Le journal du professeur Blequin (152)

Lundi 29 mars

18h : Je reçois la visite-surprise d’une amie très chère, une quasi-quadragénaire qui est une jeune fille depuis 25 ans. Bien que mère d’un garçon de 11 ans, elle reste « rock’n’roll » et m’avoue se foutre des « gestes barrière » et du « couvre-feu » : j’aimerais avoir sa flamme… J’aurais dû la voir le week-end dernier à l’occasion de mon passage au Faou, mais son docteur lui avait dit de rester à l’isolement en attendant les résultats du test Covid… Alors qu’elle n’avait qu’une rhinopharyngite ! Je peux donc difficilement lui reprocher son apparente insouciance, qui n’est qu’une réaction lucide face à une paranoïa généralisée et disproportionnée…

Mardi 30 mars

15h : Passage à la maison d’une coiffeuse à domicile. Je n’aime pas tellement me faire couper les cheveux, mais je n’y vois plus clair quand je sors de la douche… Ce ne serait rien s’il ne fallait pas mettre un masque dans sa propre maison. Pour ne rien arranger, ma mère s’installe devant moi, elle aussi masquée, comme si elle ne m’avait jamais vu baisser les yeux chaque fois que je vois une personne avec un masque chirurgical… Il y en a pour qui c’est presque indifférent, d’autre pour qui ce n’est qu’une gène dont on espère pouvoir se débarrasser le plus tôt possible : pour moi qui ai étudié Lévinas, c’est carrément une négation de la dignité humane et je ne la supporte absolument pas !

Mercredi 31 mars

20h : La sentence est tombée… Nous voilà une nouvelle fois privés de printemps. J’hésite entre le suicide et l’abandon.

Vendredi 2 avril

12h : Après un 1er avril où je n’avais pas du tout envie de rire , je rends visite à un couple d’amis. J’aurais dû les voir la semaine dernière, mais madame s’était retrouvée « cas-contact » : elle est donc restée isolée dans sa chambre pendant une semaine, sans même embrasser son compagnon et ses fils, et a subi ce fameux test abominablement douloureux… Alors qu’elle n’avait rien ! Quand je dis à monsieur que mon père a reçu le vaccin Astrazaneca, il réplique : « ah, celui qui fait des emmerdes » ! Je lui réponds aussitôt que mon géniteur ne ressent aucun effet secondaire, mais sa réaction montre à quel point les médias ont réussi leur travail de sape…

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