Le journal du professeur Blequin (32)

Mardi 3 décembre

14h30 : Après avoir réglé quelques affaires en ville, j’arrive enfin chez moi ; je dis « enfin » car j’ai à nouveau été retardé par une file monstre devant une pompe à essence ! Mais quelle bande de blaireaux ! Toute cette psychose pour du carburant ! Quand on aura épuisé les gisements pétroliers (et faites-moi confiance, ça arrivera plus vite que vous ne le pensez), faire la queue ne servira plus à rien ! Si on mettait autant d’empressement à sauver le climat qu’à sauver nos réservoirs, on n’aurait plus de soucis à se faire depuis longtemps ! Plus ça va et plus je me réjouis de disposer d’un cocon où je me sens à l’abri de la connerie de mes semblables, même si c’est un logement social : je n’en comprends que d’autant mieux la détresse que doivent ressentir au quotidien les sans-abri… Me voilà donc chez moi où, fidèle abonné, je réceptionne mon Fluide Glacial et je suis bien surpris d’y découvrir une histoire tirée du dernier opus de Soeur Marie-Thérèse qui vient de paraître (sauf erreur de ma part) chez Glénat ; je sais bien que cette série a un lien étroit avec la vénérable revue, mais je ne vois pas bien l’intérêt de publier dans le magazine des planches déjà parues en album. Cela dit, je ne suis pas honnête : je sais déjà que je vais me délecter de la lecture de ces planches qui m’aideront à patienter en attendant de recevoir l’album à Noël…

16h : Je vais faire mon schtroumpf grognon : moi, je n’aime pas les fumeurs qui jettent leurs mégots par terre. Je déteste les usagers qui mettent leurs pieds sur les fauteuils dans les transports en commun ! J’EXECRE les automobilistes qui garent leurs bagnoles sur les espaces réservés aux bus ! JE HAIS LES MOTARDS QUI GARENT LEURS BECANES DANS LES HALLS D’IMMEUBLE ! J’en ai marre de tous ces inciviques qui se prennent sans doute pour des rebelles mais ne sont que des égoïstes ! 

17h : Le dépôt pétrolier de Brest est débloqué : c’était bien la peine de paniquer et de bloquer la circulation ! On débloque au sens propre après l’avoir fait au sens figuré, en somme… Pourquoi je dis « après » comme s’ils allaient arrêter ?

Mercredi 4 décembre

19h30 : Je quitte la fac où je viens de donner une nouvelle conférence sur Albert Camus, plus précisément sur le lien qui existe entre le voyage qu’il effectua en Amérique du Nord en 1946 et l’écriture du Premier homme ; il y avait au moins une quarantaine de personnes à m’écouter, on m’a fait des compliments… Bref, j’aurais eu toutes les raisons du monde de rentrer chez moi avec l’ego gonflé à bloc. Seulement voilà : dans le bus, je me fais alpaguer par un cas social féminin qui m’affirme, de sa voix pâteuse, habiter près de chez moi (ce qui est vrai), fait des pieds et des mains pour que je lui fasse la conversation (ce dont je n’ai absolument pas envie) et fait s’arrêter le bus à chaque station parce qu’elle est incapable de se rappeler où elle doit descendre ! Bref, encore une rencontre qui me sauve de l’illusion selon laquelle je ne serais pas de la merde… Je l’ai peut-être mérité, mais c’est quand même brutal !

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