Le journal du professeur Blequin (118) Ce n’est qu’un au revoir

Samedi 25 juillet

Benjamin Biolay vu par votre serviteur.

10h30 : Bref passage à Bellevue chez un particulier qui voudrait que j’illustre son roman. J’accepte de bonne grâce en lui précisant bien que je ne pourrai pas m’y mettre avant septembre : ça ne lui pose aucun problème et il me confie même le seul et unique tirage de son tapuscrit. Je dois avoir une tête qui inspire confiance, je devrais faire de la politique si je n’étais pas si honnête. Mon interlocuteur me demande si je compte me rendre à la rencontre d’auteurs et la scène ouverte organisées cet après-midi au Faou par le Collectif Synergie : je lui réponds par la négative, étant décidément épuisé. J’aimerais être plus vieux de quatre jours pour être déjà en Sarthe, ou alors être plus vieux de deux mois pour retrouver la vie effrénée qui était encore la mienne jusqu’au 17 mars. Pour le moment, mon existence est aussi passionnante qu’un album de Benjamin Biolay – c’est ce que j’ai trouvé de plus proche du néant.

17h : Je m’ennuie tellement que je décide de faire le ménage en grand dans mon appartement, histoire de ne pas avoir à le faire la veille de mon départ… N’avoir plus que les tâches ménagères pour passer le temps ! Je suis tombé bien bas… Le jour où j’aurai besoin de remplir un papier administratif pour m’occuper, je demanderai à être euthanasié sur-le-champ !

Dimanche 26 juillet

Gotlib bu par votre serviteur.

 

12h30 : Depuis que je n’habite plus chez mes parents, j’ai dû faire face assez régulièrement à deux incidents guère dramatiques mais tout de même agaçants, ne serait-ce que parce qu’ils sont relativement récurrents : ils auraient pu figurer dans les Dingodossiers des regrettés Gotlib et Goscinny quand ce duo de choc listait les petits tracas de la vie quotidienne ou épinglait les signes de la malveillance des objets inanimés à l’égard de leurs utilisateurs. Premièrement, en un an, j’ai dû changer trois fois les lacets de mes chaussures, ceux-ci ayant acquis, auprès de je ne sais quelle mauvaise fréquentation, la sale manie de casser quand on tire dessus pour les nouer. Je jure que ça ne m’arrivait jamais avant mon déménagement, et pourtant, je sais faire mes lacets depuis longtemps. Deuxièmement, je viens d’essayer d’ouvrir une boîte de conserve et j’ai eu la mauvaise surprise de voir l’anneau prévu à cet effet se désolidariser du couvercle sans même avoir eu, au préalable, le moindre effet sur la position de ce dernier, compromettant grièvement la préparation de mon déjeuner : là encore, c’est au moins la troisième fois que ça m’arrive depuis que je vis dans mon appartement et pourtant, j’ouvrais déjà régulièrement des boîtes chez mes parents… Une seule explication logique à ce phénomène : la qualité des objets vendus dans le commerce tend à se dégrader et cette tendance n’a fait que s’accélérer depuis mon déménagement – non, je ne suis pas paranoïaque au point de présupposer un lien de cause à effet ; donc, de deux choses l’une : ou bien ces objets sont encore fabriqués par la main de l’homme (ce qui m’étonnerait quand même beaucoup) et alors les travailleurs ne jugent plus utile de se fouler pour les salaires de misère qu’ils glanent, ou bien ils sont fabriqués à la machine, et alors il y a encore du boulot pour que la machine surpasse l’homme… Dans les deux cas, cela confirme que ces industries, qui se sont longtemps vantées de nous simplifier la vie, n’ont plus pour seule orientation que la recherche du profit maximal à court terme, avec pour conséquence une réduction des coûts de production dont le consommateur paie les conséquences au quotidien… Le client est roi, mais ils ne disent pas de quoi ! Et c’est sur cette belle parole que je vais vous laisser car je pars en vacances dans trois jours et je ne vois pas ce que je pourrais vous raconter au cours de ce bref laps de temps : déjà que je ne suis pas très sûr d’avoir encore eu des choses à vous dire ces derniers temps…  Allez, bonnes vacances, si vous en prenez ! Avec un peu de chance, vous serez reconfinés avant de pouvoir rentrer et vous pourrez prolonger vos congés…

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