Le journal du professeur Blequin (80)

Jeudi 16 avril

10h : Au moins, actuellement, je n’ai plus d’excuses pour ne pas lire les bouquins qui se sont amassés sur ma table de chevet. Ayant versé pas mal de larmes ces derniers temps, je donne la priorité à ceux qui me paraissent susceptibles de me faire naître un semblant de sourire : les deux bouquins de Frédéric Dard récupérés l’année dernière chez ma défunte grand’mère sont bien sûr en tête de la liste. J’avoue que jusqu’à présent, je n’avais jamais lu un San-Antonio, reculant devant l’étiquette « roman de gare » qui collait à la peau de la collection et la prolixité suspecte de l’auteur ; circonstance aggravante en ce qui me concerne, je commence par la fin en lisant Napoléon pommier, paru l’année même de la mort de l’écrivain. Je ne suis pas très bon client des polars, mais je me laisse prendre au jeu et je m’aperçois qu’en fin de compte, l’intrigue est assez secondaire : ce qui fait tout l’intérêt de l’écriture de Dard, c’est son culot, ses trouvailles argotiques, son refus obstiné de se prendre au sérieux et, bien sûr, ses personnages truculents, à commencer évidemment par le monstrueux Alexandre-Benoît (merde, je porte un de ses prénoms !) Bérurier ; il n’est pas gros, il est monstrueusement obèse, un monument de graisse et d’inculture : de surcroît, il boit, il fume, il pète, il pue, il est violent et à la limite de la malhonnêteté et San-Antonio joue donc le rôle de catalyseur de cette boule d’énergie brute ; ce phénomène n’arrive pourtant pas à être antipathique, d’une part parce qu’être un gros dégueulasse ne l’empêche pas d’être un flic efficace (tiens, ça rime) et d’autre part parce que ses délires sont à l’image de sa stature, c’est-à-dire tellement énormes qu’ils inspirent le respect que les individus béatement civilisés vouent inévitablement à ceux qui ont toutes les audaces…

11h30 : Comme chaque jour que Dieu (ou ce qui en tient lieu) fait, j’allume mon PC pour procéder au « relevage de compteurs », c’est-à-dire que, dans un ordre qui n’est jamais tout à fait le même, je lis mes mails, je relève mes notifications sur Fasseboque, je jette un œil sur mon compte YouTube, j’alimente comme je le peux le webzine que vous êtes en train de lire et, enfin, je regarde où en sont mes ventes effectués via Rakuten (anciennement Priceminister) : depuis le début du mois, j’en était à cinq ventes en cours ; deux d’entre elles viennent enfin d’aboutir, les clients concernés ayant confirmé la bonne réception de leurs colis. Quand je dis « enfin », j’exagère un peu : il leur aura fallu moins de deux semaines pour arriver, ce qui n’a rien de scandaleux dans une situation semblable à celle que nous vivons. Cela signifie que la distribution du courrier est correctement assurée malgré tout et que les personnels qui en sont chargés font du bon travail, meilleur en tout cas que les crânes d’œuf du service marketing qui ont pondu les timbres cucul et déplacés dont j’ai déjà parlé dernièrement : il est quand même navrant de constater que plus un travail est utile, moins il est payé !

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