Le journal du professeur Blequin (62)

Résumé de l’épisode précédent : notre héros est à Lorient où a lieu un colloque sur les Amériques où il découvre, entre autres, grâce à une intervenante, les planches d’Aline Kominsky-Crumb et de Phoebe Gloeckner qui le mettent mal à l’aise tant elles sont provocantes. 

Vendredi 23 mars

17h30 : Passionné de bande dessinée, je profite de la fin de la séance pour parler en particulier avec Hélène Tison. Celle-ci m’explique qu’Aline Kominsky, loin de profiter de la notoriété de son Robert Crumb de mari, avec lequel elle a pourtant signé des planches à quatre mains (voire six quand leur fille Sophie se joignait à eux), a même reçu des lettres d’insultes de fans de son époux ! Je me dis qu’elle a de la chance que son mari soit encore vivant : s’il était mort jeune, elle aurait eu le douteux privilège de devenir la Yoko Ono de la BD ! C’est tellement simple d’accuser de tous les maux une femmes, surtout quand elle a des origines étrangères (comme son nom l’indique, Aline est juive). J’ai beau ne pas apprécier outre mesure son travail qui pue un peu trop le fanzineux fier de n’avoir que trois lecteurs, je pense qu’on peut le dire autrement qu’en l’injuriant, non ?

17h45 : Je disais que la présence de mes collègues brestois m’évitait d’être dépaysé. Ce sentiment perdure car on boit du cidre au pot de clôture et, surtout, il y a quatre saisons en une journée, exactement comme à Brest : la matinée avait été ensoleillée et, ce soir, il pleut des cordes… Malgré cette météo peu amène et l’amabilité de mes hôtes, qui ne se dément pas, je prends congé au bout d’une demi-heure, vaincu non pas par l’ennui mais par la fatigue.

23h : Et oui, ce n’est qu’à cette heure-ci que je rentre chez moi :  le voyage s’est déroulé sans histoire et mon train roulait comme prévu, mais les horaires du train et du bus sont ce qu’ils sont en fin de semaine… Pourtant, j’ai presque de la chance car la réforme annoncée des chemins de fer ne me dit rien qui vaille : au train où vont les choses, la prochaine fois, ce n’est pas en fin de soirée que je réintégrerai mes pénates mais peut-être deux jours après !

Samedi 24 mars  

9h : Le réveil est assez brutal, j’apprends le drame de Trèbes… Un attentat terroriste revendiqué par l’Etat islamique qui intervient deux jours à peine après une journée de grèves, voilà qui va donner du grain à moudre aux complotistes ! Circonstance aggravante, l’assassin était fiché pour radicalisation extrême ! Simple coïncidence ? Peut-être, mais pas sûr : depuis l’affaire Merah et les révélations qui ont suivi, on sait que les gouvernants les plus crapuleux n’hésitent pas à lâcher un chien fou dans la nature dans le but inavouable de provoquer délibérément un attentat qui leur rapportera un surcroît de sympathie de la part de la population et détournera cette dernière des questions sociales ! Bon, je suis peut-être parano, mais même si le gouvernement n’a pas tiré les ficelles, il n’empêche qu’il est certain que ce drame tombe bien pour lui ! N’oublions jamais que pour un chef d’Etat, nos vies, c’est de la merde !

11h : Les filles de la prépa de Saint-Cyr auraient été victimes de harcèlement. Connaissant la mentalité dominante dans les milieux militaires, je n’en suis pas étonné, mais je n’arrive pas à plaindre ces demoiselles qui ont quand même choisi de faire un sale métier, celui d’officier de l’armée ! Quand on exerce une profession où l’irrespect de la dignité humaine est la règle, il ne faut pas s’étonner d’être un jour victime de cette logique : elles réclament pour elles un respect qu’elles refuseront probablement à leurs subalternes et sûrement aux civils vivant des les pays où on les enverra charcuter de l’humain… Mais si ça peut servir de prétexte pour donner une bonne fessée aux petits machos qui leur font du pince-fesses, ce serait toujours ça de gagné !

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