Le journal du professeur Blequin (3)

Vendredi 6 septembre

17h : N’ayant pas été invité au G7 des parlementaires, je me rend à la mairie de quartier de Saint-Pierre où a lieu le vernissage de l’exposition de mon collègue Julien Lamanda ; je prends soin de contourner le centre-ville, me doutant que la circulation y sera à la limite du possible. Ce qui ne m’empêche pas de tomber sur la « une » d’un quotidien local qui annonce en couverture qu’on a entendu un coup de feu dans un lycée à Brest… Si un seul coup de feu qui ne fait même pas de victimes suffit à constituer un événement, c’est que notre bonne ville du Ponant n’est pas des plus violentes ! Chouette, je n’habite pas en Amérique, les armes ne sont pas en vente libre chez moi !

18h : Me voici à la mairie de quartier de Saint-Pierre qui met donc à l’honneur Julien Lamanda, un illustrateur de grand talent dont la générosité graphique fait le bonheur des petits et des grands. Je sais que c’est cliché de dire ça, mais ce n’est pas toujours facile d’écrire « pour », vous savez… Et puis les travaux de Julien parlent d’eux-mêmes et n’ont pas vraiment besoin d’un commentaire. Entre deux contemplations des beaux dessins de mon « collègue », un mien camarade me confirme que la circulation en centre-ville est un cauchemar : je me dis que j’ai bien fait de venir profiter de cette sympathique exposition au lieu d’aller me frotter aux chiens de garde du capital. Les dessins de Julien resteront accrochés au mur de la mairie de quartier jusqu’au 2 octobre.

Samedi 7 septembre

Un croquis réalisé en chemin.

18h : Je me rends à une soirée chez des amis ; dans le bus, on a le droit à une visite des contrôleurs et je m’en veux presque d’être trop honnête (et trop radin) pour frauder : pour ceux qui voyagent sans titre de transport valide, l’apparition de ces charognards a au moins l’intérêt de procurer le frisson excitant de l’angoisse ; mais quand on est en règle comme moi, ce n’est que casse-couilles… Je me pose deux questions : premièrement, pourquoi les met-on en civil vu qu’ils sont encore plus visibles que s’ils étaient à poil avec une plume dans la raie et, deuxièmement, qu’est-ce qu’il faut avoir dans le ventre pour en arriver à faire ce boulot encore plus méprisable que celui de flic ou de curé ? Je leur tends ma carte sans même leur accorder un regard ni leur dire un mot : tant que le règlement n’oblige pas les usagers à leur dire « merci not’ bon maître », il n’y a aucun risque.

Le vélociraptor

Dimanche 8 septembre

16h : J’arrive au parc des expositions de Penfeld pour profiter de l’exposition « Le monde des dinosaures » qui est de passage à Brest. Ce n’est pas mal foutu mais, une fois le premier effet de surprise passé, ces animatroniques à l’effigie de monstres préhistoriques ne sont finalement pas si impressionnants : une fois qu’on les a vus accomplir les gestes pour lesquels ils sont programmés, on a compris qu’ils ne se mouvront pas d’une autre manière et ça suffit à ce que nous percevions la mécanique derrière la peau synthétique – bon, pour être honnête, j’avoue que j’étais peu à mon aise en face du ptéranodon. De surcroît, les représentations ne sont pas toutes à l’échelle et ça suffit à leur ôter une certaine crédibilité – même si je n’ai jamais vu de dinosaure vivant qui m’aurait permis de faire la comparaison ! Mais surtout, quand je vois les stands qui vendent des boissons, des sucreries et des dinosaures en plastique pour faire les poches des gosses, j’ai vraiment l’impression que cette expo est une pompe à fric qui se donne un alibi pédagogique… Il y a plus rapace que le tyrannosaure.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *