Le journal du professeur Blequin (1)

Mardi 21 novembre 2017

9h15 : J’arrive au bureau de poste de Bellevue (Brest) et je trouve porte close. Renseignement pris, je découvre qu’il n’ouvre désormais qu’à 10h le mardi. Pourquoi le mardi ? Qu’est-ce qui justifie de faire attendre les usager une heure de plus ce jour-là plutôt qu’un autre ? Je ne peux pas m’empêcher d’y voir l’un des effets de l’ouverture du capital de la Poste et de la dégradation du service public. Les syndicats nous avaient prévenus, nous ne les avons pas écoutés, bien fait pour nos gueules !

9h45 : J’arrive au quartier de la Cavale Blanche où les rues, exceptionnellement, portent des noms vraiment prestigieux : Kant, Michel-Ange, Mozart, Hegel, Jack London… Mais quelle tristesse de constater que les noms de ces grands artistes et penseurs sont attribuées aux rues d’un quartier pavillonnaire plutôt morne et sinistre. Les rues les plus vivantes de la ville, elles, se coltinent des noms imbéciles de ministres et de militaires… Pour l’Etat, l’artiste sera toujours peu ou prou un parasite qui, même après sa mort, est traité comme la cinquième roue du carrosse. Bien sûr, ça n’enlève rien à la reconnaissance éternelle qui lui voue le public, mais ça en gâche un peu le goût…

Mercredi 22 novembre

11h : Séance informatique, je dois me connecter à divers sites web auxquels je suis inscrit. Bien entendu, il y en a pas mal pour lesquels j’ai oublié mon mot de passe, je n’ai pas d’autre choix que de le refaire, ce qui me vaut de me heurter à deux reprises au « niet » du site qui refuse mon nouveau mot de passer pour des raisons diverses. En me connectant à un site pour lequel je n’ai pas perdu le mot de passe, je reçois au même moment un e-mail me signalant la connexion comme si c’était là quelque chose de suspect… Imaginez un propriétaire qui appellerait la police chaque fois que son locataire entre dans le logement qu’il lui loue et vous aurez une idée de ce que ressent parfois l’internaute d’aujourd’hui !

Jeudi 23 novembre

9h30 : J’entre dans un bus : il est bourré d’enfants, sûrement une classe en déplacement. Je devrais être habitué, j’y ai droit au moins une fois par semaine, à se demander ce qu’ils font aujourd’hui dans les écoles. Avant, c’était juste les élèves des collèges dépourvus de salles de sport : on était débarrassé des piaillements de la marmaille dès que le bus passait près d’une piscine, d’un terrain de foot ou d’un complexe sportif, mais aujourd’hui, il y a les « sorties pédagogiques » : on a droit à toutes les classes, surtout les plus petites, et on peut être sûr qu’on va se les coltiner jusqu’au centre-ville !  Quand j’étais petit et que l’école nous emmenait au cinéma (soit dit en passant, je ne lui dis pas merci, le cadre scolaire est un très mauvais contexte pour apprendre à aimer le 7è art), on avait bien des bus spéciaux pour faire les déplacements sans déranger les gens : si, à la prochaine grève des enseignants, ils pouvaient inscrire ça parmi, leurs revendications, ce ne serait pas de l’énergie gaspillée !

A suivre…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *