respecter et défendre la liberté individuelle. Défendre le PACS, ce n’est pas inciter les gens à se détourner du mariage, c’est simplement prendre acte du fait que certaines personnes s’en détournent déjà et que la société doit respecter ce choix ; défendre le mariage pour tous, ce n’est pas inciter à l’homosexualité, c’est simplement prendre acte qu’elle existe et a droit de cité ; être de gauche, c’est donc respecter la vie intime des citoyens, c’est considérer que l’État n’a pas à imposer aux gens un style de vie au détriment de tous les autres : si quelqu’un aime baiser à couilles rabattues en changeant de partenaire tous les soirs, c’est son droit le plus strict, mais si une autre personne préfère la fidélité absolue et la chasteté, il ne faut pas le lui interdire non plus. Tant pis si certaines personnes de droite ne sont pas capable de comprendre ça.

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Point critique : On peut être un humoriste de génie doublé d’un grand poète et dire parfois des conneries ; pour moi, François Morel est le meilleur humoriste en activité de notre époque médiocratique et c’est pourquoi, quand j’ai vu sa signature à côté de celle de l’immense Morchoisne en couverture d’un livre intitulé Portraits crachés, je n’ai pas hésité un instant à me procurer le bouquin en question : or, il se trouve que monsieur Morel a écrit, dans cette ouvrage, la question oratoire suivante, « Vous imagineriez la variété française sans Johnny ? » Oui, monsieur Morel, j’imagine très bien la variété française sans ce clown pathétique, cet arriviste cupide qui se fout de la musique et n’est au service que de sa seule gloire, cette pâle copie d’Elvis Presley qui, depuis cinquante ans, se maintient sur le devant de la scène en suivant servilement toutes les modes éphémères et en mettant en avant ses conquêtes féminines ! J’ai un ami qui redoute le jour de sa mort parce qu’il est évident que quand il arrivera, les médias vont nous faire bouffer du Johnny jusqu’à plus faim, ce qui le fait gerber d’avance (je le comprends) : moi, sans pour autant, par pure bonté d’âme, souhaiter le décès du « chanteur Alzheimer » comme l’appelait Charb, j’attends avec impatience le jour où il ne nous cassera plus les oreilles et cessera de gangréner la scène française ! Autant Renaud m’avait manqué et me manquera quand il repartira, autant Johnny ne me manquera pas ! Bon, excusez-moi pour cet accès d’énervement, monsieur Morel : ce désaccord n’enlève rien à mon respect pour votre putain de talent et je peux vous dire que si j’imagine très ben la variété française sans Johnny, en revanche, je n’imagine plus du tout l’humour français sans vous !

François Morel vu par votre serviteur.
François Morel vu par votre serviteur.

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Point faible : Il y a cinq ans, peu après Ben Ali, Hosni Moubarak tombait à son tour. Inutile de se voiler la face : les Égyptiens n’ont rien gagné à faire tomber leur dictateur. Mais en France, à la même époque, nous avions nous aussi à subir la loi musclée d’un roitelet qui nous exaspérait, et nous non plus n’avons rien gagné à sa chute : même le climat raciste, qu’on espérait voir disparaître en même temps que Sarkozy, est toujours là. Vous me direz que Nicoléon 1er avait été démocratiquement élu : je vous réponds que ça ne nous aurait pas ôté toute légitimité de faire nous aussi pression pour le faire partir plus tôt que prévu et essayer de substituer à cette monarchie élective, créée en pleine guerre d’Algérie par un militaire de carrière, une VIe République qui aurait enfin redonné la parole au peuple. Ce que je veux dire, c’est que si les Égyptiens sont toujours autant dans la merde qu’avant, eux au moins ont-ils la satisfaction d’avoir ESSAYÉ, au moins ont-ils la fierté d’avoir tenté d’améliorer les choses ; nous, qu’avons-nous fait, à part attendre gentiment que le roi change de visage tout en rouspétant dans nos fauteuils entre deux matches de foot sur TF1 ? Et je dis bien « nous » car je ne vaux pas mieux que vous…

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Point noir : Si j’ai bien compris, Chocolat, le film de Roschdy Zem sur ce clown noir (au sens propre comme au sens figuré) victime du racisme malgré son colossal succès, propose moins une biographie fiable qu’une variation sur le thème rebattu du clown triste ; puisqu’on en parle, je crois que j’ai enfin compris l’origine de ce cliché : il est tout simplement dû au fait qu’après le déploiement d’effets comiques que mobilise le clown pour amuser son public, il y a inévitablement chute de la pression. Représentez-vous le clown après sa prestation : il y a quelques secondes à peine, il était encore le roi du cirque, déchaînant rires et applaudissements tout autour de lui, et une fois son spectacle terminé, il se retrouve seul face à lui-même, complètement vidé ; c’est un peu comme une déprime post-partum ou post-coïtum, sauf que c’est tous les soirs ! Vous voulez savoir comment j’ai fini par comprendre ça ? J’ose à peine le dire : c’est en revoyant les sketches de Nulle Part Ailleurs où Antoine De Caunes jouait le clown Pignolo ! Mais si je vous citais tous les sketches de la grande époque de Canal+ qui me donnent à réfléchir, je n’en finirais pas – quand j’écris ça, je revois Philippe Gildas me dire « Vous auriez fait un très bon avocat pour nous car, à l’époque, la presse télé « intello » genre Télérama ne parlait jamais de nous sauf pour dire qu’on était nuls ! » ; circonstance atténuante pour ces bons messieurs de la critique « éclairée » : en ce temps-là, ils étaient loin de se douter de ce que la télé allait leur offrir dix ans plus tard ! On était loin d’imaginer l’avènement du « virus qui rend con » comme Charlie surnomme Hanouna…

12-12-La guerre des clowns

Philippe Gildas à Brest, en novembre 2014, venu présenter "Nos années Nulle Part Ailleurs" à la libraire Dialogues - photo prise par votre serviteur.
Philippe Gildas à Brest, en novembre 2014, venu présenter « Nos années Nulle Part Ailleurs » à la libraire Dialogues – photo prise par votre serviteur.
Philippe Gildas vu par votre serviteur.
Philippe Gildas vu par votre serviteur.

Point cathodique : Cela dit, je dois reconnaître que les chaînes de la TNT nous réservent parfois de bonnes surprises : la dernière en date vient de 6ter, la petite « sister » d’M6 qui a eu la bonne idée de consacrer une soirée aux dessins animés inspirés des aventures d’Astérix. Astérix chez les Bretons est tout simplement formidable, je ris d’un bout à l’autre chaque fois que je le vois ; Le coup du menhir est moins bon, mélanger les intrigues du Combat des chefs et du Devin n’était pas la meilleure idée et l’ambiance générale est un peu trop pesante, mais ce film éveille quand même en moi une certaine nostalgie pour cette époque où les cinéastes ne se sentaient pas obligés d’introduire à tout prix une histoire d’amour dans Astérix – même Chabat, dans son pourtant excellent film, n’a pas pu s’en empêcher. L’amour dans Astérix, ça va bien une fois de temps en temps quand on nous rappelle la passion d’Obélix pour Falbala (à titre personnel, je préfère madame Alambix, pour son dévouement, son courage et sa ruse), mais systématiquement, c’est trop. Un point, c’est tout.

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De gauche à droite : votre serviteur en Obélix, la jeune chanteuse Johanna Alanoix en Astérix et la maman de Johanna en Falbala.
De gauche à droite : votre serviteur en Obélix, la jeune chanteuse Johanna Alanoix en Astérix et la maman de Johanna en Falbala.

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