Le journal du professeur Blequin (88)

Mardi 22 mai

13h30 : Quel bon week-end ! Le spectacle Walls : la solution sur le pont de Plougastel, le concert d’Hamell On Trial au Greenwich Café avec Douglas Hinton en première partie, le tout sous un soleil resplendissant… Dur, dur, de reprendre pied dans la réalité ! A Brest, les fonctionnaires ont mobilisé : on ne voyait pas le bout du cortège ! Ce qui est navrant, c’est qu’il n’y a plus que dans le secteur public qu’on peut encore voir ça : aujourd’hui, les travailleurs du secteur privé sont tellement précarisés que le simple fait de se syndiquer équivaut pour eux à un suicide professionnel. Ce ne sont pas les salariés du public qui sont privilégiés, ce sont ceux du privé qui sont défavorisés mais toute la stratégie du patronat est de faire croire le contraire aux seconds pour dénigrer les premiers… Quand je vous disais que reprendre pied dans la réalité était dur !

Mercredi 23 mai

17h : Réunion dans l’ancienne salle des thèses de la fac Segalen. Il y fait chaud à crever, mais comme les fenêtres donnent directement sur le centre-ville, impossible de les ouvrir pour aérer à moins de vouloir à tout prix convier les bruits du trafic à participer à la conversation ! Pour ne rien arranger, le matériel informatique y est si capricieux que je perds une demi-heure et gagne une belle crise de nerfs en essayant de projeter le power point que j’avais préparé pour présenter l’avancement de mon projet… Ça y est, je me rappelle pourquoi on a renoncé à faire passer les soutenance de thèse dans cette salle !

Jeudi 24 mai

18h : Assommé par la chaleur et le travail fourni (j’ai dû finaliser plusieurs commandes d’articles et de dessins), je m’allonge et je termine la lecture d’un ouvrage de Dominique Camus, La sorcellerie en France du Moyen Âge à nos jours. J’ai toujours été fasciné par la figure de la sorcière, plus particulièrement celle de la belle sorcière, du moins la sorcière originellement laide qui use de sortilèges pour s’embellir – cette fascination remonte à mon enfance et au moins à la découverte de Broom-stick Bunny, le cartoon de Chuck Jones où la sorcière Hazel avale par inadvertance son élixir de beauté qu’elle destinait à une rivale (qui était en fait Bugs Bunny déguisé)… L’enquête de Dominique Camus ne fait cependant pas état de telles transformations dans les récits de sortilèges recensés : d’un autre côté, il suffit de voir les résultats de certaines opérations de chirurgie esthétique pour s’apercevoir que l’élixir de beauté est une pure fiction !

Vendredi 25 mai

Bécassine mettant K.O. le cancer du sein.

 11h : La sortie annoncée du film Bécassine ! fait grincer quelques dents en Bretagne : j’ai déjà eu l’occasion de dire ce que je pense des adaptations cinématographiques de bandes dessinées et ça m’étonnerait fort que ce long-métrage de Bruno Podalydès fasse exception à la règle de médiocrité qui caractérise généralement ce genre de production en France, mais, en tant que Breton, je ne me sens pas offensé par cette initiative. Certes, Bécassine est naïve et maladroite, mais ses créateurs s’étaient servi de ses gaffes pour mettre en avant les ridicules de ses maîtres parisiens ; elle est peu instruite, re-certes, mais elle a les pieds sur terre tandis que tous les autres personnages sont plus ou moins cons : ses bêtises mettent à nu la bêtise des autres, et en prenant en charge la petite Loulotte, elle la sauve probablement de la médiocrité ambiante. Bref, je n’irai pas voir ce film, mais je n’appelle pas à la boycotter comme certains indépendantistes bretons dont l’attitude de talibans déshonore bien davantage la Bretagne que peut ne le faire la gentille Bécassine !

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