Le journal du professeur Blequin (9)

Mercredi 25 septembre

10h40 : Allez, ne boudons pas notre plaisir : c’est rare d’avoir plusieurs bonnes nouvelles d’un seul coup. En feuilletant le journal, j’ai appris que la suspension du parlement demandée par Boris Johnson a été rejetée, qu’une enquête a été ouverte contre Trump, et que la cour suprême d’Espagne a donné son feu vert à l’exhumation de Franco. Et en plus, il pleut, ce qui me ravit en cette saison. Mine de rien, ça suffit à me mettre de bonne humeur pour la journée !

Jeudi 26 septembre

20h30 : C’est en rentrant de Saint-Renan où j’assurais la permanence à la salle où j’expose actuellement mes dessins que j’ai appris cette triste nouvelle pour la France : Valéry Giscard d’Estaing est toujours vivant. Plus sérieusement, j’ai une suggestion : dispersons les cendres de Jacques Chirac dans la Seine, comme ça, il aura enfin tenu une promesse ! A titre posthume, peut-être, mais c’est mieux que rien ! Et puis vu l’état des eaux du fleuve, elles ne peuvent pas être plus dégueulasses ! Sinon, j’avoue que ce décès me met deux chansons en tête : d’une part, « Chirac en prison » des Wampas (finalement, ce sera Chirac au cimetière !) et, d’autre part « Vieille canaille » de Gainsbourg… Je ne le regretterai pas ? Allons, qu’est-ce qui vous fait dire ça ?

20h35 : Canal+ annonce la diffusion d’une émission spéciale sur le Guignol de Jacques Chirac. Ils avaient déjà fait un coup similaire quand Philippe Gildas avait cassé sa pipe, ce qui avait courroucé à juste titre Yves Le Rolland, le producteur historique des célèbre marionnettes. De 2015 à 2018, leur émission n’était déjà plus qu’un sous-Muppet Show : depuis leur arrêt officiel, c’est carrément devenu une émission mortuaire ! Merci, Bolloré d’avoir réduit notre tradition satirique française à l’état de pièce de musée !

Vendredi 27 septembre

10h : Au marché de mon quartier, le marchand de légumes me tend une coupure de presse annonçant mon exposition à Saint-Renan, avec ma photo. Jusqu’alors, j’étais persuadé que pour les commerçants, tous les clients étaient plus ou moins des « monsieur Personne » que rien ne distinguait les uns des autres et je vous avoue ça m’allait très bien comme ça : pour tout vous dire, quand je viens voir un commerçant, tout ce que je lui demande, c’est de me vendre la marchandise que je suis disposé à payer, et puis c’est marre ! Quand on commence à se mêler de ma vie, ça me met mal à l’aise… Mas je ne peux pas en vouloir à ce brave maraîcher : je dois être le plus jeune à fréquenter le marché ! Et puis avec ma casquette, ma marinière, mon blouson noir et ma barbe, je ne passe pas spécialement inaperçu…

13h45 : Je donne mon cours d’histoire de la bande dessinée francophone. J’ai un mal de chien à faire réagir les étudiants, je suis obligé de les provoquer un peu ! Quand je signale que Franquin manifestait à l’égard du progrès technique un scepticisme qui peut rappeler Jacques Tati, je saisis l’occasion pour leur demander s’ils connaissent ce réalisateur : il y en a un qui lève la main pour dire qu’il a vu Jour de fête… Bon, ben elle n’est pas irrécupérable, cette génération !

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