Le journal du professeur Blequin (107)

Lundi 25 juin

14h : Nouveau bain de mer, déjà le quatrième. Moi qui n’ai jamais séché un cours jusqu’à ma licence, j’ai l’impression de faire l’école buissonnière. On voudrait que je sois nostalgique de l’enfance mais j’ai l’impression de m’amuser bien davantage depuis que je suis adulte…

Mardi 26 juin

17h : J’ai un peu de temps avant mon prochain rendez-vous, il fait soleil, je vais boire un coup en extérieur. La première terrasse que je croise ne me donne pas envie de m’arrêter : on a voulu y faire de l’ombre à tout prix de sorte qu’on y a l’impression d’être confiné en intérieur. Pour ne rien arranger, comme la baie vitrée est grande ouverte, je ne rate rien du match de foot qui passe sur l’écran ni des supporters qui gueulent – je me retiens de comparer leurs cris à d’autres hurlements pour ne pas être accusé une nouvelle fois de dédain. Je m’arrête donc à la seconde terrasse, qui est idéalement située pour que le consommateur reste à l’ombre sans qu’on ait besoin de l’étouffer. Pourtant, elle est déserte : le gros de la clientèle a préféré s’agglutiner à l’intérieur pour regarder France-Danemark… J’avais promis de ne plus mépriser ceux qui suivent la coupe du monde, ne voulant pas donner aux fondus du ballon rond une raison pour m’accuser de sectarisme, mais tout de même : se priver de ce soleil pour du foot, c’est grave, non ?

21h : Les Guignols, c’est fini : Bolloré aurait pu les assassiner purement et simplement dès 2015, il a préféré les faire mourir à petit feu en leur imposant une nouvelle formule minable qui ne pouvait que les faire péricliter, ce qui lui a permis de limiter la casse médiatique pour son entreprise… J’avoue que j’ai boudé les marionnettes de Canal durant la dernière saison ayant précédé ces trois années d’agonie forcée, mais mon attitude n’avait rien à voir avec les qualités de l’émission : c’était juste qu’on sortait des européennes de 2014 et que je ne supportais déjà plus de voir Marine Le Pen savourant ses triomphes, même en guignol… Je vous reparle de tout ça parce que, ce soir, je tombe sur une vidéo de la toute première saison, quand l’émission s’appelait encore « Les Arènes de l’info », en 1988-89, et force est d’admettre une chose : c’était lamentable ; en fait, le succès des Guignols est arrivé tardivement, après deux années de faux départ basées sur une erreur : les auteurs de l’époque, qui avaient travaillé avec les Nuls, s’imaginaient qu’ils pouvaient appliquer les mêmes recettes que pour le JTN ; en fait, s’il est relativement facile à une comédienne comme Chantal Lauby d’adopter la mimique permettant de rattraper une plaisanterie un peu lourde, cela était impossible pour une marionnette ! En fait, sur les trente années de présence à l’antenne des Guignols, il y en a cinq à oublier : les deux premières et les trois dernières. En tout, ils auront donc secoué le cocotier de la vie politique française pendant un quart de siècle, c’est plus qu’il n’en faut pour qu’on oublie leurs moments faibles et qu’on ne retienne que le meilleur ! Putain, vingt-cinq ans !

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