Le journal du professeur Blequin (111) Une soirée bien agréable

Vendredi 10 juillet

20h30 : Après un après-midi balnéaire à Sainte-Anne du Portzic, je me rends à la scène ouverte organisée par le Collectif Synergie au Temple du Pharaon (rue Jean Macé, Brest). Je m’étais pourtant bien promis de mettre la pédale douce sur les événements de ce genre afin de ne trop pas me disperser, d’autant que pour le slam, je ne peux pas rivaliser avec Claire Morin, la fondatrice du collectif : mais là, j’avais au moins trois bonnes raisons de venir et de participer. Premièrement, l’exposition que j’avais installée, avant le confinement, dans ce salon de thé et de narguilé est toujours en place, il fallait donc que je sache si je devais la décrocher ou si je pouvais la laisser : en accord avec Claire et le patron du lieu, je décide de prolonger l’exposition jusqu’à la rentrée. Deuxièmement, le confinement a fait sauter tous les événements prévus par l’association au cours de ces derniers mois et je voulais donc contribuer à relancer la dynamique : d’autres membres du collectif ont fait le même raisonnement, ce qui permet à la soirée d’être variée avec des interventions de qualité. Troisièmement, enfin, c’était un bon prétexte pour revoir quelques amis perdus de vue au cours de ces semaines volées.

20h45 : Quand je raconte à mes interlocuteurs que je suis resté dans l’eau pendant une heure et demie, ils peinent à me croire : ils ont beau être nés en Bretagne tout comme moi, la mer est trop froide pour eux. Je conviens qu’y entrer nécessite un effort plus important que s’il s’agissait de l’eau tiédasse d’une piscine, mais une fois qu’on a sauté le pas, on prend son pied : de toute façon, je porte encore les stigmates de deux mois de semi-réclusion, je n’allais donc pas me priver de la sensation de liberté que me procure un bain de mer.

21h30 : Lorsque Claire me fait passer en piste, je lis au public quelques-uns de mes poèmes rigolos et méchants : « Les aspis sont pas des rateurs », « Tart’à gueule » et « Girl power », ce dernier suscitant l’enthousiasme immodéré d’une jeune et jolie femme de l’assistance, visiblement heureuse de voir un gros barbu promouvoir en public l’égalité entre les sexes… J’aurais pu essayer de lui faire la cour, mais après un texte comme ça, cette démarche aurait été pour le moins déplacée, et puis elle était accompagnée.

23h30 : L’heure s’avance, la nuit est tombée ; un couple d’amis se propose de me reconduire. J’accepte de bonne grâce, étant déjà fatigué par cette journée bien remplie, d’autant que ça me dispense de prendre le bus et de m’affubler de ce fichu masque auquel je n’arrive décidément pas à m’habituer… Je rentre donc le cœur léger, heureux d’avoir échappé pendant quelques instants à la vie aseptisée qu’on cherche à nous imposer : si je disais que la soirée s’est passée dans le plus strict respect des consignes sanitaires, je mentirais, mais tant pis. De toute façon, vivre, c’est prendre un risque : si on veut absolument éviter de tomber malade, autant ne pas naître, non ?

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