La chanson de l’automobiliste

Bon, c’est vrai, j’ai éclaboussé

Le petit vieux qui attendait

L’autobus au coin de la rue

Ce jour où il avait tant plu.

Le caniveau débordait d’eau,

Le pépé fut trempé jusqu’aux os,

Il en a chopé une super-crève,

Y a d’fortes chances pour qu’il en crève.

 

Mais ce n’était pas d’la malveillance,

Ce n’était que d’l’indifférence.

Derrière mon volant je mets la gomme,

Pour moi les piétons, c’est pas des hommes.

 

Bon c’est vrai j’ai écrabouillé

Le cycliste qui me devançait

Mais j’ai pas fait d’excès d’vitesse

Et ça lui a appris la politesse :

Quand on s’déplac’ comme un pédé

On doit aux autos le haut du pavé.

Il est maintenant au caveau,

Il n’y est pas allé à vélo.

 

Mais ce n’était pas d’la malveillance,

Ce n’était que d’l’indifférence.

Derrière mon volant je mets la gomme,

Pour moi les cyclistes, c’est pas des hommes.

 

Bon c’est vrai j’ai asphyxié

À peu près tous les goss’s du quartier

Mais ‘faut bien les habituer

À l’air qu’on va leur léguer.

On va pas s’arrêter d’rouler

Pour des chiards à la morve au nez :

Même Agamemnon a sacrifié

Sa fillett’ pour se déplacer !

 

Mais ce n’était pas d’la malveillance,

Ce n’était que d’l’indifférence.

Derrière mon volant je mets la gomme,

Les sans-bagnoles, c’est pas des hommes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *