Lundi 24 février, 11h : conférence de presse à la mairie de Plougastel-Daoulas. J’avoue que j’aime venir dans cette commune, je trouve le cadre de vie agréable, il y flotte une atmosphère que je ne retrouve dans aucune autre commune périphérique de Brest Métropole, je crois que je la préfère à toutes les autres, même Guilers où j’ai pourtant grandi. C’est peut-être parce qu’il faut passer le pont de Plougastel pour y accéder, ça doit me donner l’impression de voyager à peu de frais.
Quoi qu’il en soit, l’objet de la conférence de presse est le « challenge Champollion » : en mai dernier, la mairie annonçait qu’elle offrait une dotation de 2.000 euros pour la traduction la plus convaincante d’une inscription mystérieuse gravée sur un rocher qui n’est accessible qu’à marée basse. Sur place, je suis bien surpris de découvrir que les télévisions nationales ont fait le déplacement ! Je ne pensais pas que je rencontrerais un jour des journalistes de TF1 et France 2, et surtout pas en de telles circonstances. En fait, ce que j’ignorais, c’est que l’affaire a eu un retentissement international : l’appel a été relayé par les médias britanniques, américains, chinois… Bref, partout dans le monde. Comment expliquer ça ? Mystère ! Les organisateurs du challenge ont été les premiers surpris ! Au final, d’après les deux traductions qui ont finalement été primées, l’inscription aurait été gravée en hommage à un militaire mort en mer un jour de tempête… Pas de quoi en faire un cake ! Encore que… D’après l’un des lauréats, qui tient compte du fait que la date coïncide avec la guerre d’indépendance américaine, ce texte aurait été gravé par un des prisonniers gallois qui avaient été envoyés dans notre coin du Finistère pour travailler à la rénovation des forts installés dans la région : c’est plausible et, si tel est le cas, oui, cette inscription représente un intérêt patrimonial important et pas seulement pour notre région !
Pendant les discours, une ravissante jeune fille qui avait travaillé, en tant que stagiaire, à la gestion des nombreuses (près de 600 !) demandes d’inscription a un malaise : pourtant, elle semble vigoureuse et dira n’avoir même pas zappé le petit déjeuner comme le font trop de jeunes ; selon ses propres dires, c’est la chaleur régnant dans la salle qui l’a fait défaillir, mais je ne serais pas étonné, pour ma part, que l’émotion de cet instant peu ordinaire ait joué… Une fois que les officiels ont fini leurs speechs, tous mes « collègues », à commencer par ceux de la téloche, se ruent sur les jurés et les lauréats pour leur arracher quelques mots : j’ai dû être vautour dans une vie antérieure car, quand tout le monde fond sur une même proie, je préfère me faire mon petit coin tranquille et interroger un particulier dont les autres se désintéressent, ce qui me permet tout de même de discuter avec le président de l’office du tourisme, un juré et le réalisateur du teaser de l’événement… Je ne sais pas selon quelques critères les journalistes décident d’interroger une personne et pas une autre quand ils en ont une bonne dizaine à leur disposition, à peu près toutes aussi intéressantes : sans vouloir vexer qui que ce soit, je ne pense pas que la photogénie ait été, dans le cas présent un facteur important !
Les gens de la télé ne s’attardent pas : leur urgence est d’aller filmer la fameuse pierre tant que la marée est basse, qui plus est avec les lauréats à l’avant-plan ! Je les avertis qu’ils risquent de salir leurs fringues : ils me répondent qu’ils n’en ont cure, que leur premier souci est d’avoir des images dignes de passer dans le JT… J’ai pris congé en me félicitant d’être rédacteur.